En avril 2011 sort le quatrième album de Timber Timbre, Creep on Creepin’ on. Le jeune groupe blues-folk (et parfois rockabilly) propose une musique à la fois ensorcelante et psychédélique. Composé de Taylor Kirk, parolier et chanteur à la voix grave et captivante ; de Simon Trottier à la guitare, aux claviers et au lapsteel et enfin de Mika Posen, seule fille et violoniste du groupe ; Timber Timbre propose un étrange voyage à travers des sonorités oniriques entre rêve et film d’angoisse. Entretien.
Quartier Libre : Votre précédent album (éponyme) était en fait votre première collaboration en tant que groupe officiel. Comment avez-vous créé Timber Timbre ?
Simon Trottier : Au départ quand j’ai rencontré Taylor, il chantait en solo à Toronto et moi j’étais le guitariste de mon groupe Ferrishweel [1]. Puis il m’a demandé de participer à certains concerts de sa tournée et à force de nous produire ensemble sur scène, créer un album en collaboration nous semblait naturel.
Q. L. : Comment travaillez-vous ensemble ? Est-ce Taylor qui propose les chansons? Qui s’occupe des arrangements ?
S. T. : Taylor écrit tous les textes tandis que Mika et moi proposons les arrangements. C’est un réel échange, mais Taylor garde toujours le dernier mot sur les arrangements finaux.
Q. L. : Votre nouvel album Creep on Creepin’ on sort en avril, comment est-il né ?
S. T. : Pour cet album, Taylor est parti au Nouveau-Brunswick où il a écrit de nouvelles chansons puis m’a envoyé les maquettes pour qu’on puisse faire les arrangements.
Q. L. : Quel message avez-vous souhaiter faire passer pour ce nouvel opus?
S. T. : On fait de la musique pour le faire plaisir, on n’a pas de messages à délivrer, ce qu’on aime c’est juste créer des ambiances.
Q. L. : Les médias s’accordent généralement à définir votre style comme dépouillé, minimaliste parfois brut. Est-ce une volonté délibérée d’être sombre et d’entretenir une certaine forme de mystère au travers de vos morceaux ?
S. T. : Il est vrai que nous avons une attirance pour les ambiances dark comme dans les films d’horreur, mais notre dernier album est plus lumineux avec de nombreux accords majeurs et un style qui ressemble plus à celui des années 1950-1960.
Q.L . : On compare aussi beaucoup votre musique à celle d’Elvis Presley ou de Leonard Cohen, comment réagissez-vous à cela?
S. T. : Ça nous fait plaisir d’être comparé à de tels maîtres ! Pour le dernier album on a d’ailleurs enregistré la voix de Taylor sur une bande magnétique et notre ingénieur du son a fait un snap-back (un délai super rapide sur la voix) comme ce qui se faisait pour Elvis à l’époque.
Q. L. : À ce propos, un de vos morceaux « To old to die young » est un morceau du chanteur country Moe Bandy, est-ce une de vos inspirations ?
S. T. : Je pense que oui, mais c’est Taylor qui écrit les chansons, il faudrait lui demander. Comme nous venons tous de milieux assez différents, nos influences sont assez variées. Plutôt underground, elles s’inspirent de musiques dans la veine de There will be blood de Johnny Greenwood (le guitariste de Radiohead) Portishead, ou encore Broadcast [2].
Q. L. : Vous commencez à avoir de plus en plus de succès de l’autre côté de l’Atlantique, vous venez d’achever une tournée en France, qu’est-ce que vous avez pensé du public français?
S. T. : C’est un public très respectueux et vraiment à l’écoute. On joue de la musique pas forte, et ils ont su nous écouter et se montrer sensible à notre musique. C’était la première fois que l’on était en tête d’affiche, auparavant on a fait beaucoup de premières parties comme celle de Patrick Watson.
Q. L. : Quelle est la suite pour vous ? Quelles destinations allez-vous prendre ?
S. T. : Pour notre prochaine tournée, on commence par le Canada en avril, puis les Etats-Unis et des dates en Europe.
Q. L. : La scène montréalaise est assez prolifique en ce moment. Quels liens entretenez-vous avec vos camarades de Malajube, Monogrenade ou Breastfeeders ?
S. T. : Je ne les connais pas tous mais j’aime beaucoup ce que fait Malajube.
Q. L. : Comment envisagez-vous l’avenir ? Le succès vous fait-il peur ?
S. T. : Nous ce qu’on espère c’est simplement de continuer à avoir du plaisir à jouer et travailler ensemble et de pouvoir sortir un prochain album très vite.
Timber Timbre sera en concert le 16 avril à Montréal, au Théâtre Corona.
[1] Ferrishweel est un groupe québécois formé de Simon Trottier (guitariste) et Mathieu Charbonneau(pianiste)
[2] Broadcast est un groupe de musique électronique anglais