Les sons de l’océan cohabitent avec le murmure d’un avion dans la nuit, le son d’une clarinette en éponge et une chorale de voix désincarnées. Voilà le genre de chanson atypique que vous pourriez entendre à l’événement Electro Buzzzzzzz, qui propose trois concerts gratuits du 25 au 27 janvier à la Faculté de musique de l’UdeM.
«L’expérience, consiste à entendre une orchestration de sons jamais entendus, raconte Jean Piché, organisateur de l’événement et professeur titulaire de l’UdeM. En musique électroacoustique, les instruments sonnent de façon inédite. Contrairement à la musique traditionnelle, le travail sur le son prédomine sur les notes et la mélodie.»
Lors des trois jours du programme, vous pourrez découvrir les oeuvres électroacoustiques de compositeurs- étudiants de la Faculté de musique, mais aussi celles de leurs professeurs et de jeunes compositeurs acclamés.
Au cours de l’événement, la salle Claude- Champagne accueillera jusqu’à 200 personnes. Pour offrir une qualité d’écoute et une expérience optimales, seules les places assises de l’allée centrale seront ouvertes au public. «L’objectif est d’obtenir la zone idéale, pour que les sons arrivent de manière équilibrée de chaque côté de l’allée, précise Jean Piché. Rassemblés au milieu, les auditeurs vivront la même expérience sonore que le compositeur.» Disposée à la fois au-dessus et autour de l’allée centrale, une installation de son immersive composée de 24 haut-parleurs restituera une expérience spatialisée de compositions. Un écran panoramique disposé sur la scène diffusera les compositions vidéo. Les compositeurs accompagnés de leurs consoles de mixage seront quant à eux placés au coeur de la salle.
Mais l’expérience ne repose pas uniquement sur la disposition des lieux: «Toute cette importance accordée à l’espace n’est qu’une valeur ajoutée, estime Jean Piché. L’important, c’est que la musique soit bonne. Les compositions seraient aussi intéressantes si elles étaient jouées sur un lecteur MP3.»
Musique électroacoustique ?
À l’origine des musiques électroniques populaires actuelles, les premières compositions électroacoustiques ont été créées vers 1950. Pierre Henry a contribué à démocratiser ce genre avec son oeuvre musicale intitulée Psyché Rock. Créée en 1967, sa composition a été remixée par le DJ Fatboy Slim, en plus d’avoir inspiré de nombreuses publicités télévisées et le générique du dessin animé de Matt Groening, Futurama.
Basée sur la création et le développement de moyens technologiques, la musique électroacoustique se caractérise par un travail sur le son, de sa conception à sa transformation, qui vise à créer un discours musical inédit. «Respectant une tradition classique, les compositions se lisent comme une partition d’orchestre», raconte Jean Piché, responsable du programme de composition électroacoustique de la Faculté de musique de l’UdeM.
La musique électroacoustique est bien différente des musiques électroniques qu’on a l’habitude d’entendre à la radio. «La musique électroacoustique ne se danse pas, n’a pas de tempo et ne crée pas de mélodies composées de notes», indique Jean Piché. Plus sobre, «elle ne fait pas monter de DJ gesticulant sur scène. Les compositeurs électroacoustiques programment leurs propres logiciels et créent leurs propres instruments. Certains musiciens électroniques adoptent par la suite ces instruments.»
Depuis les années 2000, la vidéomusique est la discipline qui se développe le plus en électroacoustique. «Sans être nécessairement l’illustration de la musique, elle propose un alliage de sons inventés et d’images vidéo qui forment un tout où progressent des couleurs, des formes et des mouvements», indique Jean Piché. On peut y voir, par exemple, des paysages colorés, des arcs électriques ou encore, sous une forme plus érotique, des zones érogènes en lévitation.