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L’ASSÉ ? De quessé ?

Ils sont déterminés, vaillants, mais peu nombreux. Les partisans de l’ASSÉ (Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante) à l’UdeM détonnent. Mais qui sont ces militants? Des uqamiens égarés qui se sont trompés de station de métro? Qu’est-ce qui a bien pu mettre la vieille dame du mont Royal sur le chemin de ces radicaux assoiffés de grèves et de manifestations?

Si la majorité de la vie associative de l’UdeM est sous la chape de FEUQ et de la FAÉCUM, certaines associations ont choisi une autre voie, celle de l’ASSÉ. De l’avis de tous, des représentants des associations locales comme de l’ASSÉ, c’est d’abord par idéologie que certains groupes d’étudiants se joignent à l’association nationale la plus à gauche de la politique étudiante du pays.

Ils adhèrent aux objectifs de l’ASSÉ – comme la gratuité scolaire –, mais aussi à ses moyens d’action plus musclés, parfois critiqués, mais jamais ennuyants. «On ne se voyait vraiment pas appuyer idéologiquement la FAÉCUM. L’ASSÉ représentait davantage ce qu’on pensait, affirme Julie Plourde, en charge des affaires externes pour l’association des étudiants en histoire de l’UdeM. Elle bouge, elle agit, elle fait quelque chose. C’est ça, son point fort.»

Frédéric Legault, l’homologue de Julie Plourde au sein de l’association d’anthropologie, affirme que l’accessibilité à l’éducation figure parmi les principales valeurs qui unissent les membres de son association à l’ASSÉ. Du même souffle, il ajoute que le fait d’être membre de l’ASSÉ n’oblige pas son association d’adhérer à toutes ses positions ou à appuyer toutes ses actions.

S’il était dans la même pièce, le porte-parole de l’ASSÉ, Gabriel Nadeau-Dubois, aurait sûrement applaudi. «On respecte de façon pleine et entière les décisions qui sont prises dans les associations étudiantes », affirme le visage médiatique de l’ASSÉ, aussi étudiant à l’UQAM. Selon M. Nadeau-Dubois, les associations membres de l’ASSÉ à l’UdeM n’ont pas à avoir une confiance aveugle en l’association nationale.

Mais pourquoi si peu d’associations de l’UdeM veulent-elles se joindre à l’ASSÉ? Alors que l’ensemble des étudiants en sciences humaines et en arts de l’UQAM y sont, il n’y a que les associations de sociologie, d’anthropologie, d’histoire et de science politique et de philosophie de l’UdeM qui adhèrent à l’ASSÉ.

«Il ne faut pas être naïfs non plus, dit, frondeur, Gabriel Nadeau-Dubois. C’est sûr qu’il existe une tradition de mobilisation plus importante à l’UQAM. Mais le dynamisme politique, ce n’est pas quelque chose qui naît spontanément. Nous avons confiance qu’une bonne partie de la population étudiante de l’UdeM veut faire de même.»

Selon Julie Plourde, l’image extrémiste qu’a l’ASSÉ peut expliquer en partie le sentiment de répulsion que plusieurs ressentent au son de l’acronyme. «Oui, j’ai déjà vu des maoïstes et des anarchistes aux congrès de l’ASSÉ, mais l’assemblée est capable de prendre des décisions sans être influencés par ces idéaux-là», affirme-t-elle.

Le nouveau conseil exécutif, moins jusqu’au-boutiste que les précédents, y serait pour beaucoup, d’après elle. Un adieu aux armes ? Seule fausse note dans le portrait, Bruno-Pier Talbot, président de l’association de sociologie de l’UdeM (RÉÉSUM), avoue du bout des lèvres qu’il croit que son association quittera sous peu l’ASSÉ. «Ce n’est pas à cause d’un point de vue idéologique. Personnellement, je trouve que l’ASSÉ n’encadre pas ses associations », dit-il.

Le président confie ensuite que son organisation n’en fait peutêtre pas assez de son côté. «En ce moment, le RÉÉSUM ne fait juste pas sa part dans l’ASSÉ. […] On est un peu des membres fantômes.» L’association aurait d’ailleurs arrêté de verser ses cotisations à l’ASSÉ, pour cause de réexamen du dossier.

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