Festival Pop Montréal
Il n’y a pas si longtemps, la scène country la plus bouillonnante au Québec se passait au marché aux puces de Saint- Eustache, le samedi en fin d’après-midi, avec une bière tablette à la main. C’était avant l’arrivée d’un champ gauche montréalais alternatif, à mille lieues de la country québécoise traditionnelle des Georges Hamel et Paul Daraîche de ce monde. Le festival de musique Pop Montréal a embarqué sur le cheval au galop.
Le directeur artistique de P o p Mo n t r é a l , Da n Seligman, ne s’en cache pas : il adore la musique country d’ici. «Ma chanteuse préférée au monde, c’est Katie Moore, une montréalaise, avoue-t-il. J’adore également les bonnes soirées western comme la nuit bluegrass au Barfly les dimanches et la soirée hillbilly au Wheel Club les lundis. » Cette passion l’a porté à programmer quelques artistes country pour le dixième anniversaire du festival pop qu’il a lui-même créé.
« Le terme pop dans Pop Montréal renvoie à la notion de culture populaire, à l’esprit démocratique de l’art, et non à Garth Brooks ou Shania Twain», affirme Dan Seligman pour différencier les artistes country alternatifsde ceux qui remplissent les arénas ou les stades de football, un chapeau de cow-boy sur la tête. «Nous, on programme du country underground, du vrai count r y mo n t r é a l a i s , c omme Charlotte Cornfield, Carl Spidla ou Canailles.»
Des cow-boys au coeur tendre.
Joueur de mandoline et trompettiste occasionnel pour Canailles, Érik Evans est aussi un grand fan de country local. «Malgré moi, j’ai grandi en écoutant l’album country que mon père avait enregistré à Nashville, affirme-til en riant. Et plus récemment, je suis tombé en amour avec des artistes québécois comme Avec pas d’ casque ou Be rnard Adamus. Je trouve leurs textes profonds et vrais. C’est très différent des cow-boys qui parlent de cheval et de lasso et qui habitent dans un deux et demi.»
Beau retour des choses : la plus récente révélation de l’année au Gala de l’ADISQ, Bernard Adamus, est aussi tombé amoureux avec Canailles. Tellement, qu’il a décidé de joindre le groupe à titre de membre occasionnel, signe de l’esprit spontané d’un groupe qui s’est formé en une journée lors d’un jam au Parc Lafontaine. «Je suis arrivé à un de nos spectacles et on m’a dit que j’allais devoir partager mon micro avec Bernard, affirme Erik Evans. C’est comme ça que je l’ai rencontré!»
La country en anglais.
La fraternité entre les groupes country est aussi présente du côté anglophone de Montréal. En spectacle à Pop Montréal pour le Corner Store Showcase, Carl Spidla offrira une performance en compagnie d’amis de longue date. «On va faire un hommage aux soirées improvisées qu’on animait dans l’appartement de mon ami James Irwin affirme-t-il. Un mélange de reprises, de nouvelles chansons, de surprises, du country au blues en passant même par le gospel et le Motown.»
Heureux d’avoir été invité au festival montréalais, Carl Spidla admire l’audace du festival cette année. «C’est bien que les organisateurs soient ouverts aux genres plus traditionnels de la musique, comme le country, ditil. Ça veut dire qu’ils ont des bons goûts musicaux!»