Volume 20

Patrick lagacé a commencé sa carrière de journaliste au sein du journal étudiant de l’université d’Ottawa. (Crédit photo : Pascal Dumont)

Patrick Lagacé : «Dans ma personnalité, je suis journaliste »

C’est devant un petit auditoire mais assoiffé de savoir que le journaliste Patrick Lagacé a livré le 1er novembre à l’udeM une conférence sur les techniques d’entrevue. Quartier Libre a profité de l’occasion pour soumettre à nos questions le bouillonnant chroniqueur de La Presse, également connu pour ses entrevues à l’émission Les Francs-Tireurs sur les ondes de Télé-Québec.  

Quartier Libre : À quel moment avez-vous décidé de devenir journaliste ?

Patrick Lagacé : À 16 ans. Je lisais déjà beaucoup les journaux et j’avais des résultats médiocres en sciences alors je me suis dit que je devrais me diriger vers le journalisme. En cinquième secondaire, j’ai suivi un cours de journalisme avec un professeur formidable : Roger Leymonerie, un Français avec une très grande culture générale. Il m’a donné une ouverture sur le monde et un sens de l’indignation.

Q.L. : Racontez-nous vos débuts en journalisme à La Rotonde, le journal étudiant de l’Université d’Ottawa .

P. L. : Dès mon entrée à l’université, j’ai su que je voulais écrire pour La Rotonde. Les gens du journal prenaient n’importe qui. Je me suis beaucoup impliqué et, dès la deuxième année, j’ai été élu rédacteur en chef. C’est là que j’ai appris le métier de journaliste. Pour apprendre, il faut que tu en fasses, c’est inévitable. C’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai eu beaucoup de plaisir.

Q. L. : Quels sont les points sur lesquels vous vous êtes le plus amélioré depuis cette époque ?

P. L. : Ah, mon Dieu, tout ! Que ce soit le choix de l’angle ou le rythme de l’article, j’avais 2/10 à ce moment-là. Avant, il n’y avait pas de voix intérieure qui me dictait comment écrire. Maintenant, elle est là et je l’écoute.

Q. L. : Qu’avez-vous appris lors de votre passage à La Rotonde qui vous a servi par la suite ?

P. L. : Tu n’écris pas de chronique si tu n’es pas capable de la répéter à la personne sur laquelle tu écris. J’étais baveux, trop injuste, dur. Dans un journal étudiant, tu es très impétueux. À La Presse, par exemple, tu as des patrons pour te dire : «Hey, Patrick, dors là-dessus!» Alors que j’étais surveillant dans une résidence de l’Université d’Ottawa, une de mes amies, également surveillante, a été renvoyée. Et, j’ai pris sa défense dans un article. Ce n’était pas d’intérêt public. Ça n’avait pas de bon sens !

Q. L. : Si vous aviez été rédacteur en chef d’un journal étudiant pendant le « printemps érable », qu’auriez-vous fait comme travail journalistique ?

P. L. : Aucune idée de ce que j’aurais fait. J’aurais été contre la hausse. À La Rotonde, on l’aurait sûrement couvert maladroitement, de manière partisane. Je me souviens que, quand il y avait des hausses à Ottawa à l’époque, les journaux étudiants se mobilisaient contre. 

Q. L. : Vous avez dit lors de la conférence qu’il y « a un peu du gars dans le journaliste et viceversa » Que vouliez-vous dire ?

P. L. : J’amène ma couleur et mon humeur dans mes chroniques. Je ne suis pas autre chose que ce que je suis. Dans ma personnalité, je suis journaliste. Mon travail est influencé par mon origine sociale. Je viens d’une famille modeste où le rapport à l’argent n’était pas toujours clair. Cela a influencé ma carrière.

Q. L. : Est-ce que vos techniques d’interviewer vous servent dans la vie de tous les jours ?

P. L. : (Rires) Ce sont des vases communicants. Être interviewer vous aide à vous intéresser aux autres. La curiosité vous aide à être à l’écoute des autres. Cela vous donne accès à de l’information privilégiée.

 

 

Partager cet article