Culture

Zapartistes : « rire au lieu de pleurer »

Bien qu’il ait passé une nuit blanche, le 2 décembre au matin, François Patenaude est allumé, prêt à parler politique. Loin d’avoir fait la rumba, il terminait les textes pour la revue humoristique annuelle de son groupe Les Zapartistes, qui s’arrêtera au Métropolis du 27 au 30 décembre. Rencontre avec un activiste qui a choisi l’humour pour faire entendre sa voix.

François Patenaude répète sa revue de fin d’année. (Crédit photo : Pascal Dumont)

«On est vraiment en avance cette année, lance l’humoriste. Des fois, on finissait la veille d’écrire les textes. » Depuis maintenant dix ans, Les Zapartistes font leur revue de l’année, dans laquelle ils passent au peigne fin l’actualité avec ironie et mordant. «Une année d’actualité, c’est comme une montagne russe.

Par moments, il y a plein d’espoir et, par moments, du désespoir, affirme-t-il. En mai, on se disait que ça allait bien avec le printemps arabe. Le monde bougeait enfin. Le mouvement est finalement arrivé ici avec les occupations citadines, et maintenant tout ce qui se passe en Égypte, ce n’est pas nécessairement drôle. Il y a un peu de désillusion également avec les indignés qui se font déplacer. C’est ce qu’on va essayer de refléter avec notre spectacle.»

Pour le physiothérapeute de profession, ce genre de revue, qui permet de faire le point sur l’année, est important. « Il y a quelque chose de libérateur et de pédagogique à rire des événements de l’année au lieu d’en pleurer », affirme-t-il. Parmi ces événements, François Patenaude note l’éclatement du Parti québécois, l’apparition d’un nouveau parti indépendantiste et le rejet du protocole de Kyoto par notre premier ministre. « Stephen Harper, c’est moi qui m’en charge, lance-til à la blague. On ne dit pas que c’est un con directement. À la place, on le suggère par des situations cocasses. »

De l’humour efficace

Sans jamais tomber dans l’humour gras de blagues de pet prémâchées, comme certains humoristes, François Patenaude trouve important de se servir de la scène pour éveiller les consciences. «Ce n’est pas juste pour faire rire qu’on fait de l’humour. Avant tout, on veut faire passer des messages, dit-il. Là où l’on peut être le plus pertinent et avoir une portée politique, c’est en faisant des blagues sur Amir Khadir ou Françoise David, par exemple, parce qu’ils viennent voir le spectacle. Si l’on fait juste des blagues sur Stephen Harper, ce n’est pas très efficace parce qu’on n’est pas dans sa gang.»

Aucun sujet ne sera mis à l’écart s’il a marqué l’actualité politique en 2011, promet François Patenaude. «Je crois qu’on peut traiter de tout en humour, ça dépend de la façon qu’on le fait, avance-t-il. On ne peut pas se moquer de ce qui s’est passé en Haïti, mais on peut déplorer le fait que l’aide internationale ait tardé… pour finalement ne pas arriver.»

Les Zapartistes, humoristes engagés

Après avoir fait quelques spectacles au café L’Aparté, les humoristes François Parenteau, François Patenaude et Christian Vanasse ont eu l’idée de faire une revue de l’année politique. Dans un communiqué de presse, on apprenait récemment que François Parenteau prenait une année sabbatique pour se concentrer sur d’autres projets. Deux comédiens invités, dont Vincent Bolduc, viendront prêter main forte aux Zapartistes dans leur tournée québécoise de fin d’année, qui se tiendra du 14 décembre au 14 janvier.

Partager cet article