En moins de deux ans, l’équipe de rugby de l’UdeM s’est hissée parmi les meilleures équipes
universitaires. Pourtant, elle n’est pas dûment reconnue par l’Université. Les choses pourraient
toutefois changer pour cette équipe, et pour bien d’autres, avec le projet de politique globale
du sport, déposée en décembre au conseil d’administration du CEPSUM.
Freddy Noumeyi travaille
depuis maintenant un an et
demi à mettre sur pied
l’équipe de rugby. Et ça rapporte. Sur
les cinq matchs de la saison, ses
joueurs ont remporté quatre victoires.
Leur plus grand succès ? « Le
match gagné contre les Redmen de
McGill, une équipe contre laquelle
aucune université francophone ne
s’était imposée depuis 30 ans »,
annonce fièrement M. Noumeyi.
Actuellement, l’équipe de rugby fait
partie des Spartacus, une fédération
sportive qui regroupe des clubs
sportifs non reconnus par les
Carabins. Mais elle souhaite intégrer
les Carabins. La directrice des
programmes sportifs des Carabins,
Manon Simard, nuance toutefois les
espoirs des joueurs de rugby: « Il
n’y aura pas d’ajout aux équipes
des Carabins pour les prochaines
années. » Elle ajoute que la politique
globale du sport, déposée en
décembre au conseil d’administration
du CEPSUM, permettrait la
création de clubs sportifs à l’intérieur
des Carabins : « Pour l’instant,
au CEPSUM, il n’y a rien
entre les services aux étudiants et
le soutien aux équipes sportives
officielles. » Ceux-ci pourraient
ainsi bénéficier de l’expertise du
CEPSUM en matière de logistique.
« Lorsqu’on envoie une équipe en
compétition, il faut penser au
logo, à l’uniforme, au financement.
Ça demande du temps et de
l’énergie », dit Mme Simard.
Pas pour tout de suite
Du même souffle, Manon Simard dit
qu’elle ne sait pas quand les Carabins
pourront accueillir des clubs sportifs
comme l’équipe de rugby. « La politique
a été très bien accueillie par
les membres du conseil d’administration,
mais passer de la parole
aux actes, c’est une autre histoire.
Ça va prendre des ressources. »
Elle dit aussi que le projet lui tient
beaucoup à coeur. « Il faut le faire !
On n’a pas travaillé si fort pour
rien. Et puis pour le sentiment
d’appartenance et le dynamisme
de la vie étudiante, c’est très enrichissant
pour les étudiants et
l’Université. »
Dynamisme étudiant
Il y a tout un chemin parcouru
depuis les débuts de l’équipe de
rugby, alors qu’elle ne comptait que
six joueurs. Aujourd’hui, 65 athlètes,
étudiants à HEC Montréal, à la
Polytechnique et à l’UdeM, s’entraînent
deux fois par semaine au parc
Kent.
Freddy Noumeyi a aussi mis en
place un réseau de recrutement.
Plusieurs centres d’entraînement
ont été implantés dans différents
lieux stratégiques comme les
Cégeps de Laval et de Trois-Rivières.
« Ce sont des joueurs francophones.
Quand ils vont aller à
l’université, ils vont se tourner
vers l’UdeM, d’où l’utilité de les
former maintenant », explique
M. Noumeyi.
Manon Simard soutient qu’elle
«entend de bonnes choses » du
côté de l’équipe de rugby. C’est
d’ailleurs pourquoi elle tient
autant à la politique globale du
sport. « Si une année, un groupe
d’une dizaine de personnes très
motivées met en place quelque
chose, il y a toujours le risque
que ces étudiants terminent
leurs études ou qu’ils s’y désintéressent.
On veut assurer une
continuité aux projets des étudiants.
»
Situation difficile
En attendant d’être accueillie par
les Carabins, l’équipe de rugby doit
se débrouiller comme elle peut.
« On fonctionne avec un budget
de 4000 $. Chaque joueur paye
100 $ par session, résume M.
Noumeyi. Il s’agit essentiellement
de frais de déplacement, d’achats
d’équipements et de locations de
salles d’entrainement. »
Les joueurs n’ont pas un accès libre
aux salles d’entraînement du CEPSUM.
L’équipe doit donc payer pour
que ses joueurs puissent s’entraîner
dans des infrastructures adaptées.
Les entraîneurs travaillent quant à
eux de façon purement bénévole. En
devenant Carabins, l’équipe de rugby
bénéficierait du soutien administratif
de l’UdeM. Un enjeu important selon
M. Noumeyi : « Si l’équipe est reconnue
comme Carabins, cela lui permettra
de faire appel à du financement
pour recueillir des fonds.»
« Ce n’est pas fini, tant que ce
n’est pas fini », disait l’ineffable
Yogi Berra, gérant des Yankees de
New York. Il y a toujours de l’espoir
et la balle est maintenant dans le
camp du conseil d’administration
du CEPSUM.
Charles Lecavalier et Laure Martin Le Mével