Campus

Dans le pavillon Roger-Gaudry, deux étudiants attendent pour que le cours d'anthropologie en question se donne.

La sécurité fait sa loi

Coincée entre les lignes de piquetage et une administration déterminée à ce que les cours reprennent, une professeure d’anthropologie s’est vu prier avec insistance, par la sécurité de l’UdeM, de donner son cours malgré le bruit des manifestants et la présence policière du lundi 27 août. 

Mathieu Filion, porte-parole de l’UdeM, expliquait lundi dernier que tous les professeurs et les chargés de cours de l’UdeM ont reçu la consigne de donner leurs cours. Il précise que les professeurs et les chargés de cours de l’UdeM ont fourni des plans de rattrapage pour plus de 600 cours.

Peu avant les premiers cours de ce premier jour de la session de rattrapage, au moins une trentaine de manifestants sont entrés dans le pavillon Roger-Gaudry et se sont dressés devant les portes de plusieurs cours d’anthropologie.

La professeure en question, qui a préféré garder l’anonymat, a tenté une médiation. En vain. Elle a finalement dû appeler son directeur de programme. Rapidement, des agents de sécurité et une équipe de médiation du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont arrivés sur place. Ils ont menacé les manifestants de poursuites criminelles.

« La direction, représentée par le directeur de la Faculté des arts et des sciences, et moi avons constaté que les conditions d’enseignement n’étaient pas optimales pour que je donne mon cours », ajoute la professeure.

La professeure a alors annoncé aux étudiants qui attendaient dans le couloir qu’elle ne donnerait pas son cours. En présence des policiers, Lucie Dupuis, directrice de la sécurité de l’UdeM, s’est approchée de la professeure d’anthropologie pour lui rappeler qu’en vertu de la loi 12, elle est tenue de donner son cours, peu importent les conditions ou le nombre d’étudiants présents.

« Mme Dupuis a insisté pour que je donne le cours même s’il y a des perturbations à l’extérieur », explique la professeure. La professeure s’est dite confuse de ces directives, précisant que « l’application exacte de la loi et la façon dont l’université l’interprète et l’applique ne sont pas claires ». La professeure insiste sur le fait qu’il y avait là des incohérences entre les directives de l’UdeM et celles de la sécurité de l’UdeM. Mme Dupuis n’a pas commenté cette intervention.

Au même moment, dans un autre cours, la situation s’est vite réglée. Selon Guy Lanoue, professeur d’anthropologie également, il y avait une quinzaine d’étudiants présents dont quelques-uns bloquaient l’accès à sa salle de classe. « Alors, j’ai dû annuler le cours, explique-t-il. Je n’aurais pas eu d’autre choix que de les battre pour rentrer… et cela ne me semblait pas être une solution envisageable. » 

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