Culture

Par-delà les livres

Quand la littérature influence nos métiers

L’essai collectif Par-delà les livres : l’empreinte du littéraire sur nos métiers est sorti il y a un an aux éditions Poètes de Brousse. Sous la direction du philosophe de l’éducation Normand Baillargeon, il regroupe 13 textes qui témoignent des nombreuses influences de la littérature sur des métiers éloignés de celle-ci.

Que ce soit en raison d’une mauvaise expérience avec les cours de français ou du choix des œuvres au programme, certaines personnes peuvent être tentées de se dire qu’une fois leurs études terminées, elles ne retoucheront plus jamais à un livre.

Lire Le Rouge et le Noir de Stendhal ou Les Misérables de Victor Hugo et en tirer autre chose que la tâche ingrate d’obtenir une bonne note à un examen n’est pas à la portée de tout le monde. Expliquer en quoi la littérature peut enrichir l’imagination et la culture générale est parfois complexe.

Dès l’introduction de son essai, Normand Baillargeon révèle être convaincu « qu’on peut apprendre beaucoup de la littérature, et que nombre de ses enseignements sont précieux, tant pour les individus qui les possèdent que pour la collectivité qui les réunit » (p.8).

Du journalisme à la psychiatrie en passant par l’histoire, la finance et la musique, le directeur du collectif a rassemblé des personnes de professions variées. Chacune expose en détail ce que la littérature leur a appris et comment elle leur a été utile, éclairante et importante tant dans leur vie personnelle que professionnelle.

Les enseignements de la littérature

La journaliste Josée Boileau avoue mieux comprendre certaines réalités grâce à la lecture. Elle donne en exemple Shanghai 2040 de Jean-Louis Roy, qui lui a permis de mieux appréhender les fondements de la puissance chinoise. Contrairement à son métier, qui exige d’aller vite et à l’essentiel, elle estime que les romans l’obligent à « oublier que les minutes filent » (p.42).

Pour sa part, l’avocate et ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal Julie Latour affirme que les romans et les essais sont un refuge et un trésor. « Lire, c’est à la fois se recueillir et s’absenter de soi, se questionner tout autant que trouver des réponses », précise-t-elle (p.74).

Pour elle, la volonté commune de chercher à comprendre l’humain dans son rapport à lui-même et au monde qui l’entoure est ce qui réunit le droit et la littérature. Elle mentionne notamment les ouvrages Condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt, Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino et L’homme sans qualités de Robert Musi pour illustrer son propos.

La comptable Chantal Santerre explique quant à elle que la littérature l’aide à mieux appréhender des gens avec lesquels elle fait affaire dans son quotidien. Elle ajoute que Looking backward d’Edward Bellamy lui a permis, entre autres, de cerner la neutralité de la comptabilité.

De son côté, le professeur honoraire de HEC Montréal Thierry Pauchant précise avoir mis à son programme certains auteurs classiques de la littérature. Grâce aux œuvres d’Arthur Miller, de Jonathan Swift, ou même d’Émile Zola, les étudiant·e·s lui confient apprendre plus simplement et de manière différente des termes et principes liés à l’économie et au commerce.

Le chapitre dédié au phénomène des livres sur la croissance personnelle est particulièrement marquant. La professeure titulaire au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal Sonia Lupien y partage les résultats de sa recherche, dont le but est d’expliquer l’engouement pour cette forme de la littérature qui ne date pas d’hier.

Pour finir, Normand Baillargeon signe lui-même un chapitre de l’ouvrage, qu’il dédie à la relation étroite entre la littérature et la philosophie. Il met également en lumière le fait que la littérature est importante pour se forger une connaissance générale, puisque certains ouvrages demandent un bagage littéraire afin d’en saisir toutes les références.

Que ce soit pour mieux se découvrir soi-même, voir les choses d’une manière unique ou élargir sa connaissance générale, cet essai collectif démontre comment la littérature peut être plus qu’une corvée ou une distraction temporaire.

Tout le monde ne s’attaque pas forcément à des livres de 800 pages, et seule compte la lecture de sujets qui interpellent pour, par la suite, comprendre ce qu’elle permet de tirer comme enseignement.

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