Campus

Guy Breton à la sortie de son allocution dans le Hall d'honneur. (Crédit photo : Pascal Dumont)

« Je veux vous entendre »

Le recteur de l’UdeM, Guy Breton, n’a pas mentionné une seule fois la demande de sa démission par les étudiants lors de sa déclaration annuelle tenue le 15 octobre dernier. Quelques jours après que la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) a adopté une motion spéciale réclamant la démission de ce dernier, Guy Breton se dit «prêt à regagner la confiance des étudiants ».

Au début de son discours devant l’assemblée universitaire, le recteur a pris soin de clarifier sa position sur les interventions policières du 27 et 28 août qui ont conduit les associations étudiantes de l’UdeM à voter en faveur de la motion spéciale. « C’était une obligation légale, affirme-t-il. Nos employés, nos agents de sécurité n’avaient plus la maîtrise de la situation. En démocratie, quand une situation est hors de contrôle, on appelle les forces policières en renfort. Il aurait été irresponsable de ne pas le faire. »

La secrétaire générale de la FAÉCUM, Mireille Mercier-Roy, a réagi pendant la période de questions. « M. Breton, si vous comptez regagner la confiance de la communauté étudiante, comment allez-vous vous y prendre ?», lui a-t-elle demandé. 

Le recteur s’est alors exprimé en faveur d’une refonte des relations, mais a tout de même reproché à la Fédération son manque de communication. « Nous avons déjà une réunion de prévue pour que vous puissiez m’expliquer de vive voix tout cela, ajoute-t-il. Les médias m’interpellent pour me parler d’un bris de confiance, mais j’aimerais plutôt qu’on s’assoie ensemble et qu’on puisse reconstruire ce qu’il y a à reconstruire.» Mme Mercier-Roy a précisé que la réunion était prévue bien avant l’adoption de la motion spéciale par le congrès extraordinaire de la FAÉCUM le 11 octobre dernier.

Mieux vaut prévenir que guérir

Le président du Syndicat général des professeurs et professeures de l’UdeM (SGPUM), Jean Portugais, s’est également exprimé en défaveur des interventions policières du mois d’août. «Il s’avère que je suis informé que plusieurs doyens et directeurs de faculté étaient au courant, depuis le 22 août, qu’il y aurait des interventions, explique-t-il. Quel a été le motif pour invoquer la police si tôt, alors que ces évènements n’avaient pas encore eu lieu ?»

À ce propos, le recteur a été clair : «Vaut mieux prévenir que guérir [sic] Le recteur a alors rappelé les évènements du 12 avril dernier  lorsqu’une manifestation a dégénéré. Les manifestants ont tenté d’enfoncer la porte du rectorat. «Ça a été un saccage, rappelle-t-il. La police n’a pas pu intervenir. Nous ne voulions pas que cela se reproduise.»

Une tension palpable s’est alors installée entre M. Portugais et M. Breton. Le recteur a fait mention d’une conversation privée entre lui et M. Portugais pendant laquelle le président du Syndicat des professeurs aurait cautionné des interventions policières si jamais lui aussi s’était senti menacé.

Guy Breton a également mis en avant sa position d’ouverture. « Je veux vous entendre », a-t-il déclaré en s’adressant à la communauté universitaire. Dès cet automne, il compte instaurer des séances de dialogue au cours desquelles des professeurs, des étudiants et des employés de l’Université seront invités à s’exprimer sur des sujets divers afin de « connaître les préoccupations » de ces derniers.

Michel Seymour et Daniel Turp dénoncent la vente du pavillon 1420 Mont-Royal. (Crédit photo : Pascal Dumont)

Turp et seymour contre la dérive immobilière

Peu avant le discours du recteur, le professeur de droit Daniel Turp et le professeur de philosophie Michel Seymour ont rassemblé les médias, devant le pavillon Roger-Gaudry, pour dénoncer la dérive immobilière. «Nous interpelons le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, car nous voulons éviter les problèmes qu’il y a eu avecl’UQAM », a affirmé M. Turp. Les deux professeurs ont mis en évidence que le contrat de vente du Pavillon 1420 Mont-Royal doit être rendu publique compte tenu de  l’investissement public dont il fait l’objet.

« Le promoteur Catania et l’UdeM refusent et font de l’obstruction systématique malgré nos demandes d’accès à l’information », a ajouté M. Turp. Un comportement peu transparent que reprochent les professeurs membres du Regroupement pour la sauvegarde du 1420 Mont-Royal.

Quelques mois plus tôt, Daniel Turp et Michel Seymour avaient intenté en justice le promoteur sur la légalité du changement de zonage du bâtiment pour en faciliter la vente. M. Turp a même cité l’une des avocates de Catania en disant que « si l’un des membres de notre rassemblement venait à connaître le contenu de cette entente, on peut alors compter sur le fait qu’ilchercherait à tout prix à la faire casser ».

Une cinquantaine d’étudiants en philosophie, en littératures de langue française et en études classiques étaient également présents pour manifester leur mécontentement envers la dérive immobilière. M. Breton représentera l’UdeM au prochain Sommet sur l’Enseignement supérieur. « La question est de savoir : que voulons-nous pour le Québec ? ajoute le recteur. Au Sommet, je me présenterai la tête haute quand viendra le temps de parler de la gestion de notre université. »

 

 

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