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« Je suis fière d’avoir eu le culot d’aller à TLMEP »

Depuis son passage à l’émission Tout le monde en parle (TLMEP) le 26 février dernier, elle a beaucoup fait parlé d’elle. Arielle Grenier, qui a défendu la hausse des frais de scolarité, est victime d’attaques et de menaces. Mais elle ne se laisse pas démonter par la critique. L’étudiante en sciences politiques à l’UdeM, devenue depuis peu blogueuse pour le Huffington Post, ne manque ni de combativité, ni de franchise.

Quartier Libre : Que s’est-il passé après votre passage à TLMEP ?

Arielle Grenier : J’ai reçu de très beaux commentaires de la part de personnes pour qui j’ai beaucoup d’admiration comme Mario Dumont, qui m’a encouragée et félicitée. Des gens du Réseau Liberté-Québec m’ont aussi dit qu’ils étaient fiers de moi.

Peu après TLMEP, je me suis fait attaquer dans un Tim Hortons par trois hommes qui m’ont dit « on va te violer jusqu’à ce que tu meures de douleur », mais j’ai réussi à m’en- fuir. Cet événement a été rajouté à la plainte que j’ai déposée à la police et qui est en cours de traitement. Mais cela ne va pas m’arrêter de dire ce que je pense.

Cette expérience m’a beaucoup appris sur ma force de caractère et m’a convaincue qu’on ne peut pas m’écraser. Je suis fière d’avoir eu le courage et le culot d’aller à TLMEP. J’ai été dans la gueule du loup, cela ne me dérange pas, car défendre la hausse était le plus important.

Q. L. : Vous avez exprimé votre volonté de vous rendre à vos cours malgré la grève. Avez-vous réussi à franchir les piquets de grève ?

A. G.: Non. J’ai essayé, mais je n’ai pas pu. Mais le fait que je me suis présentée à mes cours montre que je suis cohérente avec mes idées, et quand je dis quelque chose, je le fais. C’est un principe très important pour moi. Ce n’est pas dans ma nature de me laisser écraser par la peur.

Q. L. : Que pensez-vous de la manifestation nationale du jeudi 22 mars ?

A. G. : Je suis très fière qu’il n’y ait eu aucun bris. Je félicite les manifestants pour cela. Le problème dans cette manifestation est que plusieurs mes- sages ont été avancés. Certains prônent le gel, d’autres la gratuité scolaire ou même une hausse moins drastique. Cela aurait été bien que le message soit plus cohérent.

J’ai aussi trouvé déplorable que la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) ait empêché Léo Bureau- Blouin [président de la Fédération étudiante collégiale du Québec] de prendre la parole. Il a dû monter sur un camion pour s’adresser à la foule, les gens autour de lui ont pu l’en- tendre, mais pas les autres. C’est plate, car les fédérations étudiantes du Québec (FEUQ et FECQ) ont investi autant de temps et d’énergie que la CLASSE. Cela montre que la CLASSE a un sens unilatéral de la liberté d’expression, ils veulent occuper tout l’espace. Ils se sont appropriés la communauté étudiante.

Q. L. : Quel effet cela vous fait de savoir que certaines pancartes tenues par les manifestants vous visaient directement ?

A. G. : C’est facile de faire des attaques personnelles. Nous n’avons jamais attaqué les membres du clan opposé de manière personnelle. S’en prendre à la personne elle-même, et non pas à ses arguments, n’est pas très noble.

Q. L. : Votre père, Jean-Robert Grenier, a été candidat en 2008 pour le Parti libéral. Que pense- t-il de votre engagement en faveur de la hausse des frais de scolarité ?

A. G. : Mon père a ses opinions et j’ai les miennes. Mais ce qui nous unit, c’est notre force de caractère, notre intégrité et notre authenticité. Nous disons haut et fort ce que nous pensons. Mon père est très fier de moi. Il me soutient beaucoup et a écouté toutes mes entrevues. Il me dit : «Dans la vie, il y a aura toujours des gens qui chercheront à t’écraser et qui ne voudront pas que tu dises certaines choses car elles dérangent. »

Q. L. : Aujourd’hui votre père et vous n’êtes plus membres du PLQ ?

A. G. : Mon père et moi avons quitté le PLQ pour une raison que nous avons exposée au premier ministre Charest dans une lettre. Beaucoup des projets du PLQ qui me tenaient à cœur ne se sont jamais réalisés. Il y a des choses que le parti fait qui me déplaisent, c’est aussi le cas pour d’autres partis. C’est pour cela que je ne veux être associée à aucun parti politique au Québec.

Q. L. : Le journal Internet Le Prince Arthur, dont vous étiez la chef de pupitre culture, a annoncé sur son site qu’il se désassociait de vous. Quelle a été votre réaction ?

A. G. : Ce n’est pas une décision commune. Cela m’a fait de la peine. Je m’étais beaucoup impliquée dans le journal. Cela a été une vraie surprise pour moi, car beaucoup d’autres auteurs se sont aussi exprimés sur la hausse des frais de scolarité. Le rédacteur en chef, Jean-François Trudelle, s’est prononcé en faveur de la hausse et n’a pourtant pas été renvoyé. Des gens, verts et rouges, m’ont dit qu’ils trouvaient cela injuste. Mais ce n’est pas grave, je remercie quand même Le Prince-Arthur de m’avoir donné cette occasion et je continue à écrire ailleurs, au Huffington Post par exemple.

 

Par ses déclarations en faveur de la hausse des frais de scolarité, Arielle Grenier s’est mis à dos le mouvement des carrés rouges.

 

Arielle grenier a défendu la hausse des frais de scolarité sur le plateau de TLMEP le 26 février dernier. Elle y a représenté le Mouvement des étudiants socialement responsable du Québec (MESRQ) face à Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE. La neutralité affichée du MESRQ a été mise en cause par le fait qu’Arielle Grenier a été membre du PLQ, mais aussi par l’appartenance de Marc-Antoine Morin et Jean-François Trudelle, autres porte-parole du MESRQ, à la Commission-Jeunesse du PLQ.

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