Selon les plus récentes statistiques de l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children, 24 enfants en moyenne en Haïti ont perdu la vie ou ont été blessé·e·s chaque mois en 2024 en raison de la violence armée qui sévit dans le pays. Faute d’avoir accès à toutes les données, les spécialistes estiment que ce nombre serait beaucoup plus élevé.
Depuis la reprise de la violence armée dans le pays en 2022, l’année 2024 a été la plus meurtrière enregistrée chez les enfants, avec une augmentation de 68 % des cas de décès ou de blessures par rapport à l’année précédente, d’après l’analyse de données effectuée par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Ainsi, 289 enfants ont été blessé·e·s ou tué·e·s en 2024, contre 172 en 2023.
Dans un nombre considérable de cas, les enfants de moins de 18 ans sont soit recruté·e·s soit enlevé·e·s et composent entre le tiers et la moitié des membres des groupes armés. Entre octobre et décembre derniers, au moins un·e enfant tué sur trois était affilié·e à ces groupes, selon l’ONU.
Cette situation inquiète grandement les ONG, en plus des violences sexuelles subies chez les jeunes depuis l’intensification des conflits sur le territoire. Celles que subissent les jeunes filles sont devenues un fléau qui a « transformé leur corps en un champ de bataille », a dénoncé l’ONU par voie de communiqué le 9 février dernier.
« Les enfants vivant dans des zones où les combats sont actifs ne peuvent pas aller à l’école en toute sécurité, jouer dehors, marcher dans la rue ou être dans une voiture sans la menace constante de la violence », a déclaré la directrice nationale de Save the Children en Haïti, Chantal Sylvie Imbeault.
Le vide politique qui s’est créé à la suite de l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 a constitué un terreau fertile pour la reprise de la violence entre les groupes armés qui se disputent le contrôle du pays. Haïti, qui règne dans l’instabilité depuis plusieurs décennies, ne parvient toujours pas à se relever. Aujourd’hui, les groupes armés contrôlent 85 % de la capitale, Port-au-Prince, et de ses environs.
Tandis que les affrontements entre la police et les groupes armés se poursuivent, les femmes et les enfants restent les principales victimes du conflit. La violence reste omniprésente et se manifeste par le vide politique dans le pays.
Depuis longtemps, cette île des Caraïbes fait face à des problèmes structurels et politiques enracinés dans son histoire. Les institutions haïtiennes n’ont pas su, jusqu’à maintenant, enrayer la violence, qui devient de plus en plus répandue et normalisée.
Crédit photo: Bruno Le Bansais