Du poivre de Cayenne, une intervention de la cavalerie, l’escouade anti-émeute, cinq étudiants arrêtés et un blessé léger : tel est le bilan de la manifestation de 2 000 étudiants contre la hausse des frais de scolarité au centre-ville de Montréal, le 31 mars dernier. Les affrontements ont eu lieu dans les dernières dizaines de minutes de la manifestation organisée par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE).
Les manifestants ont bruyamment exprimé leur mécontentement contre la hausse des droits de scolarité de 1625 $ en cinq ans, décrétée par le gouvernement Charest.
Plusieurs associations étudiantes de l’UdeM, dont celle d’anthropologie, d’Histoire et de sociologie, faisaient grève pour l’occasion. Au total, près de 60 000 cégépiens et étudiants universitaires ont débrayé dans la province.
La marche a commencé dès midi dans une ambiance festive. La police encadrait de manière stricte les étudiants. Un hélicoptère de la Sûreté du Québec survolait la manifestation. L’itinéraire n’avaitpas été dévoilé au préalable auxpoliciers.
Ce n’est qu’après avoir atteint la destination finale, le bureau montréalais du premier ministre Charest, au coin de l’avenue McGill et de la rue Sherbrooke, que les choses ont dégénéré.
« Libérez nos camarades »
Les organisateurs ont informé la foule qu’une vingtaine d’étudiants de l’ASSE effectuait une occupation des locaux de la Conférence des recteurs et principaux des universités québécoises (CREPUQ), situés dans l’immeuble Loto-Québec.
Plusieurs manifestants se sont alors précipités vers l’immeuble, quatre coins de rue plus loin, criant des « libérez nos camarades ». Des dizaines de policiers les ont empêchés d’investir l’immeuble à bureaux. Du poivre de Cayenne a notamment été utilisé. L’escouade anti-émeute et des cavaliers sontensuite intervenus. La confrontation s’est rapidement déplacée dans la rue Sherbrooke, puis dans les rues avoisinantes.
Le porte-parole de l’ASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, affirmait dans Le Devoir au lendemain de la manifestation qu’il n’y avait eu «aucune violence de la part des étudiants. Ce n’était que de la désobéissance civile tout à fait passive.»
La CREPUQ a plutôt condamné l’action étudiante. Elle a appelé les leaders étudiants, en particulier ceux de l’ASSE, à débattre de façon plus civilisée. Une employée de la Conférence des recteurs a notamment subi une double fracture du bras.
Mobilisation étudiante
Ce genre de manifestation s’inscrit dans une plus vaste mobilisation étudiante à l’échelle du Québec. Dimanche dernier, 150 étudiants ont manifesté devant un hôtel de Boucherville à l’occasion d’un colloque donné par le premier ministre du Québec, Jean Charest.
Le 6 décembre dernier, deux manifestations étudiantes réunissaient des milliers d’étudiants à Québec. Toutefois, étant donné la fin de session prochaine, la mobilisation étudiante atteindra probablementson apogée à l’automne prochain.