Campus

Le sport électronique, entre compétition et communauté

Lauréat du prix Meilleur programme d’esport académique du Gala esports québécois en 2023, le
club de sport électronique de l’UdeM demeure méconnu de la population étudiante. Rencontre avec
un groupe de passionné·e·s déterminé à faire rayonner une discipline en plein essor.

Quartier Libre a rencontré quelques membres du club de sport électronique de l’UdeM, UdeM Esports, à
l’occasion d’un tournoi à l’École de technologie supérieure (ÉTS) en novembre dernier. Cette rencontre a
permis à l’équipe du journal de vivre une immersion directe dans leur habitat naturel.

À l’arrivée de Quartier Libre sur les lieux, des dizaines de joueur·euse·s étaient assis·e·s aux tables
disposées en rangées dans l’aire commune, chacun·e concentré·e sur le jeu s’affichant sur son écran. «Des jeux vidéo, il y en a plein, c’est ça qui est cool avec l’esport, affirme l’étudiant en médecine vétérinaire et
président du club, Ludovic Nadeau-Lachance. Tu as plein de jeux différents, tu as de nouveaux jeux qui
sortent, et il y a des compétitions autour de ces jeux-là. »

Dans le cas de l’UdeM, les membres du club sont réparti·e·s en quatre divisions. Chacune d’elles
correspond à l’un des jeux vidéo pour lesquels ils peuvent choisir de participer à des compétitions (Rocket
League
, Valorant, League of Legends et Overwatch 2). Chaque division regroupe de une à quatre équipes,
qui classent les joueur·euse·s selon leur niveau. « On essaie de prendre le plus de monde possible pour que même des personnes avec un moins haut niveau puissent jouer contre des gens de même niveau qu’elles, pour qu’elles puissent apprendre en contexte de compétition », précise Ludovic.

Les équipes évoluent principalement au sein de la National Esports Collegiate Conference (NECC), une
ligue universitaire nord-américaine qui leur permet d’affronter d’autres équipes partout au Canada et aux
États-Unis, la distance n’étant pas un obstacle pour ce sport principalement pratiqué en ligne. Le club de
sport électronique de l’UdeM compte parmi les clubs sportifs1 de l’Université. Des étudiant·e·s bénévoles
gèrent donc entièrement ses activités.

Les joueur·euse·s jouent à Rocket League, Valorant, League of Legends ou Overwatch 2 lors des compétions. / crédit photo : Benjamin Harnois

Une occasion de socialisation

Ouvert à l’ensemble de la communauté étudiante, UdeM Esports regroupe des membres de divers
programmes d’études, avec une représentation particulièrement marquée des domaines du génie logiciel,
de l’informatique et, sans surprise, des jeux vidéo. Fait notable : les étudiant·e·s internationaux·ales
comptent pour environ la moitié des joueur·euse·s. Pour ceux et celles-ci, mais aussi pour l’ensemble des
membres, la participation au club constitue une occasion de socialisation intéressante. « Ce sont souvent des gens qui jouent aux jeux vidéo chez eux, qui n’ont pas vraiment de contacts sociaux, et le fait de jouer
au jeu qu’ils aiment avec une équipe, ça change complètement la donne »
, souligne l’ancien étudiant à la
majeure en jeu vidéo et vice-président du club, Simon Perrault.

Diverses activités de consolidation d’équipes, notamment des jeux d’évasion ou des expériences de réalité
virtuelle, permettent d’ailleurs aux membres de tisser des liens au-delà du jeu, un avantage qui plaît à
l’étudiante au DESS en design de jeux et membre du club Jeanne Dormoy. « Ça permet d’avoir des
contacts dans la vie réelle avec les gens avec qui tu joues,
témoigne-t-elle. Je me suis fait plein d’amis, on
se voit même en dehors du club. Il y a vraiment de bons liens qui se créent. »

L’étudiante au DESS en design de jeux et membre du club Jeanne Dormoy en discussion avec un
coéquipier. / crédit photo : Benjamin Harnois

Un milieu inclusif ?

Un autre attrait du sport électronique réside dans son accessibilité à tous·tes, indépendamment du genre ou des caractéristiques physiques. « Ce qui est intéressant en esport, c’est qu’on peut avoir des équipes
mixtes, ce qui n’est pas nécessairement le cas des sports traditionnels
, ajoute Simon. Tu peux jouer, que tu sois une fille ou un gars, que tu mesures 6,4 pieds ou 5,2 pieds ». Cette inclusivité potentielle se traduit-
elle, toutefois, réellement par une représentation significative des femmes dans le domaine ? « Il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a de plus en plus, constate le vice-président du club. Il y a beaucoup [de
femmes] qui subissent du sexisme dans les jeux vidéo, malheureusement. C’est un climat assez toxique. »

Jeanne, qui a connu son lot de misogynie en tant que femme participant à des jeux en ligne, partage ce
constat. « Dès qu’ils réalisaient que j’étais une femme, mes coéquipiers votaient pour m’expulser du jeu,
peu importe mes performances
, déplore-t-elle. Je me faisais souvent dire des remarques du genre
“retourne à la cuisine”, des choses comme ça. »

Elle précise en revanche avoir vécu une expérience beaucoup plus positive au sein du club, qui ne tolère
aucune forme d’intimidation ou de discrimination. « La politique anti-sexisme est très claire et respectée,
assure-t-elle. Je sais que si jamais un autre joueur dit quelque chose [de sexiste], je peux aller en parler et
ça va être réglé. »

Des joueur·euse·s et des écrans à perte de vue lors du tournoi à l’École de Technologie Supérieure le 2 noveambre dernier. / crédit photo : Benjamin Harnois

Objectifs et défis

Les membres du club de sport électronique, qui s’entraînent principalement à la maison, espèrent pouvoir
disposer prochainement d’un local sur le campus pour pratiquer leurs activités. Une subvention à cet effet
leur a d’ailleurs été octroyée en 2022, mais les démarches n’ont pas abouti en raison d’embûches
administratives. « Ce qui est cool avec un local, c’est que tu vois tes coéquipiers en vrai quand tu joues,
poursuit Ludovic. Ça permet de développer des liens plus solides qu’en jouant juste en ligne. »

Les dirigeant·e·s du club souhaitent également accroître la visibilité de leur organisme, qui demeure peu
connu des étudiant·e·s, notamment celles et ceux appartenant à leur public cible. « Même des gens qui
jouent beaucoup ne savent pas qu’il y a un club à l’université »
, regrette le président du club. C’est
d’ailleurs dans le but de mieux faire connaître ses activités, jusqu’ici diffusées principalement par bouche-à-oreille, que le club a créé son site Web en 2023. Le regroupement est aussi actif sur divers réseaux
sociaux, comme Instagram, Discord, Twitch et YouTube. « Notre objectif, c’est vraiment de recruter le
plus de monde possible »
, insiste Ludovic.

Le club, qui a reçu le prix Meilleur programme d’esport académique au Québec lors du Gala esports
québécois en 2023, espère plus largement contribuer à l’essor du sport électronique sur la scène
universitaire provinciale, où ce domaine demeure peu développé par rapport aux États-Unis ou à la
France. « On essaie d’imposer un standard professionnel pour amener les autres universités à s’impliquer
là-dedans »
, précise Simon.

Le titulaire d’une majeure en jeu vidéo et vice-président d’UdeM Esports Simon Perrault supervisant la
performance des joueur·euse·s. / crédit photo : Benjamin Harnois

En savoir plus sur UdeM Esports :
● Site Web : udemesports.com
● Compte X : @udemesports
● Compte Instagram : @esportsudem
● Compte Twitch : Club de sport électronique de l’UdeM – Serveur vocal officiel
● Chaîne YouTube : UdeM Esports

  1. Le programme des clubs sportifs de l’UdeM permet d’agrandir l’offre sportive de l’Université. Les
    membres en gèrent l’administration, le financement et les opérations, contrairement aux équipes
    de sport d’excellence des Carabins, que le CEPSUM crée et gère directement.

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