À l’université, photographie et bande dessinée ne sont pas réservées aux étudiant·e·s en art

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Par Alexia Boyer
lundi 29 mai 2023
À l’université, photographie et bande dessinée ne sont pas réservées aux étudiant·e·s en art
Le ciel par terre, photo qui a permis à Eliot Burns de remporter le premier prix du concours interuniversitaire de photographie.
Le ciel par terre, photo qui a permis à Eliot Burns de remporter le premier prix du concours interuniversitaire de photographie.
Le 10 mai dernier, les lauréat·e·s des concours interuniversitaires de photographie et de bande dessinée ont reçu leurs prix lors d’une cérémonie au Centre d’essai de l’Université de Montréal. Quartier Libre est allé les rencontrer pour en savoir plus sur leur expérience.

« Différences », c’est le thème proposé cette année aux participant·e·s de la 37e édition du concours interuniversitaire de photographie et de la 14e édition du concours interuniversitaire de bande dessinée. Ouverts aux étudiant·e·s de onze établissements d’enseignement supérieur, tous deux permettent à tous·tes de s’exprimer par le biais du troisième art.

Des lauréat·e·s de tous horizons

Si les concours interuniversitaires de photographie et de bande dessinée constituent une belle occasion pour les étudiant·e·s de domaines artistiques de faire valoir leur talent et leurs compétences, plusieurs participant·e·s de filières totalement différentes se distinguent également chaque année. C’est le cas de l’étudiant en génie électrique à l’Université Laval Eliot Burns, qui a remporté le premier prix, ainsi que la mention « originalité », du concours de photographie 2023. « Dans mon domaine, on n’entend pas trop parler de ce qui est en lien avec les arts », témoigne celui qui a commencé le montage vidéo à l’adolescence, avant de développer un intérêt pour la photographie. Il raconte avoir participé au concours par curiosité de voir ce que les universités avaient à proposer pour promouvoir les arts.

L’étudiant au microprogramme en langue et culture japonaises à l’UdeM Léo Setticasi, qui a remporté le troisième prix du concours de bande dessinée cette année, n’a pas effectué de cursus en art, mais « lit beaucoup de bandes dessinées, et en dessine pour faire rire ses amis ». Il cite, parmi ses influences, des auteur·rice·s du monde entier tel·le·s que Marjane Satrapi, Enki Bilal, Michel Rabagliati, Zviane ou encore Robert Crumb. Sa candidature est le fruit d’un heureux hasard. « J’étais à la cafétéria du pavillon 3200 Jean-Brillant quand j’ai vu une annonce pour le concours sur un écran de télévision, et je me suis dit que j’allais participer », explique-t-il. C’est d’ailleurs cette anecdote qu’il a racontée dans la bande dessinée qui lui a permis de se distinguer.

Pour les étudiant·e·s en art, le concours offre l’occasion d’explorer d’autres supports. L’étudiante en design graphique à l’Université Laval et lauréate du deuxième prix de bande dessinée, Juliana Duran Navas, n’avait ainsi jamais fait de bande dessinée auparavant. « C’est pour ça que je l’ai fait à ma manière, sans texte », détaille-t-elle. Son projet est initialement un travail issu de son cours d’illustration, dont la consigne était de réaliser une bande dessinée sur le thème de la différence. Les étudiant·e·s avaient ensuite le choix de soumettre leur production au concours, ce qui explique peut-être que les œuvres de plusieurs autres étudiant·e·s en design graphique de l’Université Laval comptent parmi celles sélectionnées pour l’exposition. Juliana n’est d’ailleurs pas la seule étudiante de son programme à s’être particulièrement distinguée, puisque Rosalie Lacroix a reçu la mention « maîtrise du dessin » pour son adorable Monsieur Mou.

« Participer à un concours m’a donné un cadre, et avoir la contrainte du thème m’a donné un défi que j’ai beaucoup aimé », déclare pour sa part l’étudiant·e* en arts visuels et médiatiques à l’UQAM Oz Ivers, qui souhaitait depuis longtemps se consacrer à la bande dessinée. Plus tôt cette année, Oz a avait également proposé une œuvre de vingt pages pour un concours organisé par la librairie O-Taku Manga Lounge et avait figuré parmi les dix finalistes.

Des ambitions variées

Ravi·e·s d’avoir été primé·e·s, les lauréat·e·s n’envisagent pas forcément de se consacrer davantage à la discipline pour laquelle ils ou elles ont été récompensé·e·s. Juliana, par exemple, aspire toujours à devenir designer graphique. « L’illustration est aussi importante pour moi, et la bande dessinée m’a permis de faire un gros travail dessus », tient-elle toutefois à souligner.

Pour Eliot, la photographie ne constitue pas non plus une ambition professionnelle. « Mais on ne sait jamais où les choses peuvent nous amener, précise-t-il. Ce n’est pas nécessairement quelque chose sur lequel je me concentre, mais ça reste dans un coin de ma tête. »

 L’envie d’Oz de s’adonner à la bande dessinée est plus marquée. « Je ne sais pas si ce sera au sein de mon programme d’arts visuels et médiatiques, qui offre aussi beaucoup d’autres possibilités que j’aimerais explorer, mais c’est sûr que je vais continuer à faire de la bande dessinée, confie l’étudiant·e. J’ai construit ma bande dessinée autour de témoignages de mes amis, et je pense que je vais la poursuivre en en illustrant d’autres. J’aimerais peut-être en faire une petite autopublication. »

Où voir les photographies et bandes dessinées ?

Le site Internet du concours dispose d’une salle d’exposition virtuelle qui regroupe toutes les œuvres sélectionnées pour l’exposition, ainsi que les archives depuis l’édition 2009-2010. Y est notamment proposée la bande dessinée soumise cette année par l’illustratrice de Quartier Libre Alizée Royer !

Note de la rédaction : Nous ne sommes pas parvenus à entrer en contact avec le lauréat des deuxième et troisième prix du concours de photographie, Badr Khechchab, pour recueillir son témoignage.

* L’intervenant·e ne souhaite pas d’identification de genre.