La hausse des loyers en baisse pour 2021

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Par Edouard Ampuy
vendredi 22 janvier 2021
La hausse des loyers en baisse pour 2021
Un sondage* réalisé en décembre dernier par la CORPIQ démontre que le taux de logements vacants à Montréal a atteint 6 % en décembre, alors qu’il n’était que de 1 % en mai 2020. Crédit : flickr.com I Andrea Williams
Un sondage* réalisé en décembre dernier par la CORPIQ démontre que le taux de logements vacants à Montréal a atteint 6 % en décembre, alors qu’il n’était que de 1 % en mai 2020. Crédit : flickr.com I Andrea Williams

Le Tribunal administratif du logement (TAL) a publié mercredi sur son site Internet les pourcentages applicables pour le calcul de l’augmentation des loyers en 2021. La quasi-totalité des critères qui permettent de justifier une augmentation des loyers sont en baisse.

Le TAL donne pour exemple le locataire d’une habitation non chauffée et dont l’immeuble n’a connu aucune rénovation majeure l’an dernier. Dans ce scénario, le locataire verra son loyer passer de 800 $ à 806 $ en 2021, soit une augmentation de 0,8 %. En 2020, le loyer du locataire serait passé de 800 $ à 810 $, soit une augmentation de 1,2 %.

Pour un logement chauffé à l’électricité, l’estimation moyenne d’augmentation est de 0,5 % en 2021, soit un loyer passant de 800 $ à 804 $, alors que les habitations chauffées au gaz ou au mazout bénéficieront d’une baisse oscillant entre -0,3 % et -3 %.

« Cet exemple ne prend pas en compte les spécificités de chaque immeuble et de chaque logement, prévient le TAL. Les revenus et les dépenses d’exploitation pour un immeuble peuvent justifier une variation de loyer distincte de cet exemple de calcul, notamment si l’immeuble a fait l’objet de travaux majeurs. »

Le TAL donne également les estimations après l’ajout d’une hausse de taxes municipales ou après le calcul de travaux majeurs.

Les propriétaires mécontents

« Selon les statistiques utilisées par le Tribunal administratif du logement dans sa méthode de fixation de loyer, la croissance annuelle moyenne des loyers au Québec a été de 1,9 % en 2019, mais elle est redescendue à aussi peu que de 1,2 % en 2020, soit le niveau annuel moyen des 15 dernières années. », indique la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) dans un communiqué.

Dans celui-ci, la CORPIQ affiche son mécontentement face à ce nouvel indice de calcul des loyers. « Les propriétaires n’auront droit cette année qu’à 1,92 $ d’augmentation de loyer pour chaque tranche de 1 000 $ de travaux réalisés en 2020, s’indigne-t-elle. Il faut donc théoriquement 43 ans pour récupérer cette dépense, soit bien plus que la durée de vie utile de ce qui est rénové. »

La CORPIQ ne rejette toutefois pas la faute sur le TAL. La Corporation pointe du doigt une méthode de fixation des loyers trop restrictive et jamais revue par les gouvernements successifs. « Reste à voir ce que le gouvernement de la CAQ compte faire », déclare le directeur des affaires publiques de la CORPIQ, Hans Brouillette. La désuétude du parc locatif ne fait qu’empirer. Il faut agir plus rapidement. »

Des locaux vacants en augmentation

Un sondage* réalisé en décembre dernier par la CORPIQ démontre que le taux de logements vacants à Montréal a atteint 6 % en décembre, alors qu’il n’était que de 1 % en mai 2020.

D’après M. Brouillette, la pandémie et la crise économique qui en découle affectent la location de logements à Montréal. « Les gens qui travaillent dans le commerce de détail, dans la restauration, le tourisme et le secteur culturel vivent davantage d’incertitude pour leur emploi », explique-t-il.

Les demandes en provenance de la clientèle étudiante, immigrante et touristique sont également en forte baisse, selon lui. Des milliers de logements habituellement proposés sur la plateforme Airbnb le sont désormais sur le marché de la location à long terme« Un taux aussi élevé annonce une période de relocation plus difficile pour les propriétaires, mais offrant plus de choix pour les locataires montréalais. », annonce la CORPIQ.

Selon la Corporation, la situation à Montréal n’est pas représentative d’autres régions du Québec, où le taux d’inoccupation augmente également, mais plus lentement [voir encadré]. « Il se situe à 1,4 % en Montérégie et à Laval, et à 1,2 % dans Lanaudière », détaille-t-elle.

* Source : CORPIQ. Sondage réalisé du 14 au 22 décembre 2020, auquel ont répondu 2?372 propriétaires ou gestionnaires totalisant près de 70 000 logements au Québec. Marge d’erreur de 2 %, 19 fois sur 20.

 

ENCADRÉ : Taux d’inoccupation en décembre 2020

Montréal

6,0 %

Chaudière-App.

3,3 %

Abitibi-Témis.

3,1 %

Saguenay-Lac-St-J.

2,0 %

Québec

1,6 %

Montérégie

1,4 %

Laval

1,4 %

Lanaudière

1,2 %

Outaouais

0,9 %

Laurentides

0,9 %

Bas-Saint-Laurent

0,9 %

Centre-du-Québec

0,8 %

Estrie

0,8 %

Mauricie

0,5 %