Volume 19

Montréal, Eldorado étudiant

Le site Topuniversities.com vient de consacrer Montréal 10e meilleure destination universitaire au monde. Mais un tel podium est-il solide ? Quartier Libre décortique les dessous du classement.

Pour avoir une chance de figurer dans le tout premier Best Student Cities in the World 2012 Ranking (voir encadré), la ville doit au préalable avoir au moins une université figurant dans le classement annuel des 600 meilleures universités de Topuniversities.com, et compter plus de 250 000 habitants. C’est d’emblée un biais en faveur des grandes villes. Un choix cependant logique selon Benoit Perron, professeur titulaire au département d’économie de l’UdeM, puisque ce classement est destiné aux étudiants internationaux qui ont tendance à préférer les métropoles.

En revanche, le critère de la qualité de vie, qui compte pour 20 % de la note des villes lauréates, est beaucoup plus discutable. Le site s’est servi d’un indicateur unique, l’indice de qualité de vie de la firme Mercer, qui n’est disponible que pour 50 villes au monde. Pour pallier le problème, SG Topuniversities a simplement assigné par défaut 50 points sur 100 dans la catégorie «Qualité de vie» aux 17 villes qui ne sont pas évaluées par Mercer à cet égard. Un sérieux handicap selon M. Perron, qui donne comme exemple Hong Kong, 19e au classement, qui doublerait Montréal si la note sur la qualité de vie n’était pas prise en compte. Ces 50 % attribués arbitrairement ont d’autant plus d’impact que la plus basse note des villes du classement de Top Universities évaluées par Mercer dans la catégorie Qualité de vie est 83,5 %.

Les auteurs du palmarès ont aussi utilisé d’autres données de la firme Mercer pour établir l’indice du coût de la vie dans les différentes villes. M. Perron explique qu’un tel indice est généralement employé par les grandes entreprises pour assurer l’équité salariale lors du transfert du personnel d’une ville à l’autre. Or, les biens que l’on va considérer pour établir l’indice Mercer de coût de la vie ne sont pas nécessairement ceux q u ’ un étudiant va consommer. « Mercer inclut notamment le prix des logements à l’achat. S’agit-il du type de logement que choisissent les étudiants ? » s’interroge-t-il.

 Et la «cote d’amour»? 

Valérie Mercier, conseillère au Bureau des étudiants internationaux de l’UdeM, nuance aussi la lecture du classement. « Le choix d’aller dans telle ou telle ville est avant tout un choix personnel de l’étudiant », qui se fonde sur le bouche-à-oreille et la relation qu’il peut déjà avoir avec la ville, explique-t-elle. Autant de données qui définissent l’attractivité d’une ville universitaire et qui ne peuvent être comptabilisées dans un classement de ce type. Mme Mercier évoque également d’autres facteurs subjectifs qui ne figurent pas au classement comme le multiculturalisme, la vie culturelle ou la valeur des diplômes.

Flavie Côté, conseillère principale au Bureau des communications et des relations publiques de l’UdeM ajoute que si le classement mentionne les frais de scolarité moyens – de 100 $ au Caire à 39500 $ à Boston –, il ne prend pas en compte les prêts et bourses qu’il est possible d’obtenir dans certaines villes. Ces aides financières aux études peuvent pourtant faire une énorme différence pour les étudiants. Plus encore, elles peuvent être des moyens pour les gouvernements d’encourager leurs étudiants à privilégier certaines destinations en les subventionnant plus.

Un tel classement n’a donc pas de valeur ? « C’est toujours un plus d’avoir un organisme extérieur qui statue sur l’attirance que la ville exerce», résume Flavie Côté. «Il y a un paquet de choix méthodologiques qui ont du être faits pour résumer toute cette information», analyse M. Perron. S’il considère l’exercice de classement un peu réducteur, il ajoute qu’il contient cependant des renseignements importants: «C’est utile pour savoir ce qu’on fait de bien et de moins bien.» Mais le Best Student Cities in the World 2012 Ranking n’apporte rien de bien nouveau, selon lui. «Les villes qu’on pouvait s’attendre à retrouver en tête sont en tête.»  

 

Le top 10 des paradis étudiants

 

1 • Paris (France)

2 • Londres (Royaume-Uni)

3 • Boston (États-Unis)

4 • Melbourne (Australie)

5 • Vienne (Autriche)

6 • Zurich (Suisse)

7 • Sydney (Australie)

8 • Berlin (Allemagne)

9 • Dublin (Irlande)

10 •Montréal (Canada) 

 

Quand les villes se font noter

Le Best Student Cities in the World 2012 Ranking (classement 2012 des meilleures villes étudiantes au monde) de l’agence de notation universitaire anglaise QS Topuniversities utilise cinq critères – qualité de vie, qualité des universités, coût de la vie, dynamisme des employeurs, proportion d’étudiants étrangers – qui se subdivisent chacun en trois sous-catégories.

Le palmarès regroupe 50 villes des cinq continents, dont trois canadiennes (Montréal, Toronto et Vancouver). Montréal est classée première au Canada et deuxième en Amérique du Nord, après Boston.

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