Culture

Vécus entrecroisés : Trouvez le dissident en vous

La dissidence est « l’action de ceux qui se séparent d’une communauté religieuse, politique, sociale, d’une école philosophique » selon Le Robert.

L’auteur Philippe Ducros lui utilise sa conscience sociale pour faire preuve d’une profonde empathie envers l’humanité. Il a écrit la pièce Dissidents présentée à l’Espace Go au mois de mars dernier. Il a aussi exposé un déambulatoire théâtral et photographique réalisé en République démocratique du Congo pendant les guerres qui ont sévi de 1993 à 2003. La pièce et le reportage ont nourri ma réflexion sur l’engagement social, humanitaire, civique, sur l’engagement en général.

Beaucoup de gens trouvent toute la chaleur humaine auprès de leurs familles, leurs amis. Ils n’ont pas à penser plus loin, ils n’ont pas vécu les situations extrêmes qui ébranlent et qui font voir les réalités au-delà du confort familier. Qu’est-il arrivé au personnage principal de la pièce de Ducros pour qu’il arrête d’aimer sa vie paisible? Sa fille est morte suite à un empoisonnement dû aux rejets d’une usine fabriquant des piles. Il a disjoncté. Le comportement humain qui engendre la destruction à l’échelle planétaire lui a semblé monstrueux. Bien que ce comportement ait toujours été le même à travers l’histoire, le personnage blâme notre époque .

Sauf que maintenant, il est vrai, nous sommes informés, conscients et capables d’agir .

On retrouve des révoltés actifs dans des conditions plus extrêmes, telles que les manifestations pacifistes contre le régime politique égyptien, mais le révolté n’est pas un extrémiste.

La pièce de Ducros se veut à la fois questionnement et réponse. Au-delà de la propagande simpliste prodissidence, Ducros écrit : «Notre action politique s’entend dans le discours que l’on tient à nos enfants… Il faut s’entêter à agir sur son monde à vingt comme à soixante ans. Il faut se tenir debout, prétendre à l’invention, désobéir à ce qui nous est présenté comme l’ultime logique, défier les statistiques…». Tout en gardant un bon sens humain, dénué d’extrémisme. Il ne faut pas tuer des gens pour sauver des gens, étrange paradoxe, idéalisme monstrueux. Qui d’ailleurs n’a aucun véritable impact : les extrémistes sont condamnés par l’État, la loi et la société. Qu’ont-ils accompli sinon discréditer leur cause ?

Arrêtons-nous pour réfléchir : pourquoi est-ce que cela nous importe tellement, l’avenir de la planète ? Moi, je n’ai pas d’enfant, alors je devrais être encore moins concernée. Puis si la Terre meurt et l’humanité disparaît dans 10 générations, disons ? Qu’est-ce que ça change à nos vies? Ce que je trouve dommage, c’est que toutes ces belles choses que j’aime, la nature, l’art, les gens, vont disparaître. C’est une forme d’anxiété existentielle. C’est comme si notre monde est déjà faux, que les gens, les objets autour de nous perdent déjà de leur réalité. Et puis, il y a aussi la réalité très concrète et actuelle de la souffrance ailleurs dans le monde. Future et présente. Sur laquelle on peut agir maintenant et qui se déroule malgré nous.

POUR APPROFONDIR

• Le film du montréalais Mathieu Roy, Surviving Progress. Le livre dont il est tiré a été une source d’inspiration pour Philippe Ducros et ses collaborateurs.

• Le pamphlet Indignez-vous de Stéphane Hessel. Le mouvement Occupy Wall Street s’en est inspiré. Modernes, les Indignés véhiculent leurs informations à travers les réseaux sociaux.

PHOTO : Pourquoi est-ce que cela nous importe tellement, l’avenir dela planète?  (Crédit : Stefania Neagu)

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