Un étudiant en droit de l’Université de Sherbrooke, Philippe-Olivier Daniel, invite au boycottage des associations étudiantes pour protester contre leur ingérence politique, et propose de joindre à la place une coalition qu’il vient de créer. Il intente aussi une poursuite contre plusieurs fédérations et associations étudiantes à qui il demande un remboursement partiel de sa session. De telles démarches ont-elles une chance d’aboutir ?
Philippe-Olivier Daniel est le président-fondateur de la Coalition étudiante pour l’association libre (CEPAL). Il affirme qu’il serait essentiel de dissocier les associations étudiantes, responsables de la vie universitaire, des considérations politiques et particulièrement de la gestion de la grève. Il invite ainsi les étudiants qui se sentent lésés dans leurs droits individuels d’assister à leur cours à se désaffilier de leur association et à signer la pétition mise en ligne sur le site jemeretire.ca. «La pétition vise à modifier les lois et règlements régissant la gouvernance des associations et fédérations étudiantes afin de les dépolitiser et ainsi faire en sorte que les étudiants des universités et des cégeps du Québec puissent être membres d’associations et de regroupements neutres », peut-on lire dans le texte qui accompagne la pétition. Celle-ci a été signée environ 1 500 fois entre le 13 mars et le 1er avril.
Une grève légale ou non?
Sur la question de la légalité de la grève étudiante, François Goyer, un étudiant en droit de l’UdeM, soutient qu’elle consiste plutôt en un boycottage des cours, c’est-à-dire une forme de désobéissance civile. « Les associations étudiantes peuvent appeler leur mouvement une grève étudiante, mais c’est une définition politique qu’elles lui donnent, et non pas légale», précise-t-il. Selon lui, les associations outrepassent probablement leur mandat en demandant à leurs membres de ne pas se présenter en cours puisqu’elles n’ont pas le droit de grève selon le Code du travail. C’est d’ailleurs pour cette raison que les universités sont tenues de respecter le maintien de la tenue des cours (voir encadré).
Une cible pas évidente
Pour ne pas confondre ses actions et celles de la coalition dont il est le président, c’est en son nom personnel que Philippe-Olivier Daniel a entamé la poursuite contre les quatre associations qui sont directement responsables des préjudices dont il se dit victime (ne pas avoir pu assister à un cours de chinois), soit l’Association générale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines (AGEFLESH), la Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS), la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ainsi que l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) et sa coalition large (CLASSE).
Selon M. Goyer, M. Daniel n’est pas au bout de ses peines, car «un tel recours demande beaucoup d’heures et beaucoup d’énergie. On parle en terme d’années ». La cause pourrait être légitime, mais épineuse. «La question devient alors “Qu’est-ce qu’une association étudiante ?”, mais aussi, “Peut-elle entraîner légitimement ses membres au boycottage des cours ?” » ajoute-t-il.
* Article modifié le 12 avril