Culture

selon les deux partenaires de l’étiquette de disques L’industri (Étienne Miousse et olivier Fiset), c’est le rôle des petites étiquettes de mettre les artistes au premier plan. (Crédit photo : Dominique Cambron-Goulet)

Un avenir pour les maisons de disques

Démarrer une maison de disques à l’ère d’internet peut paraître anachronique. Pourtant le marché semble assez ouvert pour permettre aux petites entreprises de se tailler une place. « Il suffit d’être créatifs », affirme Olivier Fiset, l’un des fondateurs de L’Industri, une nouvelle étiquette fondée au début de 2012.

Olivier Fiset complète en ce moment son baccalauréat en musique à l’UdeM et il a déjà décidé de lancer sa propre entreprise avec son collègue Étienne Miousse. «Je prépare le terrain pour ne pas me retrouver devant un vide à la fin de mes études. Ce n’est pas le genre de domaine où tu reçois des offres d’emploi en sortant de l’université, explique-t-il. C’est sûr que j’ai parfois de la difficulté à trouver du temps, même avec le minimum de cours pour être à temps plein. L’important c’est que le processus soit enclenché.»

La mission de L’Industri se résume en un mot : entraide. «Pour nous, c’est d’abord une philosophie, souligne Étienne Miousse. On trouve qu’il y a une compétition inutile un sein du milieu musical et culturel. On veut rallier le plus d’artistes possible, de toutes les disciplines, pour pouvoir compétitionner avec les gros joueurs.»

Ils proposent d’ailleurs l’improvisation multidisciplinaire Il n’était qu’une fois, présenté lors du spectacle-bénéfice de l’étiquette le 22 novembre dernier au St-Ciboire. L’évènement propose de l’improvisation théâtrale et musicale. «Le public joue un rôle très important, car il vote pour dicter les actions des personnages. C’est un peu une comédie musicale improvisée dont vous êtes le héros», renchérit Olivier.

Selon les deux partenaires de L’Industri, les grandes maisons de disques sont peu soucieuses du talent artistique, et c’est le rôle des petites étiquettes de mettre les artistes au premier plan. « La musique se prostitue. Plusieurs musiciens sont des mannequins et la musique n’est qu’un prétexte», observe Étienne. «Il faut redonner au grand public une notion un peu plus véridique de ce qu’est le travail d’artiste, pour que les gens puissent considérer l’art avec son mode de création», selon Olivier.

Un marché difficile?

Se lancer dans le domaine du disque quand les ventes en magasin sont à leur plus bas semble voué à l’échec. «Mais il y aura toujours de la place pour la bonne musique», rappelle Louis-Armand Bombardier, président de la maison de disques Let Artists Be (Keith Kouna, André Dédé Vander) et également étudiant au certificat en relations publiques à l’UdeM. «Quand j’ai démarré mon entreprise il y a dix ans, je savais qu’il y aurait des défis. Mais dans les petites maisons, on a la chance d’être guidé par la passion, ce qui fait qu’on exploite nos ressources au maximum et que l’on devient plus créatifs que les majors», ajoute-il.

Les maisons de disques jouent aujourd’hui surtout un rôle de diffuseur à cause de la démocratisation des moyens d’enregistrement. « Il ne faut pas penser qu’on peut toujours contrôler toutes les étapes de la chaîne comme les grosses compagnies, alors il faut parfois se contenter du rôle d’entremetteur », explique Olivier Fiset.

Un avis entièrement partagé par Louis-Armand Bombardier. «On est, plus que jamais, un cadre pour aider les artistes à se diffuser et à se promouvoir. » L’important est d’offrir un produit de qualité en spectacle, selon M. Bombardier. «Le live il n’y a rien qui peut remplacer ça», assure-t-il.

Un aspect qu’Olivier et Étienne ont déjà très bien saisi, étant eux-mêmes musiciens. «On est conscients que des albums ça ne vend pas beaucoup, alors ce qu’il faut, c’est aussi offrir des évènements originaux.»

L’étiquette a récemment lancé l’album du guitariste classique québécois Érick Moffet, en plus d’avoir fait un showcase sur la vente trottoir sur l’avenue du Parc avec le groupe rap expérimental New Apple Taste.

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