Société

Certain·e·s étudiant·e·s du Certificat en journalisme de l’UdeM trouvent un emploi avant même de terminer leur formation. Crédit photo : Clément Souchet

Un certificat à durée variable

Le certificat en journalisme multiplateforme de l’UdeM attire des étudiant·e·s aux parcours variés, qui, pour diverses raisons, n’achèvent pas toujours leur cursus dans les délais prévus. Facteurs personnels, contraintes professionnelles et structure du programme expliquent en partie cette tendance.

« Mon plan, c’était de le compléter [NDLR : Certificat en journalisme], mais j’ai eu des opportunités professionnelles en cours de route, explique l’ancienne étudiante Florence La Rochelle. Pendant mes études, j’essayais de multiplier les expériences en dehors de l’école, car le journalisme s’apprend beaucoup sur le terrain, et ça m’a ouvert les portes d’un emploi. »  

Cette ancienne consultante en stratégie d’affaires, qui occupe désormais un poste de journaliste à Montréal, s’est inscrite au certificat à l’automne 2022. À ce jour, elle devrait encore suivre quatre cours pour le terminer. 

D’autres étudiant·e·s se sont inscrit·e·s pour « ajouter des cordes à [leur] arc », mentionne l’ancienne étudiante Laura*, qui avait fait ce choix pour « essayer quelque chose de nouveau ». Elle a finalement décidé de quitter le programme au bout d’un an et demi et après avoir suivi six cours, car ses objectifs étaient atteints. 

Pour cette professionnelle qui œuvre dans le domaine de la télévision depuis plus de 20 ans, la décision de s’inscrire au certificat en journalisme est née d’un désir de changement. « J’avais un peu l’impression d’avoir fait le tour, alors j’ai eu envie d’apprendre à faire du journalisme écrit, de style magazine », précise-t-elle.

Malgré cet élan initial, Laura admet toutefois n’avoir jamais eu l’intention de terminer le programme. L’approche « à la carte » de celui-ci lui a donc permis de sélectionner les cours qui l’intéressaient vraiment, mais sans la pousser à aller plus loin. 

Par ailleurs, l’ancienne étudiante estime que les cours de base ne lui ont pas apporté les compétences nécessaires à sa pratique journalistique : « J’y ai appris comment écrire de l’actualité, avec le principe de la pyramide inversée, mais sinon, le magazine, c’est vraiment quelque chose de complètement différent [de ce qu’on m’a enseigné] », souligne-t-elle. 

De plus, le diplôme n’est souvent pas un critère décisif pour obtenir un emploi en journalisme, un milieu qui valorise davantage l’expérience pratique. « Il n’y a personne qui va dire : “ah, je t’aurais vraiment confié la rédaction d’un article dans mon magazine, mais vu que tu n’as pas de diplôme en journalisme, je ne le ferai pas” », affirme-t-elle. 

Un programme vieux d’un demi siècle 

Le certificat en journalisme est un programme de formation de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal qui a fêté ses 50 ans l’année passée. 

Il s’est récemment renommé « certificat en journalisme multiplateforme » pour refléter les évolutions technologiques dont doivent maîtriser les aspirants journalistes. 

Selon l’UdeM, le programme fait toujours part d’un bon succès auprès des étudiant·e·s, notamment lors de la pandémie où les inscriptions ont augmenté.

« Tout faire pour accommoder les étudiants »

La responsable du certificat en journalisme multiplateforme, Caroline Bergeron, note que le programme est conçu pour un public qui travaille souvent à temps plein et étudie donc à temps partiel. De plus, tous les cours ne sont pas offerts chaque session en raison de cohortes peu nombreuses, ce qui oblige les étudiant·e·s à attendre parfois plusieurs mois pour avancer dans leur cursus. L’atelier radio, par exemple, a été donné pour la dernière fois à l’automne 2023 et ne sera pas redonné avant l’hiver 2025. 

« Plus la durée des études est longue, plus les risques de non-persévérance sont élevés », constate Mme Bergeron. Pour tenter d’endiguer ce phénomène, elle mise sur l’accompagnement des étudiant·e·s et la reconnaissance de leurs acquis expérientiels. Elle déclare ainsi s’efforcer de « tout faire pour accommoder les étudiants », reconnaissant que chacun·e a des besoins différents, et que des ajustements peuvent être nécessaires pour leur permettre de terminer leur certificat. 

Caroline Bergeron est responsable du certificat en journalisme multiplateforme de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal depuis octobre 2022 I Photo de courtoisie

Les contraintes du marché du travail, notamment par l’entremise de stages qui mènent à des emplois, compliquent également la situation. « Il arrive parfois que des étudiants, à la suite d’un stage, continuent dans le même média et ne terminent pas leur programme », ajoute la responsable du certificat. 

De plus, plusieurs jeunes journalistes débutent leur carrière en région, ce qui ne facilite pas l’obtention de leur diplôme. Par exemple, en l’espace d’un an, deux étudiants du certificat ont décroché un emploi à Sept-Îles, sur la Côte-Nord alors qu’ils n’avaient pas encore terminé leur cursus.

L’aspect financier

Les désistements en milieu de parcours n’ont pas de réelle conséquence sur le financement du programme. « On n’a pas, par exemple, comme aux études supérieures, un genre de bourse ou de subvention à la diplomation, souligne Mme Bergeron. Donc, si un étudiant ne finit pas, c’est plus pour lui que c’est dommage que pour nous, malheureusement. »

Néanmoins, ce phénomène impacte « indirectement » la santé financière du certificat, puisque moins d’inscriptions entraînent moins de rentrées d’argent. « Lorsque la persévérance est faible, ce sont des revenus non réalisés qui pénalisent la planification du programme », explique-t-elle.

La solution : l’innovation

Si un certain nombre d’étudiant·e·s poursuivent leur cursus à temps partiel ou abandonnent le programme, de plus en plus suivent celui-ci à temps plein, en particulier les étudiant·e·s internationaux·ales, car les politiques en vigueur en matière d’immigration ne les autorisent pas à effectuer leurs études à temps partiel. Mme Bergeron mentionne toutefois être en mesure de bien souvent « les faire terminer en trois sessions : automne, hiver et été, selon leur disponibilité et selon leur choix de cours ». 

Les étudiant·e·s peuvent désormais réaliser une émission de radio au cours d’une session pour aller au bout de leur certificat dans les délais prévus. Celle-ci est alors créditée comme un stage, grâce à un nouveau partenariat avec la radio étudiante de l’UdeM, CISM. Mme Bergeron juge l’initiative très intéressante également pour les étudiant·e·s internationaux·ales qui n’ont pas forcément les contacts nécessaires pour effectuer un stage en entreprise.

*À la demande de l’intervenante, le prénom a été modifié.

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