Voter pour son député pendant la pause d’un cours ? Pauline Marois propose d’installer des bureaux de vote dans les universités et les cégeps du Québec lors des prochaines élections provinciales. Cette mesure faciliterait l’accès au vote pour les étudiants, croit la chef du Parti québécois. Cet avis est partagé par plusieurs et l’UdeM est ouverte à l’idée.
Dans une lettre ouverte envoyée au quotidien Le Devoir le 20 novembre dernier, Mme Marois soutient que les étudiants sont désavantagés par rapport à d’autres électeurs. Après tout, observe-t-elle, les lois électorales du Québec accommodent les aînés «qui ont accès à des boîtes de scrutin directement dans plus de 700 résidences ou centres hospitaliers de soins de longue durée».
Le taux de participation des jeunes a été estimé à environ 40 % lors des élections provinciales québécoises de 2008. Celui de la population globale a atteint 57,3 %. Mathieu Traversy, député péquiste et porte-parole de l’opposition officielle pour la jeunesse, ignore si l’instauration de bureaux incitera une masse critique de jeunes à se rendre aux urnes. «On espère que les étudiants rattraperont le taux de participation des autres tranches d’âge de la population adulte québécoise», précise- t-il.
Le professeur de sciences politiques à l’UdeM et spécialiste de la participation électorale, André Blais, prévoit que la mesure proposée par le PQ visera davantage à aider les «étudiants qui vivent sur l’île de Montréal alors que leurs parents résident hors de l’île».
Souvent, les étudiants votent dans la circonscription où résident leurs parents, malgré le fait qu’ils résident sur l’île de Montréal pendant l’année scolaire. André Blais ajoute que la mesure du PQ pourrait faire augmenter légèrement le taux de participation des jeunes.
Mathieu Traversy explique que si un «jeune de Terrebonne» vote à l’UdeM, «son bulletin de vote comptera dans la circonscription où sont domiciliés ses parents.» Le député confirme aussi que cette mesure cible aussi les «jeunes de l’UdeM» qui vivent sur l’île de Montréal, chez leurs parents. Il croit que ces étudiants pourront se rendre au bureau de vote dans leur circonscription montréalaise ou à l’UdeM.
Pour sa part, Amir Khadir, député de Québec solidaire à l’Assemblée nationale, croit que les bureaux de vote dans les universités et les cégeps sont nécessaires. Beaucoup de cégépiens et d’universitaires qui étudient à Montréal «loin de chez leurs parents, n’effectuent pas un changement officiel d’adresse afin d’être inscrits sur la liste électorale de leur circonscription montréalaise ». Il ne croit pas que la mesure du PQ fera monter en flèche le taux de participation des jeunes. « Beaucoup de jeunes sont désillusionnés par la politique. Cultiver l’intérêt politique, c’est un travail de longue haleine.» Stéfanie Tougas, secrétaire générale de la Fédération des associations du campus de l’UdeM, pense que la présence de bureaux pourrait améliorer la participation étudiante au vote. De plus, Mme Tougas croit que «l’UdeM ne devrait pas avoir de problème à libérer des locaux pour la tenue des élections provinciales, qui sont des événements temporaires».
La directrice des bureaux de communication de l’UdeM, Sophie Langlois, a quant à elle indiqué que l’Université ne s’oppose pas à la mise sur pied de bureaux de vote au sein de ses murs.
Le député libéral affecté au dossier de la réforme des institutions démocratiques, Michel Matte, répond que le vote des jeunes n’est pas encore à l’ordre du jour du premier ministre, Jean Charest. Son attachée de presse a toutefois indiqué que M. Matte abordera le sujet «en temps et lieu».
Si l’Assemblée nationale approuve l’instauration de bureaux de vote et de révision à l’intérieur des universités et des cégeps, ce sera au directeur général des élections du Québec d’en établir les règles précises de fonctionnement.