Volume 20

Entrepreunariat : des étudiants tentent l’aventure

L’entrepreneuriat étudiant se porte-t-il bien au Québec ? Malgré la crise économique de 2008, les jeunes semblent plus que jamais posséder la fibre entrepreneuriale.

Étudiant à HEC, Patrick Groulx a fait le saut dans le monde des affaires l’été dernier avec deux de ses bons amis. Ayant tous les trois fréquenté le Collège Saint-Louis, ils y ont développé un amour de la technique de scène lors d’activités bénévoles. «S’associer est venu tout naturellement, affirme-t-il. On s’ennuyait de s’occuper du son et de l’éclairage, alors on a eu l’idée de mettre sur pied notre entreprise. » Leur société, Teck 3, offre des services et des équipements pour divers événements.

Une crise qui a fait mal

Le contexte économique a pourtant été peu propice à l’entrepreneuriat ces dernières années. La crise économique a eu un grave impact sur les jeunes entreprises. « Cette période a été très difficile», se rappelle la directrice générale du Centre d’entrepreneurship HEC-POLY-UdeM, Paule Tardif. En 16 ans d’existence, le Centre a aidé à la création de 178 sociétés, dont 106 existent encore aujourd’hui.« Certaines entreprises qui existaient depuis déjà quatre à sept ans ont bien failli fermer en 2008», ajoute-t-elle.

Depuis 2008, le nombre de jeunes se lançant en affaires reste, malgré tout, plutôt stable selon Mme Tardif. Un constat que partage le directeur général de Qualité Étudiants et Vitres.net, Guillaume Cloutier. Ces deux sociétés proposent respectivement des services de peinture résidentielle et de nettoyage de vitres. Elles regroupent 110 étudiants entrepreneurs exploitant ces services sous contrat de franchise.

«Qualité Étudiants a été peu touchée, explique-t-il, car il s’agit d’une franchise. Le plan d’affaires est déjà monté et les étudiants sont bien encadrés.» Ces entrepreneurs en herbe ne répondent pas à un profil type. Par exemple, des franchisés de Qualité Étudiants et Vitres.net étudient en microbiologie ou en enseignement. Seul point commun entre les étudiants entrepreneurs : la motivation. «Pour réussir, il ne faut pas compter ses heures et ne pas avoir pour objectif de devenir riche, croit M. Groulx. Car, il faut environ trois ans avant d’avoir un niveau de vie raisonnable grâce aux revenus de son entreprise.»

Devenir un entrepreneur sans pour autant démarrer à zéro est également possible. « De nombreuses PME se retrouvent sans relève avec le vieillissement de la population, explique Mme Tardif. Un jeu de séduction commence alors auprès des entrepreneurs étudiants ayant du potentiel pour qu’ils deviennent associés ou bien pour qu’ils acquièrent une PME.» En 2010, une étude du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation rapportait en effet que 70 % des PME ne survivent pas à la retraite de l’entrepreneur fondateur.

Génération entrepreneuriale

Selon Mme Tardif, la valorisation de l’entrepreneuriat a porté ses fruits auprès des jeunes. « Lancer une entreprise est de moins en moins marginal de nos jours, dit-elle. On parle plus de démarrage d’entreprise, d’économie sociale, d’entrepreneurship.» Plus mobiles que les générations précédentes, les jeunes veulent apporter leur vision et ne se voient pas rester au sein d’une même société pendant 15 ou 20 ans. «Ils possèdent une soif de vaincre », affirme M. Cloutier.

La jeunesse est également un atout selon le président du Club d’entrepreneurs étudiants du Collège Maisonneuve, Ludovic Painchaud- Tremblay. En 2011, il a décidé de lancer Groupe Envergure, sa compagnie de gestion d’évènements alors qu’il n’avait que 18 ans. « Je préférais commettre des erreurs d’entrepreneur débutant à 18 ans plutôt qu’à 35 ans, car cela a moins de conséquences », avance-t-il.

Une personne avec une famille et un emploi stable a moins tendance à tout mettre de côté pour se lancer en affaires. Mais, même s’ils n’ont pas d’enfants à élever, les jeunes entrepreneurs font face à des défis. Le plus grand d’entre eux est la conciliation études-vie professionnelle. Pour la réussir, certains allègent leurs sessions comme  M. Painchaud-Tremblay. « Pour moi, l’implication concrète vaut plus qu’un diplôme », constate celui qui souligne tout de même la difficulté parfois des relations avec les associés et l’éreintante recherche de contrats.  

L’entrepreneuriat étudiant est donc avant tout un apprentissage pour les gens d’affaires de demain. « J’ai appris qu’il est important de faire parler de soi et de son entreprise pour réussir. Un de mes contrats vient d’une connaissance que je n’avai s pas vue depuis des lustres ! » s’exclame M. Groulx. L’humilité est aussi une qualité que M. Painchaud-Tremblay pense avoir acquise en commettant des erreurs. Mais, ces errements en valaient la peine selon lui. «L’entrepreneuriat est, pour moi, plus qu’une passion. C’est un mode de vie.»

 

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À LA RECHERCHE D’UN CONCEPT ?

Trouver une idée d’affaires est parfois un frein à la création d’entreprise pour les étudiants. Le Centre d’entrepreneurship HEC-POLYUdeM a donc proposé un atelier sur ce thème le 22 janvier dernier.

Connaître ses valeurs et ses passions personnelles est essentiel pour développer l’imagination entrepreneuriale. «L’idée d’entreprise ne doit pas être très éloignée de qui nous sommes», affirme la directrice générale du Centre, Paule Tardif. Le réseautage est aussi une bonne façon de faire naître l’inspiration.

L’idée va également surgir de la nécessité de combler un besoin existant. C’est en attendant avec sa fille dans une clinique pour qu’elle voie un médecin que l’étudiant de l’École polytechnique, Pierre Lafrance, a imaginé un système d’attente virtuelle permettant de suivre en temps direct l’état d’attente à partir de son téléphone cellulaire. Lauréat de l’édition 2009 du concours annuel du Centre d’entrepreneurship, il a fondé son entreprise, Technowait, pour commercialiser son invention.

 

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