Le 20 novembre dernier, la librairie Un livre à soi a reçu l’auteur Kev Lambert à l’occasion de la parution de son roman Les sentiers de neige. Quartier Libre s’est rendu à cette rencontre, animée par la journaliste Chantal Guy.
Le récit du roman Les sentiers de neige se déroule du 23 décembre 2004 au jour de l’An. Pour Zoey, huit ans, cette période est un tourbillon d’émotions. Entre le divorce de ses parents, le harcèlement scolaire qu’il subit¹ et les lourds secrets qu’il refoule, ses préoccupations laissent peu de place à l’insouciance. Avec sa cousine Emie-Anne, l’enfant se lance dans une quête imaginaire pour affronter ses peurs.
Fiction intime
Pour écrire son quatrième roman, Kev Lambert s’est replongé dans ses propres souvenirs de Noël. «Culturellement, les enfants sont censés adorer cette fête, mais pour l’enfant différent que j’étais, ces réunions de famille étaient assez violentes, se souvient-il. J’aimais ces gens, mais ils pouvaient être durs avec moi.»
Bien qu’il s’inspire d’éléments intimes, l’auteur insiste sur sa volonté de créer un objet de fiction indépendant, détaché de sa personne. « Je ne travaille pas de manière autobiographique, j’ai toujours besoin d’une forme de translation », explique-t-il. Il ajoute que certains aspects tirent leur origine d’un manque dans sa propre vie, comme le personnage de Josiane, une tante nouvellement arrivée dans la famille qui devient une alliée pour les protagonistes. « Je l’ai intégrée, car j’aurais aimé qu’une figure comme elle existe, qui aurait été plus attentive, douce, bienveillante envers les enfants que nous étions », révèle l’auteur.
Hommage à la littérature de l’imaginaire
Chantal Guy décrit Les sentiers de neige comme un « éloge de l’imaginaire », en particulier des œuvres qui ont construit l’auteur quand il était jeune. Kev Lambert explique qu’il souhaitait, en effet, revenir à son premier contact avec la littérature, à travers « ces fameuses histoires où un enfant découvre un monde imaginaire dans lequel il a enfin sa place ». Au-delà d’un simple hommage, le récit ouvre une réflexion sur certains mécanismes de cette littérature. « L’intrigue classique du roman fantasy ou fantastique serait celle que les enfants voudraient vivre : trouver une porte vers une autre dimension, faire partie d’une grande mission dans laquelle ils vont sauver le monde, assure l’auteur. Mais la vraie intrigue n’est pas tout à fait celle qu’ils espéraient.» Au cours du roman, les protagonistes font face à une désillusion, puisque l’imaginaire les amène à faire face à leurs blessures, au lieu de leur servir d’échappatoire.
«La littérature m’a sauvé la vie quand j’étais enfant, mais, en vieillissant, je me suis rendu compte que tous ces mondes imaginaires n’existaient pas, que j’étais bloqué dans celui-là, confie Kev Lambert. On peut être en colère contre ce constat, mais je pense qu’on a besoin de cette promesse, comme de la déception.»
1. Pour désigner Zoey, l’un des deux enfants du roman, l’auteur utilise le pronom «il» la majorité du temps, mais le personnage devient «elle» vers la fin du récit.
Kev Lambert, Les sentiers de neige, Montréal, éditions Héliotrope, 2024
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