Âgé de 19 ans, le violoncelliste et étudiant en interprétation de l’UdeM Stéphane Tétreault a reçu le prix Opus de la découverte de l’année 2012 en janvier dernier. Si le jeune musicien hésite à reconnaître son statut d’étoile de la musique classique, plusieurs spécialistes du domaine ne se gênent pas pour le faire.
Les membres du Conseil québécois de la musique, qui ont décerné à Stéphane le prix de la découverte de l’année, ont tenu à souligner son brio. « L’artiste de grand talent connaît un début de carrière fulgurant à un âge qui le promet à un grand avenir », a affirmé le jury anonyme lors du Gala Opus.
L’animatrice de l’émission radiophonique Le printemps des musiciens à Radio-Canada, Françoise Davoine, estime que le jeune homme possède bien plus que du talent brut. « Il a une personnalité unique et hors du commun », assure-t-elle. Elle ne mâche pas ses mots en parlant de celui qui vient d’enregistrer son premier album avec l’Orchestre symphonique de Québec. « Quand il joue, ce qui frappe, au delà de sa virtuosité déjà impressionnante, c’est surtout sa sonorité ample et généreuse, ainsi que sa grande musicalité », ajoute-t-elle.
Sa force : le travail
Devant un tel engouement, le jeune homme préfère garder la tête froide. « Je ne me considère pas comme une star, j’ai toujours fait mon travail », lance-t-il. D’après lui, c’est cette notion de travail qui le distingue des autres violoncellistes de sa génération. « Pour réussir, il y a une part de 10 % de talent et une part de 90 % de travail ; si tu ne travailles pas, ton talent ne va pas se développer », explique le virtuose.
Stéphane Tétreault poursuit sa formation au violoncelle depuis l’âge de 7 ans. À l’époque, il s’était laissé convaincre de troquer son violon contre un violoncelle. À son école primaire, qui offrait une concentration en arts, son enseignante lui avait promis un cadeau en échange de cette conversion.
Deux ans plus tard, le musicien commence sa formation avec le professeur Yuli Turovsky, qui deviendra sa véritable source d’inspiration. « Sa passion pour le violoncelle était extrêmement contagieuse. Grâce à lui, je savais, dès l’âge de 9 ou 10 ans, que je voulais en faire mon métier», se souvient l’artiste en parlant de son mentor originaire de Russie décédé en janvier dernier de la maladie de Parkinson.
Traitements de faveur
En 2010, poursuivant son rêve de devenir soliste international, Stéphane Tétreault décide de continuer son apprentissage avec Yuli Turovsky, mais cette fois-ci à l’UdeM. Même s’il trouve difficile de concilier éducation et carrière professionnelle, l’interprète a toujours bien réussi dans ses études.
Il avoue cependant que cela n’aurait pas été possible sans la souplesse de ses professeurs à l’université. « Je bénéficie peut-être de traitements de faveur pour les dates de remise des travaux, mais je dois quand même tous les faire », se défend-il.
En janvier 2012, le violoncelliste a droit au plus grand privilège de sa courte existence. Après l’avoir rencontré, la famille Desmarais, associée à l’empire canadien Power Corporation, met à sa disposition un violoncelle d’une valeur de six millions de dollars. Il s’agit d’un Stradivarius fabriqué en 1707, surnommé « La Comtesse de Stainlein ».
Le musicien bénéficie d’un prêt à vie pour l’usage du violoncelle. « Je me considère comme très chanceux de pouvoir jouer avec un tel instrument et, surtout, à un si jeune âge », estime-t-il.
Ambition internationale
Depuis le décès de son mentor, Yuli Turovsky, Stéphane Tétreault sent que sa carrière prend une autre direction. Au mois de mai prochain, il aura complété son baccalauréat en interprétation, mais il songe à poursuivre ses études. « J’ai beaucoup de concerts à l’automne prochain, mais après je compte poursuivre mon apprentissage ailleurs, dit-il. Je ne sais pas où encore, probablement à l’étranger. »
D’après le critique au journal Le Devoir Christophe Huss, cette décision fera progresser le développement de l’interprète. « Stéphane Tétreault est avant tout quelqu’un qui est musicalement en avance sur son âge, il a le potentiel qu’il faut pour être un soliste international, déclare-t-il. Cependant, pour atteindre cet objectif, il faut qu’il aille à l’étranger, ne serait-ce que pour voir autre chose. »
Rien n’est encore décidé pour le moment, mais il semble que cette expérience sur le plan international soit l’élément manquant pour que l’artiste se rende au bout de ses capacités en tant qu’interprète.