Volume 18

La Mecque des riches

Même si de nombreuses personnes crient à l’embourgeoisement de La Mecque, l’Arabie Saoudite retape sa Ville sainte pour accueillir un nombre croissant de pèlerins musulmans, qui sont une manne pour son économie au même titre que le pétrole.

En 2010, La Mecque a accueilli cinq millions de pèlerins, dont 1,8 million d’étrangers provenant de 181 pays. C’est une hausse de 20,5 % par rapport à l’année précédente selon les autorités saoudiennes. À ce rythme, LaMecque pourrait accueillir 20 millions de pèlerins en 2020, d’après une étude de la Saudi British Bank. Des chaînes hôtelières, des constructeurs et le gouvernement investiront au total 26,78 millions de dollars dans la construction d’au moins 130 tours d’hôtel ou de résidences de luxe autour de la Grande Mosquée où se réunissent les pèlerins musulmans. Depuis 2003, le prix du mètre carré est passé de 42,59 $ à 133900 $. Une nuitée dans une suite peut coûter jusqu’à 16650 $. La capacité d’accueil de l’aéroport de Jeddah, quant à elle, passera de quinze à trente millions de voyageurs en 2012.

Étant donné le taux de croissance annuel de 1,7 % de la population musulmane mondiale, le gouvernement saoudien y voit une occasion pour réduire la dépendance de son économie nationale envers le pétrole. Or, plusieurs craignent que le patrimoine culturel de la ville soit détruit et que toute cette richesse aille à l’encontre de l’égalité des pèlerins à La Mecque. Par exemple, le journaliste Mahmoud Sabbagh constate avec tristesse la «manhattanisation» de la Ville sainte, tandis que des dignitaires religieux font le pari que ce renouveau architectural permettra d’attirer davantage de pèlerins. Encore faudrait-il que ces derniers soient pleins aux as.

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