Un été en pandémie

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Par Esther Thommeret
mardi 22 septembre 2020
Un été en pandémie
« C’était beaucoup de sacrifices, mais en même temps, c’était l’année pour le faire, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire de toute façon ». Crédit photo: Unsplash.
« C’était beaucoup de sacrifices, mais en même temps, c’était l’année pour le faire, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire de toute façon ». Crédit photo: Unsplash.
De préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD à professeur de tennis au sein d’un organisme à but non lucratif, les activités des étudiants ont été très diverses cet été.

« Je me suis retrouvée à la maison, confinée, ne sachant pas quoi faire et trouvant que mon bac en musique n’était pas très utile à ce moment-là », témoigne l’étudiante en neuroscience cognitive à l’UdeM Ariane Martel. Elle a entendu parler de la possibilité d’apporter son aide dans les CHSLD lors d’un point de presse du premier ministre du Québec, François Legault, au début de la pandémie.

« J’ai posé ma candidature le 20 avril et une semaine après, je commençais le travail après une petite formation de trois heures pour expliquer comment mettre son équipement de protection et se laver les mains », explique Ariane. Elle a eu la tâche d’assister les préposés aux bénéficiaires. « En théorie, j’étais une aide de service, donc je les aidais dans leurs tâches, précise-t-elle. En pratique, j’étais une préposée sans formation. À la fin, je faisais les choses toute seule. »

 

Un été à l’hôpital

L’étudiante a trouvé la tâche difficile, n’ayant aucun repère dans le monde hospitalier. « J’étais vraiment dépourvue, c’était un peu stressant au début, avoue-t-elle. Je n’avais encore jamais changé de couches avant. Là, je suis arrivée dans une chambre et j’ai dû changer une personne, qui, en plus, avait peur. Avec tout notre équipement de protection, on ressemble à des extraterrestres. »

Finalement, Ariane juge son expérience positive. « Je me suis sentie utile et valorisée, affirme l’étudiante. Ça m’a changé en tant que personne. Je venais du milieu de la musique, qui est parfois un peu fermé, élitiste, où faire une fausse note, c’est la fin du monde. En travaillant dans un CHSLD, on se rend compte qu’il y a vraiment des choses pires dans la vie. »

L’étudiante a travaillé dans ce CHSLD 40 heures par semaine, de nuit, et ce, pendant près de trois mois. « C’était beaucoup de sacrifices, mais en même temps, c’était l’année pour le faire, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire de toute façon », conclut-elle.

L’étudiante au baccalauréat en relations industrielles Émilie Simard a également travaillé dans le monde de la santé, mais comme préposée à l’entretien ménager à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. « Je m’occupais de désinfecter les unités où il y a des patients pendant le jour, et le soir, les bureaux où les gens travaillent, détaille-t-elle. On était submergé de travail, on était obligé d’être à temps plein, certains se sont parfois retrouvés à travailler 70 heures par semaine. »

Émilie a trouvé que le rythme de travail était soutenu, d’autant plus pendant la session d’été. « C’était vraiment compliqué, j’ai regretté d’avoir un cours d’été, confie-t-elle. Je n’ai vraiment pas tripé, on sentait la pression et le stress dans tout l’hôpital, autant chez les patients que chez les employés. » L’étudiante estime que l’avantage de cet emploi est le salaire, qu’elle juge assez élevé. Elle travaille maintenant deux jours par semaine à l’hôpital et suit cinq cours à l’UdeM.

 

Sur le court de tennis

Pour sa part, l’étudiante en communication à l’UdeM Louna Marois-Demers a travaillé dans un organisme à but non lucratif qui offre des cours de tennis à des enfants âgés de 6 à 17 ans.

« Ça a été un défi, parce qu’on avait des règles d’hygiène assez strictes, explique-t-elle. Habituellement, on s’approche des enfants pour leur montrer comment tenir leur raquette, par exemple. Là, ils ne pouvaient pas non plus toucher les balles de tennis ». Ces nouvelles mesures ont permis de limiter les risques de contamination.

« C’était assez difficile au début, il fallait faire attention de ne pas s’approcher trop des enfants, décrit-elle. Certains ne respectaient pas toujours les mesures au début, mais ils se sont vraiment bien adaptés. J’ai aimé ça, mais je ne suis pas certaine de le refaire. »

Finalement, d’autres étudiants ont profité de cet été pour découvrir le pays. L’étudiant en droit à l’UdeM Teddy Ikolonga a décidé de traverser le Canada en voiture, d’Edmonton à Montréal. « J’avais prévu de partir en Europe, explique-t-il. À cause de la pandémie, j’ai décidé de voyager et de visiter presque toutes les provinces du Canada. Je ne l’aurai pas fait sans elle, mais là, j’avais le temps, je me suis donc lancé dans l’aventure », ajoute-t-il.

L’ensemble des étudiants interrogés ont trouvé leurs expériences d’été enrichissantes, même si elles ont été très différentes les unes des autres.