Culture

N’essuie jamais tes larmes sans gants, adapté pour la scène par Véronique Coté et mis en scène Alexandre Fecteau, a été présenté à Québec au printemps 2023 et à Montréal en décembre dernier. crédit : Stéphane Bourgeois

Les arts pour mémoire

« Raconter est une sorte de devoir. Une manière d’honorer, de pleurer, de se souvenir. Une manière de mener la lutte de la mémoire contre l’oubli », écrit Jonas Gardel dans les premières pages de son roman.

L’auteur raconte ainsi la progression des premiers stigmates du sida, visibles sur les corps qui s’affaiblissent et souffrent. Par l’entremise du récit des premières funérailles et de celles qui suivront, il fait comprendre qu’en Suède comme ailleurs, au milieu des années 1980, être séropositif était synonyme de mort, dans le silence et dans la honte.

Parsemée de faits historiques sur les luttes gaies de l’époque, l’histoire appelle les lecteurs à se souvenir du chemin parcouru. Ce voyage dans le temps rempli d’émotions laisse son empreinte après sa lecture, au regard des discriminations sociales toujours à l’œuvre dans l’actualité.

Un récit adapté au théâtre

N’essuie jamais tes larmes sans gants, adapté pour la scène par Véronique Coté et mis en scène Alexandre Fecteau, a été présenté à Québec au printemps 2023 et à Montréal en décembre dernier. Quartier Libre a ainsi assisté à l’une des représentations au théâtre Duceppe. Durant ce spectacle d’une durée de 3 h 30, les personnages se déplacent dans un décor de blocs rectangulaires mobiles, qui représentent tantôt des estrades, tantôt des pierres tombales. À l’arrière de la scène, un orchestre de quatre musiciens les accompagne dans leurs récits.

Mike, l’un des spectateurs que Quartier Libre a rencontrés, confie avoir beaucoup apprécié cette présence musicale, qui a soutenu la traversée des émotions qu’il a ressenties pendant le spectacle. Il ajoute que voir des artistes aborder des sujets qui le touche, tels que la discrimination et le rejet familial, lui a permis « de se sentir moins seul, parce qu’on y aborde aussi l’amitié, le soutien. »
« J’ai trouvé ça très touchant, témoigne Matthieu, un autre spectateur. Il y a de l’humour et de l’amour aussi. C’est nuancé. On y parle d’une période triste, bien sûr, mais c’est dramatique sans être sensationnaliste. »

Une lutte toujours d’actualité

La compagnie Le Trident, coproductrice du spectacle, a également créé un balado de quatre épisodes, qui proposent d’aborder la thématique du sida sous un regard actuel.
En effet, si la littérature et le théâtre entraînent dans la fiction, en 2024, dans la réalité, la lutte face au VIH n’est pas terminée.
La maladie est en effet encore bien présente et, en 2022, près de 39 millions de personnes vivaient avec le VIH, selon les données du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida.
En décembre 2023, Le Devoir rapportait que le nombre d’infections était passé de 141 en 2021 à 310 en 2022, des chiffres dévoilés par la Direction régionale de la santé publique de Montréal.

Aujourd’hui, au Québec, les personnes porteuses du virus peuvent bénéficier de traitements afin de ne pas développer de symptômes de la maladie et de ne pas la transmettre. « Ce n’est pas parce que la maladie ne tue plus et qu’elle est devenue une maladie chronique qu’il faut qu’on arrête de faire de la prévention », explique le médecin Réjean Thomas dans Le Devoir.
Aujourd’hui encore, l’information, la prévention et la déstigmatisation demeurent au cœur de la lutte contre le VIH.

Le roman N’essuie jamais de larmes sans gants, aux Éditions Alto (24,95 $) est disponible en librairie et en bibliothèque.

Le Théâtre du Trident, qui a coproduit la pièce, propose également un balado :

https://www.letrident.com/balados/saisons/2022-2023/

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