En janvier dernier, le gouvernement du Canada a annoncé vouloir réduire le nombre d’étudiant·e·s internationaux·ales sur le territoire à partir de la rentrée 2024. Si cette mesure a des effets à l’échelle nationale, l’UdeM reste relativement peu touchée.
En cette session d’automne 2024, une inquiétude plane au-dessus des universités canadiennes. En effet, le nombre d’inscriptions d’étudiant·e·s étranger·ère·s a fortement baissé, tout comme les demandes de permis d’études.
Pour le Québec, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) comptait 10 480 détenteur·rice·s de permis d’études en juillet 2024, contre 18 395 en juillet 2023, selon les dernières données mensuelles récoltées. La province francophone a pourtant bénéficié d’une hausse de ses quotas au cours des réattributions fédérales, avec un plafond d’approbation fixé à 43 629 permis d’études, soit 10 % de plus que l’année dernière.
Restrictions fédérales
Le point de vue gouvernemental est clair : bien que les étudiant·e·s étranger·ère·s ne soient pas responsables des défis démographiques, leur présence « exerce une pression sur le logement, la santé et d’autres services », selon le ministre d’IRCC, Marc Miller.
La croissance démographique, en outre, entre en conflit avec l’engagement de réduire les résident·e·s temporaires du Canada à 5 % de la population totale d’ici fin 2026. Dans cette optique, le plafond national pour 2025 sera fixé sur la base d’une réduction de 10 % par rapport aux objectifs de 2024, et se stabilisera au même niveau pour 2026.
En janvier 2024, le gouvernement fédéral a donc établi un plafond au nombre d’étudiant·e·s étranger·ère·s admis au Canada dans le but, notamment, de mettre un frein à la crise du logement. La révision des quotas a ainsi eu pour but de réduire de 35 % l’attribution des permis d’études à l’échelle du Canada par rapport à 2023, pour ne plus en octroyer que 360 000.
De plus, IRCC a mis en place un taux national d’approbation de 60 % pour les demandes de permis d’études concernant les programmes de premier cycle universitaire.
Les étudiant·e·s internationaux·ales au Canada en chiffres
- 11 % étudient au Québec;
- 29 % d’augmentation entre 2022 et 2023;
- 60 % d’augmentation ces cinq dernières années;
- plus de 200 % d’augmentation au cours de la dernière décennie.
Source : Bureau canadien de l’éducation internationale
Entre stabilité et incertitudes
« Les changements apportés au programme des étudiants internationaux n’étaient pas encore entrés en vigueur pendant la saison la plus occupée en matière de traitement et de délivrance des permis d’études, précise la conseillère en communications chez IRCC Julie Lafortune. Une fois les mois d’août et de septembre pris en compte, nous espérons pouvoir mieux évaluer l’effet du plafond. » Selon elle, identifier l’impact des décisions fédérales sur les demandes de permis d’études est donc prématuré.
L’UdeM estime également que le moment de tirer des conclusions n’est pas encore venu. « Il se pourrait que nos chiffres de nouveaux inscrits soient un peu surreprésentés », confie néanmoins la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara. En effet, les étudiant·e·s internationaux·ales qui n’ont pas pu se présenter sur le sol canadien ont jusqu’à la mi-octobre pour procéder à leur désinscription. L’Université ne pourra confirmer le nombre d’étudiant·e·s touché·e·s qu’après cette échéance.
Les données au 16 septembre 2024 indiquent toutefois déjà une baisse de 3 % des nouveaux·elles inscrit·e·s étranger·ère·s par rapport à la même date l’année dernière. Les réinscriptions des étudiant·e·s dont le cursus est déjà amorcé tempèrent néanmoins cette réduction des effectifs. Ainsi, le nombre d’étudiant·e·s internationaux·ales serait finalement en hausse de 2 %. L’UdeM aborderait donc cette année universitaire 2024-2025 avec une certaine stabilité de sa population étudiante internationale.
Grâce à son statut d’université francophone, l’UdeM minimise l’incidence des quotas de permis d’études. Selon Mme O’Meara, la baisse des nouvelles inscriptions s’expliquerait « moins par les seuils gouvernementaux que par l’impression générale véhiculée ces derniers mois que le Canada n’est plus un pays accueillant pour la communauté étudiante internationale. » La porte-parole de l’Université explique que le tourbillon médiatique que la réforme d’IRCC a causé pourrait en effet influencer les étudiant·e·s qui souhaitent étudier à l’étranger dans leur choix du pays d’accueil.
« Bien que certaines des réformes mises en place par IRCC au cours de la dernière année puissent avoir influé sur la décision des étudiants internationaux de demander ou non un permis d’études, assure Mme Lafortune. Notre priorité est de renforcer l’intégrité du programme des étudiants internationaux afin de nous assurer que tout soit mis en place pour la réussite des étudiants qui arrivent au Canada. »
Des conséquences minimes
« On garde le cap, on veut continuer à bien accueillir cette communauté, affirme Mme O’Meara. Le débat de ces derniers mois s’est limité aux effets administratifs et financiers, alors qu’un étudiant international est bien plus qu’un chiffre et des sous. »
La porte-parole de l’UdeM rappelle d’ailleurs l’importance de la population étrangère pour l’établissement, pendant et après ses études. « Sur place, elle inspire les étudiants québécois à s’ouvrir au monde grâce au mélange culturel, explique-t-elle. Une fois de retour dans leur pays, les étudiants étrangers deviennent des ambassadeurs très importants pour nous, une valeur ajoutée.» Elle ajoute que ce sont des personnes qui ont beaucoup à apporter à la communauté de l’UdeM, et à plus grande échelle au Québec.
Alors que certaines universités mettent au point des stratégies pour contrer les pertes économiques qu’engendre la diminution du nombre d’étudiant·e·s internationaux·ales, à l’image de la fermeture des programmes d’échange d’un an à l’Université de Waterloo, en Ontario, les finances de l’UdeM n’exigent pas une telle mesure d’urgence. L’UdeM étant un établissement francophone et québécois, Mme O’Meara précise que « le gouvernement compensera les coûts par une augmentation des frais de scolarité pour les Canadiens anglophones venant d’autres provinces ».De plus, la majorité des étudiant·e·s internationaux·ales de l’UdeM viennent de France et de Belgique, des pays avec lesquels le Québec a des accords leur permettant de venir étudier à des tarifs avantageux. Pour les étudiant·e·s marocain·e·s, certain·e·s sont exempté·e·s d’une partie des frais de scolarité. « Pour l’instant, il n’y a pas de réflexion comme dans d’autres universités, indique Mme O’Meara. On est confiant qu’on va pouvoir arriver à continuer l’offre qu’on a en termes de mobilité. »
Combien coûtent des études selon le pays d’origine ?
Les étudiant·e·s français·e·s et belges francophones bénéficient de tarifs particuliers en vertu d’accords entre le Gouvernement du Québec et le Gouvernement de la République Française (2015) et le Gouvernement de la Communauté française de Belgique (2018). Au premier cycle, ils paient les mêmes droits de scolarité que les étudiant·e·s canadien·ne·s non résident·e·s du Québec. Au deuxième et troisième cycle, ils bénéficient des droits de scolarité applicables aux étudiant·e·s hors Québec.
Les étudiant·e·s marocain·e·s peuvent également être exempté·e·s d’une partie des droits de scolarité normalement exigibles, en vertu d’une entente bilatérale entre le Québec et le Maroc.
L’UdeM estime, en outre, que l’acheminement de 15 crédits pour les étudiant·e·s internationaux·ales de 1er cycle s’ 14 363,85$, contre 10 893,15$ pour ceux de deuxième cycle et 9119,85$ ceux de troisième cycle.
D’autres particularités tarifaires peuvent s’appliquer selon d’autres pays d’origine qui doivent se vérifier au cas par cas avec le personnel du Bureau du registraire. Une situation de handicap peut aussi influencer la facture des frais de scolarité.
Source : Bureau du registraire de l’UdeM.