En automne, on a souvent l’habitude d’écouter de la musique lente, bourrée de textes sombres, quasi dépressifs. Rien de trop bon pour nous faire oublier la température morne, la noirceur précoce des premiers jours de novembre. Pour faire changement, voici deux suggestions musicales locales, à cent lieues des rengaines plaintives automnales.
Jam et P-Dox
Souriez un peu
Habitués des joutes d’insultes verbales des Word Up Battles, Jam et P-Dox ont le sens du gag et le don de sortir des rimes percutantes, jamais trop déplacées, malgré les sacres récurrents et le langage cru de certaines chansons.
Pour leur premier maxi, le duo mise sur l’originalité des thèmes au lieu de ressasser la même sauce vantarde de certains rappeurs. Les chansons parlent de sortes de céréales (Cereal Killer), de dépendance aux médias sociaux (Mon réseau) et même de consommation excessive de pornographie (J’check du porn).
À l’écoute des six chansons, on est épaté par les tournures de phrases bien pensées du duo, leur regard neuf sur des univers propres à notre quotidien. Moment fort du maxi, Dimanche nous plonge dans la morosité du premier jour de la semaine. «Si on va au restaurant, c’est dur de trouver une table. À TVA cet après-midi, ils ont joué Beethoven 4 », lance P-Dox sur un ton blasé avec un sens de l’humour imparable. Saupoudré d’échantillons soul et jazzy, le court opus s’impose comme une des parutions les plus rafraîchissantes de l’année sur la scène locale.
Maxi disponible gratuitement sur le site souriezonvousregarde.com
L’album officiel sera disponible en magasin le 15 décembre.
Duchess Says In a FUNG DAY T!
L’électro-punk a connu une période éclatante au cours des dernières années mais est en perte de vitesse depuis quelque temps. En 2011, la figure de proue du style, LCD Soundsystem, projet de l’américain James Murphy, a déclaré forfait, et l’emblème québécois, Duchess Says, s’est avéré bien discret… jusqu’à tout récemment.
Avec son deuxième album, In a Fung Day T!, le trio montréalais ajoute à son côté trash une finesse mélodique. Les sonorités sont plus claires, le ton plus contrôlé, moins primal. Comme si après avoir sorti tout le méchant sur leur précédent album Anthologie des 3 perchoirs, le groupe pouvait mieux respirer.
Le résultat est impressionnant, teinté de new wave. Par exemple, Time to Reiterate rappelle les synthés planants à la Cars du Britannique Gary Numan, artiste mythique des années 1980, tandis que S.O.H. mêle rythmes électro-minimalistes et guitare style The Cure.
À d’autres moments, la bande d’Annie-Claude Deschênes montre qu’elle n’a rien perdu de sa fougue impulsive. Des chansons plus cacophoniques comme Antepoc ou Mayakovsky font contrepoids à une réalisation plus grand public signée Adrian Popovich et Joseph Donovan, deux experts en rock montréalais.
Album en vente depuis le 11 octobre