Campus

Éolie Delisle (gauche), Tomas Cordoba (centre) et le docteur André Denault (droite), lors de la formation sur l’échographie

Nouvelle corde à l’arc des étudiant·e·s en médecine

Quartier Libre (Q. L.) : Qu’est-ce qui t’a poussé à mettre sur pied un tel comité ?

Éolie Delisle, cofondatrice du Comité d’enseignement par les pairs (CEPP)

Éolie Delisle (É. D.) : Quand j’ai commencé mes stages en médecine, j’ai réalisé que notre métier s’apprend réellement parla transmission des connaissances sur le terrain. On a un cursus théorique bien rempli en médecine ! Avec des amis, on trouvait que c’était une bonne idée de créer un groupe d’intérêt permettant aux étudiants d’avoir accès à des formations supplémentaires pour ce qui est des aspects techniques et pratiques avant l’entrée en stage.

Q. L. : Quelle est l’utilité de s’exercer avant l’entrée en stage ?

É. D. : Les deux ou trois premières années en médecine, on fait ce qu’on appelle la « préclinique ». C’est la période au cours de laquelle on se trouve sur les bancs d’école. Durant cette période, on fait un peu de pratique, mais pas de manière aussi poussée que lorsqu’on arrive à l’externat. La technique, on l’apprend surtout sur le terrain grâce à nos stages. L’externat est le moment charnière des études en médecine, parce que c’est là que tout se joue : tu es évalué pour déterminer où tu effectueras ta résidence. Il faut performer ! La mentalité de performance est vraiment présente en médecine. Ça peut créer de l’anxiété chez les étudiants et la peur de ne pas être assez bon. On voulait créer un comité d’enseignement pour leur donner plus de confiance et la motivation de s’améliorer.

Q. L. : Pourquoi préconiser une approche d’enseignement par les pairs plutôt que de se limiter à l’apprentissage auprès de professeurs ou de médecins ?

É. D. : L’enseignement par les pairs est bénéfique pour plusieurs raisons. C’est plus collégial comme approche, faisant en sorte que les étudiants craignent moins de poser des questions. C’est aussi bénéfique pour les étudiants qui enseignent. Ceux qui sont bénévoles [membres du comité] sont en train de préparer leur futur en tant que professionnels de la santé, et ils auront à transmettre leurs connaissances à des résidents et des étudiants. Ça nous permet aussi de tester notre compréhension de la matière. Si je suis capable de bien expliquer un concept, c’est qu’habituellement, je l’ai bien compris.

 

                             Qu’est-ce que le CEPP ?                  

Cocréé en 2022 par Tomas Cordoba et Éolie Delisle, finissant·e·s en médecine, le CEPP se compose de 15 membres étudiant·e·s-formateurs·rices qui offrent des ateliers complémentaires au programme de médecine.

 

Tomas Cordoba, cofondateur du CEPP, lors du bootcamp chirurgical

Q. L. : Et comment avez-vous amorcé le projet ? Quel atelier avez-vous d’abord mis sur pied ?

É. D. : L’échographie, de nos jours, c’est comme un deuxième stéthoscope ! Ça nous permet vraiment d’avoir un portrait global de la situation d’un patient. Nos formations ont donc été initiées par un désir chez les étudiants de pratiquer la prise d’échographie.

Après avoir suivi un cours sur le sujet, j’ai parlé avec le docteur André Denault, anesthésiste à l’Institut de cardiologie [de Montréal]. Il est très sympathique, adore l’enseignement, et c’est vraiment un pro de l’échographie au Québec ! On l’a donc approché pour lui demander s’il était intéressé pour nous aider à donner plus de formation sur le sujet. L’Institut de cardiologie nous a prêté gratuitement son centre de simulation. Nous avions donc accès à des mannequins et à des machines.

Q. L. : Comment avez-vous monté une telle formation ? Comment s’est-elle déroulée ?

É. D. : Tomas [Cordoba], le cofondateur, et moi avons été formés par le docteur Denault et avons décidé de la matière que nous allions enseigner. Après, nous avons sélectionné 15 étudiants de première ou de deuxième année de médecine qui avaient manifesté un intérêt en enseignement ainsi qu’en échographie, et les avons à leur tour formés. Nous avons ensuite offert plus de 18 ateliers à des étudiants de trois universités québécoises : l’Université Laval, l’Université Sherbrooke et l’Université de Montréal. Ça s’est très bien passé et les étudiants étaient vraiment contents !

Q. L. : Et à partir de là, comment le projet a-t-il évolué ?

É. D. : En parlant avec des amis qui souhaitent travailler à l’urgence, et ayant moi-même un intérêt pour la chirurgie, j’ai constaté qu’on ne s’est jamais entraîné à faire un plâtre. En collaboration avec le résident en orthopédie, le docteur Jérémie Thibault, on a donc donné une formation sur la façon d’en faire à l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal. Encore une fois, on a eu accès à tout gratuitement.

D’habitude, l’accès à un centre de simulation coûte vraiment cher. On est donc très choyé. Le but était de montrer aux étudiants comment faire une attelle plâtrée à l’avant-bras et à la jambe. Chaque étudiant pouvait faire deux plâtres et au total, ce sont 40 étudiants qui se sont inscrits à la formation.

Plus d’une quarantaine d’étudiant·e·s ont participé aux ateliers sur le moulage de plâtre et la réalisation d’atèles plâtrées.

 

Q. L. : Quel est le projet le plus récent du comité ? Quels sont les retours des étudiants de manière générale ?

É. D. : Lorsque j’ai commencé mon stage en chirurgie, je n’avais pas eu, par exemple, de cours sur le retrait ou l’installation des drains ou des sondes. J’ai donc décidé de créer un cours bootcamp (NDLR : d’entraînement) d’introduction à l’externat en chirurgie. C’était finalement une compilation de toutes les choses que j’aurais aimé entendre avant de commencer mon stage. Chapeautée par un chirurgien, la formation intensive a été donnée en une journée auprès de 21 étudiants faisant leur entrée à l’externat. Après le cours, nous leur avons distribué un sondage et nos résultats ont démontré que leur niveau de confiance et de motivation était significativement plus élevé. Ils se sentaient également plus à l’aise d’entrer en salle d’opération.

 

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