Volume 18

De la télévision en Amérique

En dix ans, la chaîne américaine HBO a remporté près de 25 % de tous les Emmys, statuettes récompensant les artisans du petit écran. Son succès fait des petits, car le filon des séries télés et des ventes de DVD attire les concurrents. Une excellente nouvelle pour tous les amateurs de bonne télévision.

 

Je suis accroc aux séries télés. Je suis un admirateur de The Sopranos. La mafia est un monde obscur, qui fait frémir, gémir, qui amuse et effraie. Il me fait plaisir de voir ces hommes de l’ombre élever leur famille, vivre en banlieue et consulter le psychologue.

 

J’ai adoré Boardwalk Empire, une série historique mettant en scène le trésorier d’Atlantic City – magnifiquement joué par Steve Buscemi – lançant un réseau de contrebande d’alcool au lendemain de la prohibition. Une guerre sanglante entre les mafias de New York et de Chicago s’annonce pour le contrôle de la cité portuaire d’Atlantic City, qui recevait à l’époque des caisses d’alcool de qualité de Grande-Bretagne.

La série Boardwalk Empire fait revivre la Prohibition à atlantic City.

Je voue un culte à True Blood, superbe pied de nez érotico-parodique au très chaste et très fade et très mal joué et très prétentieux Twilight. La musique et les images m’incitent à me lancer dans un road trip en Louisiane à la fin de chaque épisode.

 

Un constat s’impose : les Amé – ricains font de la très bonne télévision. Et le fer de lance de cette invasion culturelle de haut niveau, c’est HBO, le diffuseur d’une bonne partie de mes émissions fétiches.

 

Le succès de HBO est inégalé ; depuis 10 ans, la chaîne règne sans partage sur les Emmys, où elle remporte toujours le plus grand nombre de nominations. De 2001 à 2010, HBO a totalement dominé avec ses 236 victoires et 991 nominations. Statistiquement, la chaîne remporte un Emmy toutes les quatre nominations.

 

Encore plus fort : en une décennie, la chaîne a remporté près du quart de tous les Emmys, 23,4 %, pour être exact. Une incroyable mainmise dans un pays aussi culturellement effervescent que les États-Unis.

Un modèle d’affaires au service des auteurs

 

Mais qu’est-ce qui explique le règne de HBO sur le petit écran américain ? Un modèle d’affaires basé sur un abonnement mensuel expliquerait en partie cette domination. Michael Lombardo, directeur de la programmation de HBO, se vante d’ailleurs dans une entrevue au Vanity Fair de ne pas lancer ses séries sur la base d’un f ocu s grou p ou d’un comité consensuel. « Ce n’est pas notre façon de travailler. Nous ne voulons pas le plus grand nombre de spectateurs. Ne pas dépendre de la publicité est un avantage majeur», conclut M.Lombardo.

 

Si cette approche différente attire les meilleurs, comme Steven Spielberg, Tom Hanks et Martin Scorcese, c’est parce que c’est dans un environnement créatif que le talent fleurit. «Nous sommes toujours à la recherche de scénaristes qui ont une voix distincte, une perspective unique et une façon bien à eux de raconter leur histoire » , affirme Michael Lombardo.

 

« Je pense que la télévision est devenu un média très créatif au cours des 20 dernières années», soutient le directeur de la programmation de HBO. S’il faut le répéter, voilà une excellente nouvelle pour tous les amateurs du petit écran.

Les petits de HBO

 

Le triomphe de la chaîne fait des petits. AMC, Starz, FX et Showtime s’intéressent aussi à la série lourde. Un filon payant.

 

FX : Appartient à Fox Entertainment et est lancée en 1994.Connue pour diffuser des reprises de vieilles séries de FOX et pour couvrir la très virile NASCAR, FX change de philosophie en 2002 et lance des séries à succès comme Nip/Tuck, amusante émission où deux chirurgiens plastiques de Los Angeles charcutent des vedettes. Son plus gros succès est sans contredit Sons of Anarchy, une série sur les motards qui attire aujourd’hui près de 4,8 millions de téléspectateurs par épisode.

 

AMC: Lancée en 1984, American Movie Classics, se spécialisait d’abord dans les vieux films noir et blanc. Après le succès critique de Mad Men en 2007 (la série mettant en vedette un publicitaire macho et alcoolique remporte 13 Emmy’s), elle lance Breaking Bad [voir l’article en p. 13].

 

SHOWTIME: Lancée en 1976, la chaîne est la propriété de CBS. La chaîne diffuse principalement des films, mais elle est connue depuis 2005 pour diffuser des séries à succès comme Weeds et Dexter.

 

STARZ: Lancée en 1994, la chaîne diffusait surtout des films, mais elle commence à diffuser des séries à la fin des années 1990. C’est vraiment en 2005 que Starz décide d’entrer en compétition avec HBO. The Pillars of the Earth a été sélectionnée au Golden Globes et la chaîne a annoncé en 2011 qu’elle double sa programmation originale.

 

Pendant ce temps, au Québec…

 

Le Québec, société distincte, a aussi une télé distincte. Même si les séries américaines sont très populaires et que les ventes de DVD sont très bonnes – Weeds et Lost font partie du le top 10 des ventes d’Archambault – la télévision québécoise continue de diffuser des oeuvres de qualités.

 

La très populaire série 19-2, qui dévoile la vie des policiers d’un quartier défavorisé de la métropole, attire plusieurs centaines de milliers de spectateurs et fait jaser. Dans Minuit le soir, succès incontestable, la nuit montréalaise était habitée de solitude, de violence, de misère et de drogues. Le décor ? Montréal, avec ses lampadaires, ses bars et ses ruelles.

 

Mais attention, tout n’est pas rose dans le milieu de la télé québécoise. Le budget est de plus en plus restreint, et après l’éradication des séries lourdes (plus de 700000 $ par épisodes), les grands réseaux cherchent encore à réduire les coûts. Sans financement public, point de télévision de qualité. (Charles Lecavalier et Charlotte Biron)

 

 

 

Partager cet article