Volume 19

Des serres qui font de l’effet

Les Fermes Lufa, un projet d’agriculture urbaine innovant juché sur un toit près du Marché Central à Montréal, comptent tripler leur surface après seulement un an d’exercice. Pour accompagner leur développement et promouvoir leurs activités auprès des étudiants, elles ont organisé le samedi 25 février une journée portes ouvertes réservée aux universités montréalaises. Quartier Libre faisait partie des visiteurs.

Laurie archambault, responsable du développement des abonnements et des événements, voit la vie en vert aux Fermes Lufa. elles abritent plus de vingt-cinq variétés de légumes et de fines herbes qui poussent dans deux zones climatiques distinctes. La pollinisation est assurée par les abeilles de quatre ruches installées à même les serres. Crédit Pascal Dumont
À l’heure du carré rouge et du rond vert, Yourianne Plante, responsable des communications, porte aussi fièrement ses couleurs. Les Fermes Lufa produisent et livrent quotidiennement un millier de paniers de légumes frais à des points de chute répartis sur l’ensemble du territoire montréalais. Crédit Pascal Dumont

« L’intérêt [pour une visite] est venu des étudiants et des professeurs , raconte Yourianne Plante, responsable des communications aux Fermes Lufa. Nous faisions déjà des journées portes ouvertes pour nos clients tous les trois mois. Puis les étudiants nous ont écrit à plusieurs reprises parce qu’ils voulaient mieux connaître notre fonctionnement.»

Un intérêt réciproque, puisque la communauté universitaire apporte des innovations et du dynamisme, selon Mme Plante. «Les universités développent beaucoup d’idées en matière d’agriculture urbaine et les Fermes Lufa présentent un exemple de réalisation concrète. On passe ici de la théorie à la pratique», explique-t-elle.

La communauté universitaire est aussi le principal vivier de stagiaires et d’employés pour les Fermes Lufa. L’entreprise a reçu pas moins de 2 000 CV d’étudiants depuis ses débuts. Or, avec le succès du projet et son extension prévue à Ville Saint-Laurent notamment, les serres vont nécessiter davantage de maind’oeuvre. Raison de plus pour organiser une opération séduction à l’intention du monde étudiant.

Les serres emploient principalement des étudiants en biologie, en écologie, en biochimie et en agronomie. Parmi ces « agriculteurs urbains », Laurie Archambault travaille aux Fermes Lufa depuis un mois et demi environ comme responsable du développement des événements et des abonnements aux paniers de légumes frais. Elle étudie parallèlement en géographie environnementale à l’UdeM. « Je fais trente-cinq heures par semaine aux serres, en plus de trois cours à l’université. Ici, je peux choisir mon horaire», se réjouit-elle.

Laurie voudrait attirer davantage d’étudiants. « Ils sont plutôt enclins à s’abonner à nos paniers de légumes quand ils en prennent connaissance. C’est pourquoi j’ai ouvert un point de chute au département de géographie de l’UdeM, il y a un mois », raconte-t-elle. Organisatrice de Géovert, le groupe dédié à l’environnement au pavillon de géographie, Laurie est aussi à l’origine de l’initiative Deux semaines manger local, qui incite les étudiants à consommer des produits québécois. « Je veux rester aux serres Lufa si je peux, l’agriculture urbaine m’a clairement ouvert l’esprit. C’est l’avenir dans les villes, mais c’est aussi une façon responsable de s’alimenter, sans faire venir des légumes de l’autre bout du monde », considère-t-elle.

 

Un toit vert vraiment vert

Près du Marché central dans l’arrondissement d’ahuntsic-cartierville se dresse une structure originale au milieu des toits enneigés : les serres des Fermes Lufa recouvrent l’immeuble du 1400, rue antonio-barbeau sur 31000 pieds carrés. chauffées à même la chaleur perdue par l’édifice, elles en renforcent l’isolation, ce qui permet aux deux entités de diminuer considérablement leurs factures énergétiques. Les serres n’utilisent aucun herbicide, pesticide ou fongicide. L’arrosage au goutte-àgoutte et la méthode hydroponique sur un support mêlant fibre de noix de coco et laine de roche permettent d’économiser l’eau au maximum. un seul camion est utilisé pour les livraisons, le compost est revendu ou offert aux fermiers locaux et les emballages sont réutilisables.

Malgré l’intérêt écologique du projet, il n’a pas été facile à financer : le gouvernement ne le considérant pas comme une ferme conventionnelle, il ne lui a pas attribué de subvention.

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