Campus

Les consultant·e·s en préparation mentale des Carabins ne font pas partie de l’Ordre des psychologues du Québec, contrairement aux psychologues spécialisé·e·s en sport. (Crédit: Juliette Diallo)

Préparation mentale : l’atout des Carabins

Depuis deux ans, l’UdeM propose un accompagnement en préparation mentale à toutes les équipes de Carabins. Ses architectes souhaitent le développer et le pérenniser.

« Malgré le talent et les capacités physiques, si le mental n’est pas optimal, cela amène une certaine limite », déclare la responsable de la performance mentale des Carabins, Sarah Brisson-Legault.

À la tête d’une équipe de six consultantes en préparation mentale, Mme Brisson-Legault supervise la préparation mentale des 23 équipes des Carabins. Elle est convaincue que ce domaine est incontournable pour atteindre un haut niveau en sport. Son expérience en tant qu’athlète, puis en tant que kinésiologue, lui a permis de comprendre l’importance de cette discipline, pourtant longtemps sous-estimée.

Le programme, qui alterne séances collectives et individuelles, a pour objectif de fournir le meilleur environnement possible pour l’épanouissement et le bien-être des étudiant·e·s-athlètes, tant sur le terrain que dans leur vie quotidienne.

Sarah-Brisson Legault est membre de l’Association canadienne de psychologie du sport, qui lui a décerné le Prix du jeune professionnel. (Crédit : James Hajjar)

Le directeur du sport d’excellence des Carabins, William Moylan, ainsi que la directrice générale, Manon Simard, ont souhaité s’attaquer au volet humain de cet encadrement. « Cela a été une des meilleures décisions que j’ai prises depuis que je suis chez les Carabins, confie M. Moylan. Elle a un impact assez monumental. »

Aujourd’hui, l’UdeM est un précurseur dans le domaine. Pour M. Moylan, il est important de garder une longueur d’avance, car ce n’est qu’une question de temps avant que toutes les équipes universitaires du Québec dis -posent de programmes similaires.

Qu’est-ce que la préparation mentale ?

La préparation mentale est « de la psychologie appliquée au sport », explique Mme Brisson Legault. Les préparateur·rice·s vont principalement travailler sur la confiance en soi, la concentration, la résilience et la gestion du stress. « La psychologie du sport relève de la science, elle se base sur les dernières études, on n’émet pas d’opinion, poursuit la préparatrice mentale. Cette psychologie varie en fonction du sport pratiqué par l’étudiant et de son passé, ce n’est pas forcément la même chose pour tout le monde. »

Elle estime que les étudiant·e·s sont « la clientèle parfaite » de par leur curiosité, leur maturité et leur motivation. Elle n’a jamais rencontré de personne complètement fermée à l’idée, même si certain·e·s athlètes mettent plus de temps que d’autres à voir les bénéfices des séances.

Plusieurs études et travaux sur la préparation mentale et la psychologie sportive mettent l’attention et la concentration comme points centraux du travail mental. « Une bonne préparation mentale, ce n’est pas de contrôler ses pensées, c’est incontrôlable, précise Mme Brisson-Legault. C’est plutôt de contrôler où on met notre attention, dans quelle pensée on met notre attention, quelle pensée on choisit d’entretenir. »

Devenir la meilleure version de soi-même

L’étudiant de troisième année au certificat de gestion d’entreprise Brandon Gourgon, receveur de l’équipe de football des Carabins, évoque un exercice qui l’aide à se préparer avant chaque match et même dans sa vie quotidienne : le 4-4-4. Le principe de celui-ci est de prendre une inspiration pendant quatre secondes, de la retenir quatre secondes, puis d’expirer pendant quatre secondes. Cette méthode l’amène à s’éclaircir les idées et se concentrer sur la partie. Elle est l’un des nombreux exercices proposés par l’équipe de préparation mentale qui sont régulièrement utilisés par les joueurs.

Bruno Lagacé remarque que lui et son équipe sont dans un meilleur état d’esprit en compétition. (Crédit : Juliette Diallo)

L’impact du programme se fait sentir sur le terrain, témoigne l’étudiant en administration à HEC Montréal, Bruno Lagacé, demi défensif chez les Carabins. « Quand il y a de l’adversité dans un match, on est maintenant meilleur qu’avant pour aller de l’avant et revenir dans la partie », relate-t-il. Le programme de préparation mentale a également aidé à faire évoluer le coaching. Les consultant·e·s en préparation mentale offrent un safe space aux athlètes et collaborent étroitement avec les entraîneur·euse·s pour mieux se coordonner quant aux besoins des Carabins. « Je suis extrêmement reconnaissant du service qu’on nous offre, ajoute Brandon Gourgon. À mes yeux, ils en font déjà beaucoup. »

Hors du terrain, les deux Carabins expriment que le programme les a aidés à changer leur perception des choses. « On apprend à prendre un stepback, à respirer, à analyser la situation au complet avant d’effectuer une action », détaille le receveur, qui a même utilisé ses acquis auprès de joueurs de cégep qu’il entraîne.

Pour M. Moylan, la préparation mentale fait office « de performance humaine » et sert à faire des joueurs de meilleures personnes. « La préparation mentale, c’est nécessaire, pas juste pour les étudiants-athlètes, mais de façon plus globale, assure-t-il. C’est ce dont on a besoin comme planète et comme société. »

À l’avenir…

Le défi reste de pérenniser le programme et de maintenir sur la durée le poste de responsable de la performance mentale et toute l’équipe de cette dernière. La source de financement est éphémère, l’objectif est donc de débloquer des fonds pour pouvoir renforcer la place des pré-parateur·ice·s mentales au sein de l’Université.

L’équipe en préparation mentale dispose de nombreuses ressources proposées par l’UdeM dont un programme universitaire qui forme de futur·e·s consultant·e·s en préparation mentale.

Certains des étudiant·e·s de celui-ci ont également pu intégrer l’équipe de Mme Brisson-Legault à titre de stagiaire pour mettre en pratique leurs connaissances. « C’est un programme bénéfique pour tout le monde »,assure M. Moylan. Les stagiaires peuvent rester en poste deux années tout au plus. Un mandat limité qui entraîne un roulement inévitable des effectifs.

La campagne de collecte de fonds et le soutien des donateur·rice·s permettraient de garantir et de maintenir les postes à temps plein sur le long terme. « C’est un service gratuit, c’est important de se rendre compte de la chance qu’on a et de ne pas prendre les choses pour acquises », rappelle le directeur du sport d’excellence des Carabins. L’objectif final pour lui serait de proposer une offre de services complète. Cela donnerait la possibilité d’intervenir dans d’autres sphères de la vie étudiante, telles que la gestion financière ou la préparation aux entretiens d’embauche.

Partager cet article