Catherine, appelons-la ainsi, est une jolie brunette. Très jolie, en fait. Elle a un visage angélique et des yeux rieurs. À sa demande, nous nous limiterons à ces détails, car vous pourriez bien la croiser. Malgré ses airs de douce jeune fille que votre mère aimerait avoir comme bru, Catherine est une croqueuse d’hommes. Et un jour, jeune étudiante à l’UQAM, elle a décidé de séduire son chargé de cours. Parce qu’il lui plaisait, bien sûr. Mais aussi un peu «par défi».
Plantons le décor. Catherine a alors 23 ans. Lui, appelons-le François, avait 37 ans. Il enseignait dans un domaine artistique et le groupe de Catherine se composait d’une poignée d’étudiants. Il y avait de nombreux exercices pratiques, parfois seul avec lui. «La tension sexuelle entre lui et moi était palpable dès le début, dit Catherine. Je pense que les autres élèves l’avaient remarqué. » D’ailleurs, elle croit bien que d’autres étudiantes avaient aussi jeté leur dévolu sur François, ce qui ne semblait pas lui déplaire. « La rumeur veut qu’il ait couché avec une nouvelle étudiante à chacune des trois années où il a été là.»
Ce n’est pas que François ait été plus beau que la moyenne. «Mais il y a quelque chose de très attirant chez un homme placé à l’avant d’une classe, explique Catherine. Les professeurs ou les chargés de cours sont des hommes brillants mis sur un piédestal. C’est un peu le syndrome de la groupie devant une rock star. Ça dégage quelque chose de super excitant.»
Faire durer le désir
Il faut dire que Catherine n’en était pas à sa première tentative pour séduire un professeur. Déjà au cégep, elle usait de ses charmes pour aguicher, du haut de ses 17 ans, un professeur de littérature qui faisait le double de son âge. Tel un personnage de la série Californication, elle laissait des remarques salaces au bas de ses travaux. «J’aimerais savoir de quelle couleur sont tes yeux quand tu jouis », a-t-elle écrit une fois. «C’était terriblement maladroit», convient-elle. Mais l’homme, marié, n’a jamais flanché. Sauf pour une caresse un peu trop attendrie sur le poignet blessé de la demoiselle, une fois, après un accident sportif.
De retour à l’UQAM. Pendant une session entière, Catherine et François ont tourné autour du pot. Elle le voulait, il le savait. Rapidement, ils ont commencé à manger ensemble dans un restaurant de l’UQAM après les cours, deux fois par semaine. «Les professeurs et les élèves nous voyaient, dit Catherine. Tout le monde s’en doutait. On ne s’en cachait pas. » Le tout a culminé dans un cours pratique où elle travaillait seule avec lui. «La tension était à son comble, dit Catherine. J’ai oublié mon gant en sortant du cours et j’ai dû remonter le chercher. Quand je suis arrivée, il était avec un ami. Une chance, sinon cette fois je sais qu’on n’aurait pas pu se retenir.»
Pour Catherine, il était essentiel de terminer la session avant de «consommer», comme elle le dit. Tout d’abord, elle ne souhaitait pas nuire à sa carrière, bien que François n’ait jamais démontré de scrupules. Ensuite, pour obtenir sa note sans contrepartie. Elle lui en a fait part un soir où ils dansaient des slows dans un bar de la métropole. Plus aucun doute ne pesait sur ses intentions.
Amour et conséquence
Nul besoin de dire que Catherine a obtenu la meilleure note de la classe. «Mais je crois sincèrement que je la méritais, dit-elle. J’ai travaillé fort, parce que j’aimais le cours et parce que je voulais l’impressionner. Au fond, n’est-ce pas toujours ça, la séduction? Vouloir impressionner, que ce soit une fille dans un bar ou un prof dans la classe.»
Par la suite, ils se sont fréquentés pendant environ deux années. « J’aimais beaucoup nos conversations, c’est un homme intelligent, mais je ne suis jamais tombée amoureuse », dit Catherine. Il la relance encore parfois, affirme-t-elle, bien qu’il soit en couple. Conséquence directe ou non, la charge de cours de François n’a jamais été renouvelée.« Je crois que des filles se sont plaintes, dit Catherine. Il portait peut-être un peu trop attention à deux ou trois jolies filles du cours, au détriment des autres étudiants. »
Aujourd’hui, Catherine affirme avoir perdu son «complexe de groupie». Mais, il y a quelques années, elle a de nouveau fréquenté un chargé de cours, un homme de son âge cette fois et qui n’était pas son enseignant. Lors d’une visite dans son cours, elle a eu un petit flashback. «Je voyais des filles qui se tortillaient sur leur chaise en regardant mon copain. Je crois bien que je ne suis pas la seule à aimer les profs!»