Les vidéos « Mon père est riche en tabarnak » et « Sauf une fois au chalet » sont virales. Vues par des milliers de personnes, elles font maintenant partie de la culture populaire. Dans le but de les immortaliser, l’artiste Mathieu St-Onge a consacré des centaines d’heures à les peindre sur toile. Ce travail découle d’une fascination qu’il cultive pour internet et les réseaux sociaux.
Ce projet de toiles virales a commencé en début 2012 pour Mathieu St-Onge. « La première toile que j’ai peinte, c’était “Un mot pour Kevin”, raconte le diplômé en communication politique de l’UdeM. Cette vidéo était sur YouTube depuis la fin 2008, mais elle est seulement devenue virale à la fin 2011. » Durant la grève étudiante, il a remarqué que le contenu de cette vidéo s’intégrait à la culture populaire: « On entendait: “Enweye, Charest, ostie, continue comme ça” dans les manifestations. Je tenais à peindre le visage et à immortaliser cette phrase », confie l’artiste.
Pendant le printemps 2012, le peintre a continué son travail en réalisant « Sauf une fois au chalet ». Puis, s’inspirant du conflit étudiant, il a peint une toile dans le but de rappeler les commentaires peu discrets de la policière 728.À l’automne, il en a réalisé plus d’une vingtaine dont « Mon père est riche en tabarnak », « Tequila ; Heineken » et « Yolande Ouellette ».
Fascination pour internet
Mathieu St-Onge se consacre à la peinture depuis longtemps. « J’ai fait un DEC en sciences humaines et arts plastique, affirmet- il. J’ai toujours fait de la peinture dans mes temps libres. Je me suis aussi consacré à des demandes spéciales. » Mais, au-delà de son intérêt soutenu pour les arts visuels, le projet des tableaux viraux jumelle la peinture à sa fascination pour internet et les réseaux sociaux.
« Ces vidéos font partie de nos vies, même si on trouve que c’est futile, conclut l’artiste. Entendre Yolande Ouellette dire “deux bums”, ça met du monde de bonne humeur. » Il trouve que cette tâche est importante, et c’est pourquoi il a décidé de s’y consacrer. « J’ai dévoué des heures à réaliser certains portraits, et pourtant internet et les vidéos virales sont des choses qu’on consomme si rapidement, explique-t-il. J’ai apprécié l’expérience de transformer ces vidéos et de les exprimer par un vieux médium comme la peinture. »
L’artiste est également fasciné par les réseaux sociaux. « J’aime bien observer comment tout le monde se comporte sur Facebook ou bien comment on perçoit l’amitié sur Facebook », ajoute-t-il. St-Onge s’est aussi consacré à un type de performance artistique moins répandu qu’il nomme l’ultimate status commenting. « J’ai presque 5000 amis sur Facebook, et pour toute une journée, je me suis obligé de commenter les statuts de tout le monde », explique-t-il. Il apprécie observer les réactions des personnes à la suite de ses commentaires.
Pour Mathieu St-Onge, l’art ne semble pas être une fin en soi, mais une façon d’observer comment les êtres humains réagissent à l’art et se comportent entre eux. Les vidéos virales qu’il a choisi de peindre ont touché l’imaginaire collectif et ont eu des conséquences réelles. Par exemple, les jeunes hommes dans « Mon père est riche en tabarnak » et dans « Tequila ; Heineken » ont connu une certaine notoriété publique à la suite de leur apparition sur YouTube, et ceci semble fasciner le peintre.
Pour ses oeuvres, le peintre entrevoit un style d’exposition plutôt alternatif. « Je trouve qu’il serait intéressant de faire une exposition où il y aurait à la fois des scripts et des vidéos pour accompagner les toiles », affirme l’artiste. Pour le moment, il expose sa vingtaine de tableaux viraux dans un montage vidéo d’un peu plus de quatre minutes publié sur YouTube. Ce montage est accompagné des titres des toiles et d’une bande sonore qui répète les phrases incontournables des vidéos virales en question.
Cinq vidéos virales
« Sauf une fois au chalet »
C’est une portion de reportage qui montre un homme de 93 ans accusé d’inceste. Il nie les accusations, mais finit par dire qu’il n’a jamais touché à ses filles « excepté une fois au chalet. »
« Mon père est riche en tabarnak »
Un jeune homme en état d’ébriété est à la sortie d’un bar. Sur un ton un peu agressif, il répète à maintes reprises «mon père est riche en tabarnak.»
« Un mot pour Kevin »
Cette vidéo a été tournée lors de l’anniversaire d’un dénommé Kevin. Celui qui tourne la vidéo demande aux amis de dire un petit mot pour Kevin. L’un des amis en question a choisi de se rapprocher tout près de la caméra pour dire « Enweye, Kevin, ostie, continue comme ça. »
« Tequila; Heineken »
Un jeune homme ivre donne une entrevue lors d’une soirée au club Copacabana. Lorsqu’on lui demande comment il va, il prononce sa phrase mémorable : « Tequila ; Heineken, pas l’temps d’niaiser. »
« Yolande Ouellette »
Ce reportage de RDI traite du cas de Yolande Ouellette, une dame accusée de délit de fuite. Toutefois, elle affirme être la victime. Son attitude frustrée l’amène à traiter les autres conducteurs de « deux petits bums. »