Projet Polytechnique

Le mercredi 6 décembre dernier, l’atmosphère était plus solennelle qu’à l’accoutumée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Pour cause : la pièce Projet Polytechnique, jouée en cette soirée de commémoration de la tuerie de Polytechnique Montréal, survenue 34 ans plus tôt jour pour jour.

DEVOIR DE MÉMOIRE 

Le TNM a fait salle comble et plusieurs personnes intimement liées à la tuerie du 6 décembre 1989 étaient présentes. La survivante de l’attentat et militante pour le contrôle des armes à feu Nathalie Provost, le frère et le cousin d’Anne-Marie Edward, l’une des 14 femmes tuées, et le responsable de l’opération policière à Polytechnique Montréal le jour du drame, Jacques Duchesneau, se trouvaient ainsi dans l’assemblée. Sans oublier le comédien et dramaturge Jean-Marc Dalphond, qui a cocréé et co-interprété Projet Polytechnique avec l’actrice Marie-Joanne Boucher.

La pièce aborde la question de la régulation des armes à feu au Canada ainsi que celle de la mouvance « incel » (mot-valise de l’anglais involuntary celibate), qui a fait de l’auteur de l’attentat de Polytechnique Montréal un « prophète ». Plus qu’une commémoration, elle était l’occasion de rappeler l’importance du devoir de mémoire que la société québécoise doit aux victimes de cet attentat. Pour ce faire, trois femmes ont pris la parole avant le début de la représentation : la directrice générale et artistique du TNM, Lorraine Pintal, la présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Sophie Larivière-Mantha, et la directrice artistique et cofondatrice de la compagnie Porte-Parole, Annabel Soutar.

« LE THÉÂTRE EST UN PHARE QUI NOUS ÉCLAIRE »

Trente-quatre ans après les faits, les femmes ont parcouru du chemin dans le monde de l’ingénierie. Le nombre d’ingénieures a ainsi quadruplé au Québec et, en 2022, Polytechnique Montréal a nommé pour la première fois une femme, Maude Cohen, à sa direction. Pourtant, les attentats par arme à feu se multiplient dans le monde, notamment dans les milieux scolaires et envers les femmes.

Projet Polytechnique ouvre une fenêtre sur la société qui a permis ce féminicide et sur les traces indélébiles que celui-ci a laissées. Le théâtre devient alors « un phare qui nous éclaire », selon les mots de la présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Comme chacune des productions de la compagnie Porte-Parole (J’aime Hydro, Rose et la machine…), la pièce suscite des questions, apporte des réponses et laisse au public l’espace pour entamer son propre travail de réflexion.