Campus

Le postdoctorant jean-baptiste pingault a établi un lien entre le déficit d’attention et la consommation de drogue. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Un chercheur prometteur

Le stagiaire postdoctorant au Département de médecine sociale et préventive de l’UdeM Jean-Baptiste Pingault est le gagnant du prix Étudiant-chercheur étoile du mois de février. Ce prix, accompagné d’une bourse de 1000 $, est décerné par le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ), et souligne l’excellence et la contribution des étudiants à la recherche québécoise.

L’étudiant français Jean-Baptiste Pingault travaille au CHU Sainte-Justine de Montréal. Loin des sarraus blancs et des malades, il fait ses recherches sous la direction de la professeure à la Faculté de médecine sociale et préventive de l’UdeM Sylvana Côté et du directeur du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP), Richard Tremblay.

Contrairement à ce qu’on peut croire, un chercheur au Département de médecine n’est pas nécessairement un médecin. « Je ne suis pas clinicien, je ne rencontre pas de malades, explique Jean-Baptiste. Mon travail consiste à identifier des questions de recherche à partir de la littérature existante et à y répondre en regardant les données dont dispose mon laboratoire sur des cohortes d’enfants. »

L’étudiant au postdoctorat a un parcours universitaire atypique. Après avoir obtenu son diplôme d’études collégiales en sciences, Jean-Baptiste a passé deux années d’études en lettres à l’université. Il a ensuite fait une maîtrise en histoire contemporaine avant d’étudier les sciences sociales au doctorat. C’est dans le cadre de son doctorat qu’il a travaillé sur l’étude des comportements, et particulièrement sur les rapports entre les mères et leurs enfants.

Cette étude lui a ouvert les portes de la psychologie. « J’ai fait quelques formations courtes en psychologie, affirme le postdoctorant. Mais au final, je ne suis ni spécialiste en psychologie ni spécialiste en psychiatrie. Je suis plutôt  chercheur en sciences sociales. »

Les dernières recherches de Jean-Baptiste portent sur les enfants atteints de trouble de déficit d’attention et d’hyperactivité (TDAH). « D’une part, il y a les enfants qui sont dans la lune et qui n’arrivent pas à se concentrer pour finir leurs tâches à l’école, explique-t-il. De l’autre, il y a des enfants très agités, qui ne tiennent jamais en place. »

Jean-Baptiste a travaillé sur une cohorte de 3000 enfants nés en 1980 et 1981 au Québec. Dans une étude qui concerne 1800 de ces enfants, Jean-Baptiste a montré que plus de 39 % des enfants qui étaient très inattentifs entre 6 et 12 ans ont développé une dépendance au tabac à l’âge de 21 ans contre 22 % de ceux qui manifestaient peu ou pas d’hyperactivité. Les symptômes d’hyperactivité n’étaient pas associés significativement aux diagnostics  de dépendance au tabac à l’âge adulte.

« Une étude exceptionnelle »

L’étudiant au postdoctorat  a consigné les résultats de ses recherches dans un article publié dans la revue Molecular Psychiatry. C’est cet article qui a été primé par le FRSQ. « C’est une étude exceptionnelle, se réjouit le scientifique en chef du Fonds de recherches du Québec (FRQ), Rémi Quirion. Jean-Baptiste Pingault a travaillé avec des données recueillies sur une cohorte de milliers de personnes suivies sur plusieurs années. Ça amène quelque chose d’assez unique. »

L’étudiant français reçoit le prix Étudiant-chercheur étoile comme une reconnaissance de son travail au Québec. « C’est aussi un plus pour mon C. V., explique-t-il. Ce genre de prix améliore notre dossier personnel et nous permet d’avoir accès à d’autres bourses de recherche. »

Le président de l’Association des stagiaires postdoctoraux de l’UdeM (ASPUM), Mamadou Adama Sarr , est heureux pour son confrère. « Cette reconnaissance montre une fois de plus que les postdoctorants constituent une entité essentielle de la communauté scientifique qui participe au développement des connaissances », précise-t-il.

La vie de postdoctorant

Selon M. Sarr, le stage postdoctoral a pour objectif de compléter la formation en recherche des nouveaux docteurs en leur permettant d’étendre leur réseau de contacts et de développer leur niche scientifique. « De nos jours, un stage postdoctoral est un prérequis pour l’obtention d’un poste de professeur d’université dans la majorité des institutions universitaires occidentales », explique le président de l’ASPUM.

Jean-Baptiste Pingault affirme que le travail de recherche n’est pas une carrière qu’on choisit pour des raisons financières. « Je fais ce travail parce que ça m’intéresse, explique-t-il. Pour moi, c’est enrichissant, c’est toujours fascinant de travailler sur différentes questions avec des chercheurs de différentes disciplines telles que la psychologie, la psychiatrie, la sociologie ou la biologie. »

M. Sarr cite un rapport de l’Association canadienne des stagiaires postdoctoraux qui stipule que 43 % des publications scientifiques ont un stagiaire postdoctoral comme premier auteur.

Le scientifique en chef du FRQ croit que l’apport des postdoctorants est sous-estimé. « Souvent, on lance des fleurs au directeur d’une recherche, explique M. Quirion. Mais il y a une grande contribution des étudiants postdoctoraux qui est souvent ignorée. » C’est pour réparer cette injustice que Rémi Quirion a créé le prix Étudiant-chercheur étoile, qui décerne une bourse de 1000 $ chaque mois à un étudiant-chercheur qui s’est illustré dans son domaine.

Partager cet article