Volume 18

La transe des êtres de lumière

« Libérez la mémoire de vos cellules et augmentez le taux vibratoire de votre champ électromagnétique. » Récit épique d’un samedi de septembre à un salon de médecine énergétique.

 

« Tout le long des 33 vertèbres de votre colonne vertébrale, vous avez de la fibre nerveuse communiquant avec votre cerveau ainsi qu’avec tout votre corps cellulaire, où tout est mémorisé », explique Francine Saint-Louis, la fondatrice de Sol’Una. Sol’Una, c’est une rencontre mensuelle qui propose des ateliers, des conférences et des concerts qui tendent vers le même but: permettre aux cellules de libérer toutes les émotions vécues à travers différentes vies antérieures. Par le biais de profonds bouleversements psychologiques – et financiers – engendrés par Sol’Una, l’individu fait un voyage intérieur par lequel il découvre et prend conscience de son «soi» et le régénère. Côtoyant les anges, l’individu devient alors un être de lumière qui doit remplir la mission de sa vie à travers le développement de son don inné.

 

Rêvant secrètement d’être sublimée en vedette de karaoké du jeudi soir, j’entreprends une excursion de deux heures jusqu’à une ancienne bâtisse jésuite de Saint-Jérôme où a lieu l’édition de septembre de Sol’Una.

 

Le rassemblement se déroule dans le gymnase. J’y suis assaillie par un bruit assourdissant qui rappelle celui d’un modem des tout débuts de l’Internet. Ce sont des «battements binauraux», autour desquels la philosophie vibratoire de Sol’Una est bâtie : deux sons de fréquences légèrement décalées se mélangent pour créer une pulsation basse et profonde, aux effets relaxants et bienfaisants, non prouvés à ce jour.

 

diane beaulieu, peintre « intuitive», accompagnée de ses deux chevaux apparus pendant son sommeil tel «un flash dans la nuit ». Crédit Coline Sénac

Étape suivante de mon voyage intérieur, le concert «hypersensoriel, au-delà des sens ». Je ferme les yeux pour quarante minutes de chant dans les vibrations d’une harpe et d’un carillon de cristal. Je tente de ne penser à rien. Le claquement d’une porte toutes les cinq minutes m’empêche de le faire. J’ouvre discrètement un oeil : certains, les yeux hagards, s’adonnent aux plaisirs du vide, d’autres scrutent le visage des dormeurs ou des allumés en plein trip psychédélique: yeux ouverts aux paupières lourdes, sourires béats. Les musiciens laissent vagabonder leurs phalanges sur la harpe et les instruments de verre, leur voix sur le son cristallin, et soufflent quelquefois délicatement dans un didgeridoo en cristal. Puis silence total.

 

Bilan : je n’ai ni revu ma vie antérieure lorsque j’étais une tarentule, ni ressenti mon traumatisme quand j’ai été agressée par un loup alors que j’étais enfant, mais je me suis sentie apaisée. Au vu de l’engourdissement des membres et de la lenteur du retour à la vie des autres initiés, je me dis qu’à m’être mieux concentrée sur la musique, j’aurais pu vivre une expérience plus transcendante.

 

Si la curiosité vous pousse à vouloir vivre une transe similaire, I-Dozer, un logiciel disponible sur Internet, propose des fichiers audio de battements binauraux. Peut-être ne ferez-vous que contempler le plafond.

 

Pour ma part, grâce aux variations plus rapides de fréquences et de tonalités, cette expérience a été plus probante que celle proposée par Sol’Una.

 

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