Un professeur de l’UdeM et un ancien cadre de l’Office québécois de la langue française proposent quelques comportements à intégrer au mode de vie des Montréalais pour réaffirmer le français au quotidien.
La progression de l’anglais comme langue de communication à Montréal, métropole du Québec, est un fait avéré depuis quelques années et qui semble aller en s’amplifiant. Plutôt que de vous laisser envahir par la morosité ambiante à ce sujet, ce petit guide vous propose une ligne de conduite de tous les jours, dans le sens de l’affirmation du français comme langue de communication et, particulièrement, dans le domaine de vos choix comme consommateur. Si un mouvement collectif dans ce sens se dessinait, les commerçants/sociétés ne manqueraient pas de s’en apercevoir et d’ajuster leur politique d’étiquetage, de langue de travail.
Il s’agit de nous responsabiliser en tant que consommateur vis-à-vis de cette situation. En même temps, une telle attitude quotidienne serait de nature à relever notre degré de conscience sur la question linguistique… Un tel comportement va manifestement beaucoup plus loin que simplement exiger, à l’occasion, un vendeur/serveur parlant français.
Ce petit guide a été conçu à l’intention de tous ceux et celles qui souhaitent conserver au Québec son caractère de société très majoritairement francophone. Voici quelques suggestions de pratiques linguistiques à adopter pour y contribuer.
• La publicité, les sollicitations écrites et revues/journaux gratuits vous parvenant à domicile doivent être rédigées en français. Dans les cas où ils ne le sont pas, il conviendrait de les passer directement à la corbeille de recyclage et de le faire savoir aux annonceurs/diffuseurs ou encore de vous plaindre à l’Office québécois de la langue française (OQLF).
• Tout emballage doit comporter des inscriptions et des textes en français suffisamment lisibles et complets pour le décrire et l’utiliser correctement. De plus, si une ou plusieurs autres langues apparaissent, le français doit figurer de manière au moins équivalente à toute autre langue. Sinon, il s’agit d’une infraction à la Charte de la langue française. Prévenez-en le commerçant et, à défaut d’une réponse satisfaisante, enregistrez une plainte auprès de l’OQLF.
• Devant deux produits concurrents équivalents, étiquetés en français et en anglais, dont l’un donne préséance à l’anglais et l’autre au français, vous pouvez décider de choisir le deuxième, et cela finira par influencer la pratique linguistique de plusieurs fournisseurs en faveur d’une plus grande présence du français.
[…]
• Pourquoi ne pas vous revêtir d’un vêtement ou porter un accessoire qui comporte un slogan ou un message en français plutôt que ceux que l’on retrouve souvent en anglais dans les commerces ? • Au téléphone, dans un commerce ou dans un service public, vous utilisez toujours la langue française dès la première communication et vous continuez la conversation en français, même si l’on s’adresse à vous en anglais. Si votre interlocuteur persiste à utiliser la langue anglaise, signifiez votre désaccord et rappelez-lui que le service en français au Québec est un droit pour tout client d’un commerce ou tout bénéficiaire d’un service public. Vous avez ensuite le choix de raccrocher, de quitter le commerce ou l’établissement du service public ou, encore, de vous plaindre auprès de la direction du commerce ou du service public.Vous pouvez aussi en informer l’OQLF, par exemple, sur son site (oqlf.gouv.qc.ca), onglet Plaintes.
• Dans les messages diffusés par haut-parleurs et dans la diffusion radiophonique et télévisuelle dans les établissements, le français devrait être la langue normale au Québec. Si ce n’est pas le cas dans un grand commerce (c’est-à-dire employant 50 personnes ou plus), vous pouvez vous plaindre à la direction du commerce ou encore à l’Office québécois de la langue française. Pour les petits commerces, vous pouvez vous plaindre à la direction ou choisir un autre commerce qui respecte davantage la langue commune du Québec.
• Dans le cas où les employés communiqueraient majoritairement entre eux en anglais, bien que pouvant s’exprimer en français en s’adressant à vous, vous pouvez vous demander si vous ne connaissez pas un commerce semblable, davantage francophone.
• Dans la rue ou dans tout autre lieu public avec une autre personne, vous utilisez toujours la langue française à moins que votre interlocuteur manifeste son incompréhension en utilisant la langue anglaise. Tentez alors de savoir si la personne est un résidant du Québec ou un étranger. Dans le premier cas, vous terminerez la conversation en lui disant, avant de la quitter, qu’elle devrait apprendre et utiliser la langue française au Québec. Dans le deuxième cas, si vous le pouvez, faites-lui la conversation en anglais ou dans une autre langue dans laquelle elle est très à l’aise.
• Enfin, le savoir-vivre en français, c’est aussi communiquer en français avec les nouveaux arrivants anglophones et allophones qui, malgré leur accent étranger ou prononcé, font des efforts pour communiquer avec vous en français. Ce n’est pas en utilisant l’anglais que vous contribuerez à faciliter leur intégration dans notre société d’expression française.
Michel Moisan, Professeur de physique à l’UdeM
Gérald Paquette, Ex-cadre de l’OQLF