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Un diplômé de l’UdeM à l’Independant Games Festival

Fraîchement diplômé du D.É.S.S. en design de jeux de l’Université de Montréal, Richard E. Flanagan lance sa carrière d’une belle manière. Son jeu, FRACT, a été sélectionné dans la catégorie estudiantine de l’Independent Games Festival (IGF). L’IGF est au jeu vidéo ce que le Sundance est au cinéma : un tremplin pour ceux qui n’ont pas encore intégré de grosses écuries. Cette compétition internationale – qui l’opposera à sept projets américains, anglais et allemands – aura lieu du 28 février au 4 mars à San Francisco.

Petites lunettes à monture fine, barbe abondante, Richard E. Flanagan ressemble à l’idée que l’on se fait du concepteur de jeux vidéo. Contacté via Skype, le jeune homme répond de son iPhone, à bout de bras. La scène est amusante, presque caricaturale. Et pour cause : du haut de ses presque trente ans, Richard E. Flanagan n’est pas nouveau dans le monde de l’informatique. Diplômé en New Media (Sheridan College, Oakville, Ontario) et en Design (NSCAD University, Halifax, Nouvelle-Écosse) il a longtemps travaillé dans la conception de sites Web et d’imprimés.

Un D.É.S.S. moins technique

Pourtant, le jeu vidéo a toujours été dans un coin de son esprit. Il confie d’ailleurs qu’il pensait à l’origine intégrer une autre formation du Campus Ubisoft [voir encadré : Campus Ubisoft]. C’est sa femme qui lui trouvera finalement le D.É.S.S. de l’UdeM. Bien lui en a pris : les cours dispensés y sont selon lui «moins technique », l’approche, plus « globale ».

Le propos est partagé par Louis-Martin Guay, professeur adjoint à l’École de design industriel et responsable de la formation. « L’enseignement collégial [dispensé dans d’autres pôles du Campus Ubisoft] forme des techniciens. À l’UdeM, on a un diplôme de second cycle, les problématiques abordées sont plus complexes. Concrètement, on délaisse un peu le contrôle de machinerie pour s’attaquer aux concepts fondamentaux du design, sans apprentissage de logiciel. »

Le D.É.S.S. a pour vocation de former des designers prêts à affronter l’industrie du jeu vidéo : des « débrouillards capables de fonctionner rapidement seuls », toujours selon le responsable de la formation. Et tant pis si celle-ci, créée en 2006, est encore un peu méconnue du grand public : elle s’adresse à une clientèle spécifique, à des élèves qui ont des besoins précis en design.

Louis-Martin Guay reprend : «Nous avons un bassin de candidats de qualité et nous arrivons à bien remplir nos classes. Chaque année, nous acceptons 15 personnes pour une soixantaine de candidatures. Il ne faudrait pas que ça change. Si l’on formait trop de monde, on dévaluerait le diplôme. »

Richard E. Flanagan

Pour ses cinq premières années d’existence, le D.É.S.S. peut se targuer d’afficher un taux de placement de 75 % de ses étudiants, dont 65 % directement dans le domaine étudié (design de jeux). Les 10 % restants trouvent leur place dans des domaines connexes tels que la programmation, le design d’affiche ou la gestion de projet. Par ailleurs, quatre finissants se sont déjà lancés, comme Richard E. Flanagan, dans une aventure indépendante.

Peaufiner son bébé

Largement sollicité depuis sa nomination à l’IGF, Richard E. Flanagan admet cependant qu’il n’a reçu aucune offre d’emploi sérieuse. Un mal pour un bien? Probablement, car le développeur compte peaufiner son bébé, pas encore tout à fait abouti selon lui. FRACT reste sa seule entreprise vidéo ludique entièrement personnelle et il compte bien aller au bout de son projet.

Cette épopée solitaire a déjà duré plus de six mois et, pour perfectionner le développement de son jeu, tout est désormais question de moyens financiers.

L’argent est le nerf de la guerre, et ce ne sont pas les 500 dollars qu’il a reçus de l’IGF qui vont lui permettre d’aller bien loin. Mais sa présence à San Francisco lui permettra peutêtre de rencontrer l’investisseur prodigue : en guise de cadeau de sélection, Richard E. Flanagan s’est aussi vu attribuer gratuitement un stand dans l’enceinte du festival. À lui de séduire les pontes de l’industrie, comme il a su le faire avec le jury qui l’a envoyé en Californie.

Le campus Ubisoft

Le Campus Ubisoft est constitué de plusieurs programmes d’études. Ces derniers sont destinés à former la future main-d’oeuvre du géant f rançai s du jeu v idéo. Plusieurs niveaux de formation sont proposés sur différents sites. Trois cégeps (Matane, Vieux-Montréal et Collège Dawson) proposent des apprentissages techniques ; programmes en jeu vidéo, animation 3D, modélisation 3D, conception et réal isat ion de niveau de jeu. L’Université Sherbrooke et l’UdeM dispensent quant à elles des formations de second cycle, respectivement en développement et en design de jeux.

FRACT au banc d’essai

Tout démarre dans une géode. Face à vous, un mécanisme. Au plafond, des séquences : à vous de les reproduire pour faire exploser votre cellule. Un monde constitué de formes géométriques abstraites se dévoile alors à l’infini.

Trouvez votre chemin, faites apparaître des plateformes et relancez des machines aux fonctionnements oubliés pour débloquer les rouages de cet univers électromusical. Le jeu fonctionne à la manière du classique Myst : votre seul ennemi, c’est vous-même et votre capacité à résoudre les énigmes qui jonchent votre parcours.

Louis-Martin Guay (responsable du D.É.S.S de design en jeux de l’Université de Montréal) juge le jeu intéressant : «le concept est mûri et a mené à de belles trouvailles». L’avis est partagé par Jean-Sébastien Comeau (étudiant au Barreau) : «L’univers est léché, la musique est oppressante et l’ambiance quasi apocalyptique.» Un seul regret pour ce néophyte autoproclamé : «Il ne se passe pas grand-chose dans le fond. Il faut juste faire son chemin et résoudre des énigmes.»

Le mot de la fin revient à Benjamin Faillard, étudiant au certificat en journalisme, qui a eu des difficultés à s’orienter. «15 minutes sur le début du jeu… je n’ai rien compris !», affirme le néophyte. Profanes, vous voici maintenant prévenus. FRACT s’adresse aux gamers assidus ou aux amateurs du genre !

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