La ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, a la tâche ingrate de défendre la hausse de 1625 $ des frais de scolarité décrétée par son gouvernement. Discussion avec une ancienne étudiante de l’UdeM, qui a obtenu un baccalauréat en psychologie en 1985. Au moment de l’obtention de son bac, les droits de scolarité étaient gelés depuis 1968…
Quartier Libre : Comment auriez-vous réagi comme étudiante si le ministre de l’Éducation de l’époque avait mis del’avant votre proposition actuelle ?
Line Beauchamp : J’aurais pris le temps de m’informer. Il faut prendre le temps d’aller lire toute l a proposition et la décision. Médiatiquement, bien sûr, la question de la hausse des droits prend beaucoup de place. Mais la bonification du régime d’aide financière devrait prendre tout autant de place. Je vous ferais remarquer qu’un étudiant boursier se voit donner en bourses toute l’augmentation des droits de scolarité. Au cours des prochaines années, la contribution des parents est continuellement réduite.
Q. L. : Cela veut-il dire que les associations ne comprennent pas la proposition du gouvernement ?
L. B. : Vous me faites dire ce que je n’ai pas dit. Une association étudiante qui s’oppose à une augmentation des droits de scolarité, ce n’est pas surprenant et je respecte ça. Mais il faut bien lire toute la proposition.
Q. L. : Les associations étudiantes remettenten question le sous-financement des universités. Les universités ont-elles vraimentbesoin de plus d’argent ?
L. B. : Oui, mais l’argent doit aller au bon endroit. Dans le budget, nous obligeons les universités à investir par exemple dans l’embauche de professeurs permanents et dans les services auxétudiants. En règle générale, la gestion des universités est correcte. Il y a eu des problématiques dans certaines universités. C’est la première fois que nous nous donnons des règles aussi directives vis-à-vis du monde universitaire, et nous nous donnons même le droit d’imposer des pénalités. Ce n’est pas pour rien. Je crois que tout ça a été bien reçu et bien accepté.
Q. L. : Les étudiants durcissent ces temps-ci leurs moyens de pression. Le gouvernement pliera-t-il ?
L. B. : Nous allons tout mettre en branle, y compris la bonification du régime d’aide financière, pour assurer l’accessibilité de tous. Mais quand on regarde l’évolution des budgets dans les universités nord-américaines, que ce soit Toronto, Vancouver ou Boston, on s’aperçoit que le statu quo n’est pas possible au Québec. J’ai une responsabilité. Nous sommes un peuple francophone en Amérique du Nord. L’épanouissement de mon peuple passe par le fait que nous ayons un réseau universitaire fort. Je vais donc doter les universités des bons budgets parce que c’est extrêmement important pour l’avenir du Québec.
L’aide financière du gouvernement
Les mesures d’aides financières sont présentées par le gouvernement Charest comme les garantes du maintien de l’accessibilité aux études. Trente-cinq pour cent des fonds supplémentaires perçus grâce à la hausse des droits seront injectés dans l’aide financière aux études.
Québec s’est engagé à compenser pleinement l’ensemble des étudiants qui touchent des bourses en vertu du système d’aide financière aux études. Ils « éviteront ainsi tout endettement additionnel », selon le budget 2011-2012 du gouvernement du Québec.
Le seuil de revenu à partir duquel un parent ou un conjoint sera considéré comme contribuant financièrement à l’éducation de l’étudiant sera augmenté de 29 000 $ à 35000 $.
Ces mesures ont été qualifiées de poudre aux yeux par les leaders étudiants. « C’est vraiment une piètre tentative de la part du gouvernement pour tenter de masquer une injustice profonde et pour tenter de calmer la colère des étudiants, a dénoncé Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante. Le ministre Bachand peut être assuré que ça ne fonctionnera pas. »