Volume 20

Gabriel Nadeau-Dubois, ex porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité étudiante (CLASSE), lors d’une journée de blocage à l’UdeM en mars dernier. (Crédit photo : Pascal Dumont)

Un automne érable?

Comment transformer le mouvement de contestation étudiant en une lutte citoyenne ? La question a figuré au cœur des débats de la troisième université populaire des Nouveaux Cahiers du socialisme. Compte-rendu d’une charge tous azimuts contre la pensée unique.

« S’organiser, résister, vaincre. » Le thème de cette université populaire a laissé place à peu d’ambiguïté sur ses objectifs. Rassembler les forces arc-en-ciel de la gauche québécoise et développer des outils pour mieux combattre le néolibéralisme, voilà l’essentiel du programme de ce rassemblement qui s’est tenu du 16 au 18 août à Montréal. La conférence d’ouverture a fait salle comble, réunissant des étudiants acteurs de la grève, mais aussi des sympathisants et des curieux. Des participants qui ont réfléchi collectivement aux manières de transformer en « automne érable » ce printemps dont les impacts restent difficiles à mesurer.

La foule s’est emballée lorsque Francisco Figueroa a pris la parole. Le Chilien a été l’un des représentants de la Federación de Estudiantes de la Universidad de Chile (FECH). Fer de lance d’une grève étudiante qui a remué le Chili pendant plus de huit mois en 2011, ce mouvement réclame un enseignement gratuit et de qualité. Mais, comme au Québec, les autorités l’ont réprimé. De même, les thèmes de l’éducation pour tous et de la justice sociale occupent une place tout aussi centrale dans les discours des protestataires chiliens et québécois.

Il a conclu par un appel aux étudiants de la Belle Province pour qu’ils continuent à résister aux avancées de la marchandisation de l’éducation. «Nous sommes passés par là au Chili, et nous avons vu ce que ça donne. Au Québec, n’allez pas dans cette direction!» a-t-il lancé.

Rejet du monde des affaires

Seule femme devant le micro, Fanny Theurillat-Cloutier, enseignante en sociologie au Cégep Marie-Victorin, a ancré le discours dans la pratique par sa présentation de la démarche des Profs contre la hausse. Ce regroupement de professeurs s’est activement mobilisé en solidarité avec les étudiants. C’est ce genre d’initiatives citoyennes qui a permis à la grève étudiante de devenir un mouvement social. «Est-ce que ce printemps devenu automne érable va essaimer et nous permettre de remporter cette lutte ? L’histoire nous le dira,» a-t-elle conclu.

C’est le récent démissionnaire Gabriel Nadeau-Dubois qui a eu le mot de la fin. Il en a profité pour tracer un bilan somme toute positif des évènements du printemps qu’il analyse comme des signes avant-coureurs de profonds changements politiques et sociaux. Alors que la joute électorale a pris le relais de la lutte étudiante sur la place publique, M. Nadeau-Dubois voit dans cette dernière un « rejet de la petite clique affairiste qui se passe la puck du pouvoir depuis des années au Québec ». Il ne s’est d’ailleurs pas gêné pour lancer une flèche bien acérée au Parti Québécois, qui incarne selon lui une «fausse alternative» au système dénoncé par le mouvement de grève. «Gouvernance souverainiste, commerce équitable, capitalisme vert… la belle affaire!» a-t-il ironisé.

 

Le nouveau numéro des Nouveaux Cahiers du socialisme, intitulé Éducation supérieure: Culture, marchandise et résistance, est en vente dans les librairies.

Version intégrale de la conférence d’ouverture «De la lutte étudiante à la lutte citoyenne: Pouvons-nous encore faire une société?»

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