Un combat serré
Apple et Google s’affrontent sur le marché des téléphones intelligents depuis plus de trois ans. Lors du Mobile World Congress, qui avait lieu du 14 au 17 février à Barcelone, le patron de Google, Eric Schmidt, a révélé qu’Android activait plus de 350000 téléphones par jour dans le monde.
Google s’imposerait de plus en plus face au géant du téléphone Apple qui compte plus de 366000 activations d’appareils (iPhone, iPad, iPod touch) chaque jour sous le système d’exploitation mobile iOS.
Bruno Guglielminetti, ancien journaliste spécialiste des technologies et aujourd’hui directeur des communications numériques chez National, la plus grande firme de relations publiques au Canada, explique que «l’ascension de Google dans la téléphonie mobile se fait discrètement. Mais la technique fonctionne, puisqu’il y a maintenant davantage de téléphones sous Android que d’iPhone aux États-Unis.»
Depuis le 2 février, Google a rendu disponible une plateforme de téléc h a r g eme n t d ’ a p p l i c a t i o n s mobiles pour les cellulaires fonctionnant sous le système d’exploitation Android, l’Android Market, pour faire concurrence à l’App Store d’Apple. Les applications mobiles sont des logiciels qui permettent aux utilisateurs de téléphones intelligents de répondre à de multiples besoins, comme écouter la radio FM ou imiter des bruits de sabres laser.
Près de 100000 de ces applications sont déjà disponibles sous Android, un bon début, qui ne surpasse toutefois pas les 350000 applications de l’App Store. Si le prix d’un logiciel mobile oscille autour de 0,99 $ chez les deux concurrents, 35 % des logiciels d’Android sont gratuits, alors que cette proportion est de 25 % sur l’App Store.
Une étude dévoilée lors du Mobile World Congress indique une augmentation de 127 % des applications pour Android contre 44 % pour Apple depuis août 2010. Selon cette même étude, l’Android Market devrait offrir plus d’applications mobiles que l’App Store au milieu de l’année 2012.
Apple : L’indétrônable
Dès sa sortie en septembre 2007, l’iPhone bénéficie d’un système d’exploitation simple et aéré et de la technologie multitouche, une surface tactile sensible aux mouvements des doigts et directement liée au succès de l’iPhone.
Nommé « Invention de l’année 2007» par le Time, «l’iPhone aura toujours une longueur d’avance tant qu’il sera le seul avec sa plateforme de téléchargement d’applications centralisée», explique Bruno Guglielminetti. Une situation qui change avec l’arrivée de l’Android Market.
Quand il s’agit de développement d’applications, Apple exerce un contrôle très fermé grâce à son propre langage de programmation. «Ce contrôle “maniaque” est une formule qui fonctionne très bien depuis le début de l’existence d’Apple et cela n’empêchera jamais son succès», explique Alain McKenna, journaliste spécialisé dans le secteur des technologies.
Ce qui pourrait cependant porter préjudice à la Pomme, c’est la résistance aux technologies développées en dehors de son système. «Le format vidéo Flash, développé par Adobe, est très présent sur le Web et il n’est pas supporté par l’iPhone. Ça cause des problèmes de compatibilités avec certains sites Internet», dit M. McKenna.
Android : Le polyvalent
À la fin de 2007, Google décide de lancer son propre système d’exploitation mobile entièrement gratuit et Open Source: Android. Un logiciel Open Source permet aux utilisateurs et aux concepteurs de logiciels d’avoir accès aux codes sources du programme pour pouvoir plus facilement adapter le système d’exploitation.
À la grande différence d’iOS, «Android n’est pas confiné à un seul appareil cellulaire, car Google le distribue gratuitement aux fabricants de téléphones mobiles, et surtout il est facilement modifiable par les concepteurs de logiciels et les utilisateurs», explique Alain McKenna. Android est disponible sur plus de 170 appareils et est offert par plus de 160 opérateurs téléphoniques à travers le monde.
Le caractère Open Source du système développé par Google reste son point fort. Grâce à l’interface Web App Inventor qui permet de développer une application qui sera disponible sur l’Android Market, les concepteurs de logiciels et utilisateurs du système Android peuvent créer librement et très facilement des applications. «Cependant, la diversité des modèles de cellulaires utilisant Android peut mettre en péril ce système de développement libre qui demanderait une version différente de certaines applications pour chacun des modèles », indique M. McKenna.
La promotion du système Android reste très sommaire. « La stratégie de marketing est laissée entre les mains des fabricants de téléphones mobiles qui ont déjà une clientèle très spécifique », ajoute Alain McKenna. Google part du principe que l’utilisateur doit pouvoir utiliser le téléphone de son choix tout en bénéficiant du système Open Source. « Ce qu’un utilisateur d’Android recherche c’est avant tout un téléphone plus performant », explique