Frigos connectés malins sur le campus : une première au Canada

icone Campus
Par Mohammed Aziz Mestiri
mardi 21 mars 2023
Frigos connectés malins sur le campus : une première au Canada
1) Pascal Prouteau planifie d’ajouter les boissons maison de Local Local aux appareils, mais le scanneur doit être adapté aux métaux. Crédit photo : Mohammed Aziz Mestiri
1) Pascal Prouteau planifie d’ajouter les boissons maison de Local Local aux appareils, mais le scanneur doit être adapté aux métaux. Crédit photo : Mohammed Aziz Mestiri
Le campus principal de l’Université de Montréal comprend 40 bâtiments sur une étendue de 65 hectares. La disponibilité de commerces alimentaires n’est toutefois pas égale sur cette superficie; elle est même insuffisante dans certains pavillons. Pour étayer l’offre, l’UdeM a opté pour une solution : des réfrigérateurs intelligents.

Un comptoir du service-traiteur udemien Local Local, mais sous forme de réfrigérateur intelligent : deux appareils sont en place depuis février, le premier au pavillon Marguerite-d’Youville et le deuxième aux résidences universitaires de l’UdeM. Ils sont les premiers du genre au Canada, installés pour pallier le manque de commerces alimentaires.

Pour le directeur des Services de restauration de l’UdeM, Pascal Prouteau, le projet connait un succès. « Il y a toujours quelque chose qui se vend, affirme-t-il. On prévoyait de réapprovisionner les frigos deux à trois fois par semaine, mais désormais, on s’aligne pour les remplir tous les jours. »

Le principe : la personne place sa carte bancaire sur un lecteur. L’appareil, connecté au réseau Internet, l’authentifie avant de déverrouiller sa porte. Un scanneur répertorie les contenants au moment de l’ouverture, ainsi qu’à la fermeture. Le logiciel facture ainsi les éléments retirés.

L’application collige aussi les statistiques de vente de chaque machine. M. Prouteau les analyse afin d’ajuster les stocks des frigorifiques et d’en évaluer l’achalandage en cours de journée.

C’est sur le réseau social LinkedIn que le directeur des Services alimentaires a découvert l’entreprise derrière la technologie, My Cantine, fondée en 2020. Il a choisi de louer les distributeurs pour une année, moyennant 1 500 $ par mois et par réfrigérateur. Il craignait au départ que le système soit inondé d’erreurs informatiques, d’où une période d’essai.

Un service après-vente — toujours présent — est joignable aux fins de remboursement. « La première semaine, on a eu jusqu’à sept bogues, relate-t-il. En faisant les suivis et en apprenant les subtilités du scanneur, c’est devenu rare. » Il mentionne que des tentatives d’escroquerie ont eu lieu, sans succès. Le système se prouve fiable, un achat se profile donc à l’issue du contrat locatif.

Les appareils de l’entreprise My Cantine sont importés de France. Crédit photo : Mohammed Aziz Mestiri

 

Logistique

Peu de commerces alimentaires couvrent l’étendue du secteur de la station de métro Édouard–Montpetit. Certains bâtiments de l’Université sont peu ou pas desservis par des points de vente. « Quand je suis arrivé en poste, j’entendais souvent qu’on avait des déserts alimentaires par endroits », poursuit M.Prouteau.

Le dispositif s’est révélé la solution idéale pour instaurer des points de vente là où une demande existe, mais sans être assez élevée pour justifier l’édification d’un comptoir physique. « On ne peut pas installer des cafétérias partout, mais on peut livrer nos produits n’importe où », explique-t-il.

Deux autres réfrigérateurs seront bientôt installés au pavillon J.-A.-DeSève et à celui de la Faculté de musique. « Mon objectif personnel est qu’on puisse en avoir une douzaine, pour dépanner plusieurs endroits, pour des sortes de petits commandos de la restauration », ajoute M. Prouteau.

Il étudie la pertinence de placer des appareils dans les cafétérias avec des comptoirs préexistants. Les réfrigérateurs sont opérationnels 24 heures sur 24 et peuvent donc maintenir la vente quand les caisses sont fermées.

La technologie lui permet aussi d’anticiper les impacts de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur. « La pandémie a amplifié un problème qui a commencé depuis 2019, précise le directeur des Services alimentaires. Le domaine attire peu la relève, et ça sera difficile de remplacer nos professionnelles qui partent bientôt à la retraite. »