Véritable pièce autobiographique, Furieux et désespérés de l’auteur Olivier Kemeid relate le voyage d’un québécois d’origine égyptienne visitant son pays pour le première fois. Il y arrive au printemps 2010 et prendra part à la révolution en cours, un peu contre son gré.
L’auteur en résidence au Théâtre d’Aujourd’hui raconte dans son texte ce qui aurait pu être son histoire. Mathieu, interprété par Maxime Gaudette, est saisi d’un fort sentiment de culpabilité face à son pays d’origine. Malgré qu’il n’ait jamais vécu en Égypte, il se sent redevable à ce pays puisque ses grand-parents ont fui la révolution de 1952.
C’est ce sentiment de culpabilité qui l’amènera à voler au secours d’Eryan, l’ami de coeur de sa cousine Nora, fait prisonnier à la suite d’une manifestation. C’est alors qu’il se retrouve mêlé aux événements de la place Tahrir et au printemps égyptien.
Ce scénario biographique rappelle beaucoup la pièce du même auteur, Moi, dans les ruines rouges du siècle, présentée l’an dernier au Théâtre d’Aujourd’hui.
Le texte est très bien écrit. Il vogue entre la tragédie classique et la comédie avec des pointes poétiques par moment. Mais le tout s’enchaîne de façon fluide. Les comédiens, de grosses pointures telles que Pascale Montpetit et Marie-Thérèse Fortin, contribuent à rendre le texte très vivant. L’accent égyptien francophone est d’ailleurs bien réussi.
Le décor très épuré est constitué de plus de 300 boîtes de carton. Il évoque le sable de l’Égypte tout en laissant toute la place au jeu des comédiens.
Malgré tout, Furieux et désespérés comporte quelques longueurs. Les rencontres saugrenues entre les protagonistes et Cléopâtre ou l’égyptologue Jean-François Champollion n’apportent rien à l’histoire. Il ne s’agit que de références superflues à l’histoire égyptienne.
Furieux et désespérés est une pièce bien ficelée et remplie d’action, mais qui aurait pu être écourtée légèrement pour le bénéfice du spectateur.