La grève aurait-elle des conséquences imprévues? La question se pose à la lecture du Bilan-Faim annuel publié le 30 octobre dernier par Banques alimentaires Canada. Il rapporte qu’au Québec, le pourcentage d’étudiants postsecondaires aidés par les banques alimentaires est en hausse. ce chiffre est le plus élevé au Canada.
Entre 2011 et 2012, la proportion étudiante des bénéficiaires de l’aide alimentaire au Québec est passée de 4,4 % à 5,3 %. Les chiffres indiquent que ce sont davantage les jeunes en région que ceux qui vivent dans la métropole qui requièrent de l’aide.
Selon le directeur général du Réseau des banques alimentaires du Québec, Zakary Rhissa, le pourcentage de personnes aidées par les banques alimentaires ayant comme principal revenu les prêts étudiants a diminué de près de 5 % dans la dernière année à Montréal.
En comparaison, à Val-d’Or, la même clientèle étudiante, qui composait 0,3 % des personnes aidées en 2011, représente maintenant 4,6 % de l’achalandage, en forte hausse. À Rimouski, la portion des étudiants est passée de 14,9 % à 15,2 % .
Les étudiants, tout comme les personnes âgées et celles recourant à l’aide sociale, font partie de la classe la plus à risque de retrouver son garde-manger vide. «Le dénominateur commun entre les gens que nous aidons, c’est leur faible revenu, explique M. Rhissa. Ces 10 dernières années, le coût des produits de base tels le pain et le lait a augmenté de 30 %, tout particulièrement depuis 2010. » La hausse des loyers aurait également généré une hausse de la demande.
Explications variées
M. Rhissa attribue cette hausse de la demande d’aide de la part des universitaires en région à la suspension des cours des grèves du printemps dernier. Il croit que cela aurait incité les jeunes adultes à Montréal à retourner dans leur région, moins affectée par les grèves, pour leurs études.
La directrice par intérim de Moisson Rimouski-Neigette, Suzanne Lepage, rejette cette hypothèse. « Il s’agit d’une relation assez dure à prouver, dit-elle. C’est sûr qu’un certain nombre d’étudiants sont revenus en région après la levée des cours à Montréal au printemps dernier, mais je ne crois pas que ce soit considérable. » Mme Lepage pense plutôt que cette augmentation de la demande étudiante dans son centre est le résultat de la hausse du nombre de jeunes Gaspésiens déménageant à Rimouski afin d’étudier à l’Université du Québec à Rimouski.
La directrice générale du Centre de bénévolat de Vallée-de-l’Or, Lina Dupras, balaye aussi du revers de la main cette hypothèse. Selon elle, les étudiants fréquentent davantage son centre en raison d’une «meilleure connaissance des services offerts.»
En Estrie, par contre, la grève étudiante est une explication à la hausse des demandes d’aide de la part des étudiants. « Plusieurs jeunes que nous avons aidés ponctuellement par le passé sont venus plus fréquemment cet été, car leurs versements de prêts et bourses se sont fait attendre, affirme la directrice du service d’entraide Moisson-Estrie, Jade Brassard. Les versements de prêt concordant avec le début de la session, ceux qui reprenaient leur session en automne et non en août ont dû boucler leur fin de mois autrement. » En 2012, près de 8000 étudiants par mois ont bénéficié d’une aide alimentaire dans les 1064 organismes dépendants des 18 moissons centrales du Réseau des banques alimentaires du Québec.