Le 10 octobre dernier, lors d’un congrès extraordinaire de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), le bureau exécutif a reçu comme mandat de réclamer la démission du recteur, Guy Breton. Par la suite, dans le cadre d’un Conseil central cette fois, s’est ajoutée l’organisation d’une manifestation sur le campus, afin de jumeler parole et action. La réception d’un tel mandat fut l’occasion de révéler une léthargie calculée, que ce soit dans l’organisation de la manifestation ou dans l’instrumentalisation des diverses instances de la Fédération, afin de repousser le débat entourant l’organisation de celle-ci.
Un vide occupé : seules quelques pancartes témoignaient de la valeur qu’accordait le bureau exécutif à la manifestation du 27 novembre et, plus largement, au mandat voté par l’ensemble des étudiant-e-s qu’elle est censée représenter. Comme un enfant qui boude, la Fédération s’est placée à l’écart de ceux et celles envers qui elle est redevable. Comme le stipulait précisément l’un des amendements votés par le congrès, la FAÉCUM avait pour tâche d’informer la population étudiante par divers moyens, notamment par l’envoi d’un courriel. Cela ne fut jamais le cas. Peut-être sommes-nous prête-s à croire l’explication du bureau exécutif voulant qu’un problème technique, qui dura plus de 6 semaines, empêcha la transmission du message. Cependant, comment expliquer que le mandat concernant la démission de Guy Breton n’ait toujours pas été transmis à l’heure où le système est à nouveau opérationnel ? Par ailleurs, il existe bien d’autres moyens pour informer les étudiant-e-s.
Pourtant, la page Facebook de la FAÉCUM a été tapissée pendant plusieurs jours d’annonces pour le fameux party 2e étage, mais n’a jamais rempli le mandat reçu en congrès. Les affiches publicisant l’évènement furent, quant à elles, exposées à peine quelques jours avant la manifestation et les tracts permettant la mobilisation sombraient dans un flou d’où leur existence était méconnue chez plusieurs militants et militantes. Sans discours, malgré la présence surréaliste d’un micro vacant, le silence du bureau exécutif était discursif lui-même. Un refus catégorique de remplir leurs fonctions et de mettre de côté leur opportunisme personnel, car la Fédération l’a répété ad nauseam au congrès: cela nuirait à leurs relations avec le rectorat.
Ainsi, au lieu d’une manifestation, la FAÉCUM avait organisé un simple et timide rassemblement devant Roger-Gaudry, nul trajet n’avait été réfléchi par les membres du bureau exécutif. Ce sont les étudiant-e-s qui, de leur propre initiative, ont doté la manifestation d’un trajet afin de donner de la visibilité à cette contestation, ce qui était sans doute contraire à la volonté de la FAÉCUM qui, elle, aurait préféré que tout cela reste dans l’ombre.
Il faudrait aussi se demander si la jonglerie entre les diverses instances décisionnelles (passant du congrès au Conseil des affaires sociopolitiques, pour finalement se rendre en Conseil central) n’était pas une tactique pour esquiver le sujet.
Une dénonciation du jugement de valeur que l’exécutif fait de ses mandats est de mise. Certains, comme le mandat sur la démission du recteur, sont jugés «peu crédibles» et sont également défendus de manière peu crédible. Alors que la réponse des militant-e-s a été extraordinaire compte tenu des délais, le bureau exécutif n’a pas répondu à l’appel et s’est même effacé en partie pendant la manifestation. Sachant que plusieurs officier-ère-s sont opposé-e-s à ce mandat, il est plutôt inquiétant de voir que la réalisation de celui-ci s’est faite avec autant de désabusement. Il semble légitime de nous demander si l’intention n’était pas de ridiculiser la base militante afin de ne plus avoir à défendre un mandat qui embête particulièrement l’exécutif de la FAÉCUM. À plusieurs occasions, le bureau exécutif avait prétendu que cette manifestation n’allait sans doute pas rallier la base étudiante, et de fait, voilà que leur prophétie se confirme. Pouvons-nous, à notre tour, prétendre que, lors d’un prochain Conseil central, le bureau exécutif puisse se réclamer de ses dons de prémonition, et ce afin de mieux proclamer son pouvoir sur le corps étudiant, et faire ainsi front à toutes les associations ayant appuyé ce mandat ?
C’est d’ailleurs ici que le bât blesse. Les associations qui ont choisi de fonctionner en démocratie directe et de respecter à la lettre les mandats qui leur sont confiés refusent de se positionner sur des sujets sur lesquels les membres ne se sont pas exprimés. Elles s’obligent également à voter et agir selon la volonté exprimée par leurs membres en assemblée générale. A contrario, la Fédération, dont ces associations sont membres, fonctionne sous le mode de la démocratie représentative. Ses officier-ère-s ne voient pas l’obligation d’avoir un mandat en main pour se positionner dans les instances où ils siègent. Manifeste ment, le bureau exécutif ne se sent pas non plus dans l’obligation de respecter et de s’assurer de mener à terme les mandats qui lui sont donnés.
Selon nous, la crédibilité d’une fédération réside dans le respect de ses mandats. Que le mandat issu d’un vote démocratique plaise ou non aux individus du bureau exécutif, leur rôle est d’abandonner les intérêts personnels pour incarner la position des étudiants et étudiantes qu’elle représente. Le crime de la FAÉCUM n’est donc pas le laxisme dont elle aime tant faire preuve, mais bien de nier aux étudiant-e-s le droit d’affirmer leur volonté.
Signataires: Marc Boulanger, Aleksandra Pelletier, Hubert Sabino, Alex Ferraz, Lola Maselbas, Annabelle
Aubin-Thuot, Margaux Latour, Jérôme Michaud, Tommy Demers, Simon Dabin, Sylvie-Anne Boutin, Myriam Tardif,
Gabrielle Ladouceur-Despins, Lysandre Bourgouin, Hubert Pineault, Philippe T. Desmarais, Dominique Boisvert,
Jonathan Gaudreau, Eugénie Loslier-Pellerin, Julien Laflamme, Frédérik Fortin, Laurence Campeau.