Des dizaines d’étudiants ont pris d’assaut le fil Twitter associé à l’émission de télévision Tout le monde en parle le 16 octobre dernier pour dénoncer la hausse des frais de scolarité de 1625 $ sur cinq ans décrétée par le gouvernement Charest. Une action initiée par la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAECUM). Une réussite selon les étudiants, mais plutôt mal reçue par les fidèles de l’émission.
Dany Turcotte, le fou du roi de l’émission Tout le en parle à la télévision de Radio-Canada, a accueilli les internautes d’une manière différente dimanche soir dernier sur son compte Twitter. «Les échanges seront plus complexes ce soir avec la manifestation…Les étudiants envahissent le fil contre la hausse des frais !», a-t-il annoncé.
Le coanimateur de l’émission faisait référence à l’événement Facebook « Pendant Tout le monde en parle, tweetez contre la hausse ! » organisé par la FAECUM la semaine dernière.
Les étudiants étaient invités à écrire des microblogues et d’y ajouter le mot-clic « #tlmep » afin que les téléspectateurs qui suivent en même temps l’émission sur Twitter lisent leur message.
Un peu avant le début de l’émission à20 heures, les messages d’étudiants québécois commençaient déjà à défiler. Valérie Lusignan, étudiante à l’Université de Sherbrooke et ex-coordonnatrice à la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a écrit des messages tels que « L’endettement n’est pas la solution! Non à la hausse ! ». De son côté, Érika Goulet-Larocque, étudiante en criminologie à l’UdeM, y est allée de messages comme « société moins éduquée =société plus attardée ».
Ces commentaires ont dérangé les fidèles de l’émission. Nancy Tremblay, gestionnaire d’une école privée, a écrit en réponse aux messages des étudiants : «Ben voyons, la hausse des frais de scolarité, tout le monde est contre ! C’est la tribune qui est prise ce soir qui me dérange. »
Une réaction tout à fait prévisible selon Patrick Dion, coauteur du livre, Comment devenir star des médias sociaux, publié en 2010. «La Fédération ne se fera pas d’amis en déboulant inopinément sur le hashtag Twitter de #tlmep dimanche soir, a prédit M. Dion deux jours avant la diffusion. Les “tweeteux” vont se sentir comme si quelqu’un débarquait dans leur salon alors qu’ils sont tranquilles et qu’ils s’amusent devant la télé. […] Je crois [que les étudiants] s’adressent au mauvais auditoire, surtout qu’en fin de compte, la portée de Twitter est minime. »
Bruno Guglieminetti, directeur de la communication numérique au Cabinet de relations publiques National, donne plutôt son aval à laméthode choisie par les étudiants. «Twitter est un excellent outil de communication pour faire entendre sa divergence d’opinion et cette “manifestation” en ligne est bien de son temps», a-t-il répondu par courriel.
Une réponse positive des étudiants
Les étudiants considèrent l’action de manière généralement positive. Sur la page Facebook créée pour l’événement, un étudiant de l’UdeM, Philippe Grand’Maison, qualifie de «vraiment original[e]» l’initiative de la Fédération.
Même constat pour Émile Beaudoin qui étudie à l’UQAM. « Belle initiative ! Il était temps que des gens fassent quelque chose au niveau des médias sociaux», a-t-il écrit deux heures avant le début de l’émission.
D’autres étudiants ne pouvaient pas participer, faute de compte. « Je n’ai malheureusement pas de Twitter mais j’vais inviter des gens à participer! », écrit Jessica Labrie, étudiante en psychologie à l’UdeM. Et pourquoi ne pas se créer un compte gratuitement pour l’occasion a demandée en commentaire une autre personne ? « Un compte Facebook prend assez de mon temps comme ça », rétorque-t-elle.
Malgré les avis partagés, Alexandre Goyer, étudiant en communications politiques à l’UQAM et adjoint administratif à l’Association générale étudiante du collège Ahuntsic, écrivait lors de la soirée de dimanche : «On trouve un autre moyen d’action que les manifestations et les gens ne sont quand même pas contents !#TLMEP».
Trois vidéos
Cette manifestation organisée par la FAECUM avait aussi comme but la promotion de trois vidéos dénonçant la hausse des frais de scolarité.
Ces vidéos imitaient le design des nouvelles publicités de l’UdeM diffusées à la télévision pendant Tout le monde en parle dimanche soir.
Dans une des vidéos préparées par la Fédération, Jean-François, étudiant à la maîtrise en sciences infirmières à l’UdeM, parle de son expérience personnelle : « Je suis aussi père de deux petites jumelles de11 mois, et infirmier d’urgence. Avec la hausse, est-ce que je vais pouvoir continuer tout ça en même temps ? »
Au lendemain de l’émission, la vidéo la plus populaire a été visionnée plus de 1470 fois sur YouTube.