Le printemps érable a des échos jusqu’à New York. Une dizaine d’étudiants en design graphique de l’UQAM, affiliés à l’École de la Montagne Rouge (EDLMR), y présentent l’exposition ÀVENIR. C’est le fruit de trois jours de création intensive dans la métropole américaine.
Les étudiants ont été invités par le collectif Just Seeds, une coopérative artistique engagée dans les mouvements de résistance mondiaux comme Occupy. Ils ont eu l’occasion d’échanger et de créer sur le thème du carré rouge du 8 au 10 août dernier. Sur place, des artistes du Japon, du Mexique, de Londres, de France et même du Québec étaient venus les rencontrer.
Durant cette visite éclair à New York, les étudiants ont travaillé pour réaliser une exposition à saveur de printemps érable. Mais le terme «exposition» ne faisait pas l’unanimité. «On ne voulait pas exactement faire une exposition, relate Éliot Lafrenière, un des membres de l’école. Cela serait comme parler d’un travail de création achevé. Or, le mouvement étudiant n’est pas du tout terminé, nous devons donc nous aussi créer de nouvelles images.»
Le réalisateur Maël Demarcy, qui accompagnait la troupe pour un projet documentaire, a été surpris par l’engouement des New- Yorkais autour du mouvement social québécois. « Beaucoup possédaient déjà une bonne connaissance du conflit étudiant, et plusieurs arboraient aussi le carré rouge en arrivant au vernissage, affirme-t-il. Les étudiants québécois étaient montrés en exemple dans la lutte mondiale contre le néolibéralisme.»
C’est lors d’une nuit de sérigraphie – procédé d’impression qui utilise des écrans de tissu à mailles quadrillées – que l’EDLMR a fait la rencontre de Kevin Caplicki, membre de Just Seeds, à Montréal il y a quelques mois. La coopérative possède une collection de pamphlets, affiches, zines et autres publications à saveur sociale. Sur place, les étudiants ont pris un grand plaisir à fouiller dans ses boîtes d’archives.
Les artistes de l’EDLMR devaient être fin prêts pour le vernissage, qui avait lieu le dernier soir de leur séjour à New York. En s’étant lancé le défi de créer du matériel graphique nouveau en moins de 48 heures, ces artistes ont travaillé sous pression. Une méthode plus qu’une habitude, selon Guillaume Lépine, initiateur de l’EDLMR. «Stress et bières sont un combo gagnant», rigole-t-il.
Ils ont créé plusieurs affiches et un fanzine de 16 pages, situant le Québec dans le monde. « On a travaillé fort pour réaliser une esquisse visuelle du printemps québécois qui fait la revue des évènements de contestation étudiante des six derniers mois au Québec, précise Éliot Lafrenière. Le document assure une pérenni t é v i sue l l e en sol étranger des soulèvements de notre province. »
L’aventure new-yorkaise derrière elle, l’EDLMR exposera au World Press Photo – un concours international de photographie de presse – du 7 au 30 septembre prochain au Marché Bonsecours. Elle collabore à Rouge², un essai interactif et artistique sur la prise de parole citoyenne, conçu en parallèle avec l’ONF.
À travers tout ceci, les membres du collectif gardent en tête le combat, toujours actuel, des étudiants contre la hausse des frais de scolarité.
ÀVENIR
Galerie Interference
Archive 131, 8th Street, Brooklyn, New York
Jusqu’au 20 septembre
World Press Photo
Marché Bonsecours
350, rue St-Paul, Montréal
Du 7 au 30 septembre
L’École de la Montagne Rouge, un bon côté à la grève
Depuis sa formation en février – deux semaines avant le déclenchement de la grève –, le visuel de l’École de la Montagne Rouge s’est répandu telle une traînée de poudre à l’intérieur des mouvements engagés contre la hausse des frais de scolarité de la province. «L’École de la Montagne Rouge est une initiative de jeunes créateurs conscientisés, peut-on lire sur leur site. Par ses actions, ses réflexions et ses recherches graphiques, l’école offre un moyen alternatif de s’impliquer dans le mouvement de protestation étudiante.» À cheval entre la publicité et l’art, on leur attribue, entre autres, le poing de couleur blanche relié au printemps érable. Inspirés par le Black Mountain College et l’Atelier populaire de l’École des beaux-arts de mai 1968 à Paris, ils ont beaucoup emprunté à l’imagerie contestataire des étudiants grévistes des années 1960.